[Critique] MISSION : IMPOSSIBLE – PROTOCOLE FANTOME

CRITIQUES | 22 janvier 2012 | Aucun commentaire

Titre original : Mission : Impossible – Ghost Protocol

Rating: ★★★★½
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brad Bird
Distribution : Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg, Paula Patton, Michael Nyqvist, Vladimir Mashkov, Josh Holloway, Anil Kapoor…
Genre : Action
Date de sortie : 14 décembre 2011

Le Pitch :
Impliquée malgré elle dans l’attentat terroriste perpétré au Kremlin, l’agence Mission : Impossible est complètement discréditée. Désormais seuls, Ethan Hunt et ses agents doivent non seulement empêcher une nouvelle tentative d’attentat, mais aussi se blanchir…


La Critique :
L’agent Hunt (Tom Cruise) se réveille à l’hôpital. Il y a beaucoup de monde qui s’affaire et la télé est allumée. Une bombe vient d’exploser au Kremlin. Ethan Hunt était sur place, impliqué malgré lui, avec son équipe. Normalement familier des us et coutumes de la langue de Lenine, Hunt émerge et ne pige pas tout de suite ce qu’il se dit. A l’écran, les sous-titres sont en russes, avant de s’afficher à nouveau en français, au fur et à mesure que le héros reprend conscience… C’est anodin (en fait pas du tout) et la majorité des spectateurs n’y feront peut-être pas attention. Pourtant, c’est à ce genre de détail que l’on voit à quel point Brad Bird est un cinéaste pointilleux. Une caractéristique qui transparait dans la totalité du long-métrage et qui contribue à la réussite éblouissante de l’ensemble.

C’est la première fois que Brad Bird se retrouve aux commandes d’un film live. Réalisateur des excellents Le Géant de Fer, Les Indestructibles et Ratatouille, Bird déboule au volant d’un film de studio, à gros budget, co-produit par sa star et régit par un certain nombres de codes. A sa place, beaucoup se seraient pris les pieds dans le tapis. La pression est ici écrasante. Film de la réconciliation entre Cruise et la Paramount (brouillés suite aux multiples pétages de plombs et autres performances télévisuelles frénétiques de Cruise), M : I 4 est pour l’acteur, l’occasion de revenir sur le devant de la scène, et de faire oublier les échecs de Valkyrie et de Night and Day…

Au final, Mission : Impossible 4 apparait bel et bien comme le film le plus impressionnant de l’année. Visuellement, le pari est gagné. Haut la main. Brad Bird réussit en live, ce qu’il faisait si bien en animation. Le film est une succession de morceaux de bravoure hallucinants. La bande-annonce promettait de l’action, et bien voici de l’action. Extrêmement bien rythmé, le long-métrage explose les codes en vigueur, réalise l’impossible et en met plein les yeux (en IMAX, c’est tout simplement ahurissant). Tout commence dès la scène d’ouverture avec Josh Holloway (échappé de Lost) puis avec la suivante un modèle de découpage. Bird relève tous les défis, y compris les plus fous, comme lors de la séquence clé du Burj Khalifa (la plus haute tour du monde donc) qui restera gravée dans la pierre. Boulimique, le cinéaste ne recule devant aucune folie, se met volontairement dans des situations ultra casse-gueules et ressort gagnant, à chaque fois. Feu d’artifice sonore et visuel, le film offre quasiment une nouvelle définition au mot spectaculaire. De quoi placer la barre très haut pour ceux qui passeront après. Voilà qui est dit !

Mission : Impossible 4 ne serait-il donc qu’une énorme claque visuelle ? Que nenni ! Sous ses apparats de gros blockbuster virtuose (ce qui serait déjà pas si mal), le film de Brad Bird cache un scénario touffu. Un peu trop peut-être, mais ce n’est pas si grave. Car là aussi le détail fait mouche. Les temps ont changé. Les héros solitaires n’ont plus trop la côte. Seuls quelques irréductibles campent encore leurs positions (Steven Seagal avec le talent qu’on lui connait, James Bond… même Stallone a ses Expendables). Le parallèle avec Tom Cruise, star en quête de rédemption est évident. Dans le film, Hunt doit compter sur son équipe, assurer sa cohésion et se faire discret. Dans la réalité, Cruise cherche à squatter à nouveau les sommets du box office et doit faire profil bas.

L’autre bonne idée est d’avoir démystifié la technologie. Ici, elle est défaillante, elle lâche les hommes qui ne peuvent plus se reposer sur tout un arsenal high-tech pour mener à bien leur quête. En position de parias, les membres de l’agence Mission : Impossible se retrouvent livrés à eux-mêmes. Les temps changent et la volonté de revenir à une dimension plus humaine fait immédiatement mouche. Pas exempt de gadgets, le film se recentre un peu plus sur ses protagonistes et c’est tant mieux. Des protagonistes pour la plupart abimés, aux failles plus ou moins encombrantes, qui doivent composer les uns avec les autres, mais surtout avec eux-mêmes.

Tom Cruise ne fait pas exception à la règle. On peut dire ce qu’on voudra sur l’acteur, mais force est d’avouer qu’il demeure un comédien exceptionnel. Il le prouve encore ici, avec l’énergie qu’on lui connait. Affichant une forme éblouissante à 49 ans, Cruise impressionne. Par son implication physique, par son jeu et par son charisme, intact. Il porte le film, à la tête d’un casting efficace. De l’athlétique et sensible Paula Patton, au nouveau venu Jeremy Renner, en passant par l’excellent Simon Pegg, caution comique salvatrice mais pas que.
Si on peut alors déplorer une histoire un peu confuse et un méchant moins charismatique que celui du troisième volet (incarné par Philip Seymour Hoffman), Mission : Impossible 4 est bel et bien le film d’action de l’année. Un film d’action en phase avec son temps, qui raconte bien des choses en filigrane. L’œuvre d’un chirurgien de l’image, redoutable, impitoyable et en pleine possession de son art.

@ Gilles Rolland

MISSION: IMPOSSIBLE - GHOST PROTOCOL

Par Gilles Rolland le 22 janvier 2012

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