[Critique] MISSION : IMPOSSIBLE – ROGUE NATION

CRITIQUES | 12 août 2015 | 1 commentaire
Mission-Impossible-Rogue-Nation-poster

Titre original : Mission : Impossible – Rogue Nation

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Réalisateur : Christopher McQuarrie
Distribution : Tom Cruise, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Jeremy Renner, Sean Harris, Alec Baldwin, Simon McBurney, Tom Hollander…
Genre : Action/Thriller/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 12 août 2015

Le Pitch :
Les derniers faits d’armes de l’équipe Mission : Impossible l’ont placée dans le collimateur de la justice américaine, qui décide de voter sa dissolution. Isolés, ses membres doivent dans le même temps, faire face au Syndicat, une organisation secrète derrière de nombreux attentats à travers le Monde. Bien décidé à stopper les agissements de ce redoutable groupuscule, Ethan Hunt, qui est du reste recherché par la CIA, s’allie avec une agente britannique elle aussi révoquée. Ils seront bientôt rejoints par les autres membres de Mission : Impossible, qui prennent tous le risque d’agir en contradiction avec les ordres de leur hiérarchie afin d’anéantir le Syndicat…

La Critique :
Tom Cruise se doutait-il que la saga Mission : Impossible allait devenir son vaisseau amiral, quand, au début des années 90, il commença à entreprendre d’adapter la série culte des 60/70’s ? Rien n’est moins sûr. Tout allait bien pour lui à l’époque. Il était sur le toit du Monde. Depuis néanmoins, et même si il demeure l’une des dernières grandes stars de cinéma suffisamment bankable pour se permettre de porter à lui seul des projets, Tom Cruise a vu son statut trembler au sein d’une industrie qui n’a eu de cesse de changer. Si des films comme Oblivion, Night and Day, Jack Reacher ou Edge of Tomorrow n’ont pas non plus été des fours au box-office, ils n’ont pas rapporté autant qu’espéré. Au fil des années, alors que les revers se multipliaient pour celui qui voyait sa côte fléchir, les Mission : Impossible lui permettaient de redorer son blason et de repartir d’un coup d’un seul au sommet. Les épisodes se sont ainsi multipliés, rapportant à chaque fois suffisamment d’argent pour conférer à la star les pleins pouvoirs (il est toujours producteur de la saga). Le triomphe du cinquième volet vient confirmer cette tendance. Le public aime Tom Cruise, mais l’aime encore plus quand il se met en danger dans des œuvres percutantes populaires pour des cascades qu’il exécute sans filet. Du coup, cette fois-ci comme pour les volets précédents, ce sont les exploits de Cruise qui ont servi tout naturellement une promo massive. L’amateur de la saga sachant quant à lui qu’au fond, les Mission : Impossible ne se sont jamais résumés à une succession de trucs spectaculaires et pyrotechniques. Et encore une fois, Rogue Nation vient joyeusement confirmer la tendance. Seul concurrent vraiment sérieux du James Bond badass de Daniel Craig, Ethan Hunt est devenu l’un des personnages les plus populaires de la filmographie de Tom Cruise, et simultanément, c’est logique, l’un des préférés du public.
Alors on pourra dire ce qu’on voudra de Tom Cruise l’homme, là n’est pas le sujet. Le sujet c’est Tom Cruise, l’acteur. Celui qui ne fait jamais les choses à moitié et qui, depuis ses débuts, n’a jamais pris un rôle à la légère (pas même lorsqu’il joue les rock star dans le boiteux Rock Forever). Un des rares encore capables de refuser des rôles alimentaires pour ne se consacrer qu’à des projets en lesquels il croit dur comme fer, à l’image de Mission : Impossible.

 Mission-Impossible-Rogue-Nation-Simon-Pegg-Alec-Baldwin

Ici, à nouveau, celui qui ne semble pas vouloir vieillir arrive à nous surprendre. On a beau avoir vu les trailers une bonne vingtaine de fois depuis la mise en route de la promo, difficile de ne pas être impressionné par les exploits du bonhomme. Christopher McQuarrie, le réalisateur embauché par Cruise pour mettre en boite les nouvelles aventures d’Ethan Hunt et de ses amis, auparavant aux commandes Jack Reacher, a parfaitement compris les choses. C’est ainsi qu’il ouvre son long-métrage sur ce qui reste comme l’une des plus incroyables cascades vues sur un écran de cinéma. Un truc tellement énorme, réalisé sans effets-spéciaux (ou presque), à la fois réaliste mais au fond pas vraiment, qu’il est normal d’avoir peur quant à la suite des événements. En ¼ d’heure, McQuarrie fait mine de vider son chargeur et ne s’économise pas. On pensait que le clou de la bande-annonce serait aussi le clou du film. Pas du tout. Le trailer n’était là que pour nous mettre l’eau à bouche. Le film lui, entend nous porter une succession d’uppercuts en pleine tête pour au final nous laisser K.O. pour le compte. Parcouru par suffisamment de morceaux de bravoure pour nous prouver la supériorité du film face à ses concurrents direct (bon courage à Spectre pour se mettre au niveau), Mission : Impossible – Rogue Nation s’apparente à une incroyable et haletante enfilade de bastons, cascades, explosions et autres courses-poursuites. En la matière, on a rarement vu mieux, et plus généreux. Toujours au top, Tom Cruise saute sur les ailes d’un avion, dans un vortex d’eau, pilote une moto à tombeau ouvert sur des routes tortueuses, frappe, tire dans le tas et emporte la mise, grâce à un investissement total. En face, Rebecca Ferguson, la vraie révélation du film, donne le change, et piétine les codes sexistes que le long-métrage entend révoquer à chaque image. Quand la caméra se fixe sur les formes de l’actrice, c’est pour mieux, l’instant d’après, l’imposer en tant que double du héros. Avec ce personnage d’espionne agissant avec une sorte d’énergie (folle) du désespoir, le film rejette définitivement l’idée d’une love story, jadis quasi-obligatoire dans ce genre de récit, et remet les pendules à l’heure. Bien sûr, la promo ne s’est pas privée pour exploiter les courbes de Rebecca Ferguson, sur les posters ou dans le trailer, en la montrant par exemple de dos, lorsqu’elle sort d’une piscine. Le film s’en fout et d’ailleurs, le plan « fessiers » en question, a été enlevé du montage. On se concentre sur l’essentiel. Seule la mission compte. Là est la seule façon de coller de près à l’histoire et de construire une tension que seul un humour remarquablement dilué, viendra de temps en temps ponctuer. De cette façon seulement, le public pourra accrocher jusqu’à la dernier minute.

Rogue Nation est un chef-d’œuvre visuel. McQuarrie est un chirurgien de l’image. Son montage est précis et redoutable et son action, ô combien lisible. En permanence. Jamais il ne perd le fil et encourage sans cesse l’admiration. En pleine possession de ses moyens, il met en œuvre un dispositif imparable. Quand il faut faire parler la poudre mais aussi quand vient le temps de s’intéresser à l’intrigue. Les regards d’où naissent une tension exponentielle, McQuarrie en fait des armes pour prendre à la gorge, sans relâcher son étreinte. C’est là où le scénario prouve aussi sa valeur. Certes, l’histoire de Rogue Nation n’est pas des plus complexes, mais au fond, on le sait, dans ce genre de film, mieux vaut la simplicité à une fausse complexité nuisant bien souvent à l’impact que les images s’efforcent d’avoir. Dans la continuité de Protocole Fantôme, Rogue Nation fait d’Ethan Hunt et de ses camarades, des parias. Des soldats sans commandement, opposés à une force plus organisée, implantée à travers le monde. Christopher McQuarrie saisit au vol l’occasion de livrer un film âpre et sans concession, pour renouer peu à peu avec l’ambiance plus intimiste car focalisée sur la tension pure, au centre de la série télé. Le schéma narratif va carrément dans ce sens, en surprenant dans sa façon de disposer les grosses séquences d’action, allant même jusqu’à complètement bousculer les codes du genre.
Finalement, c’est là qu’est la plus grande force de Mission : Impossible – Rogue Nation : il sait surprendre. Imaginez un peu. En 2015 ! Pourtant, quoi de plus codé qu’un film d’espionnage, à plus forte raison quand il s’agit d’une adaptation d’un truc aussi culte que Mission : Impossible ? McQuarrie achève de donner sa singularité à la saga, en signant peut-être le meilleur du lot (on peut aussi le trouver aussi bon que Protocole Fantôme). En reliant les points, il fait le pont avec le premier épisode, de Brian De Palma et ressuscite un peu cet esprit plus intimiste. Celui qui caractérisait l’adaptation avant que celle-ci ne se fasse remarquer par ses coups-d’éclats pyrotechniques et ses cascades. Aidé par un casting hyper solide, où chacun sait parfaitement ce qu’il doit faire, le film ne trébuche jamais. À aucun moment et sur aucun point. Même concernant l’humour, on y revient, dont le formidable Simon Pegg se fait le vecteur principal, qui est non seulement drôle, mais aussi impeccablement bien calibré pour ne pas tomber dans la bouffonnerie. Rajoutez à cela un Jeremy Renner classieux, un Ving Rhames parfait et un méchant d’envergure, campé par le glacial Sean Harris, et pas de doute, vous êtes devant un classique instantané du genre.
Sa mission (et il l’a acceptée), était de nous en mettre plein les yeux, de narrer une vraie histoire, palpitante, nerveuse et pertinente. Leader né, sachant s’entourer, Tom Cruise a encore réussi où tant d’autres se plantent. Mission : Impossible – Rogue Nation se pose comme l’un des nouveaux modèles du genre. L’un des plus intelligent aussi. Un autre épisode est d’ailleurs prévu. Si personne ne failli, ils peuvent bien en faire 15 de plus…

@ Gilles Rolland

Mission-Impossible-Rogue-Nation-Tom-Cruise-Rebecca-FergussonCrédits photos : Paramount Pictures France

 

Par Gilles Rolland le 12 août 2015

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