[Critique] MOURIR PEUT ATTENDRE

CRITIQUES | 7 octobre 2021 | Aucun commentaire
Mourir-peut-attendre-007-poster

Titre original : No Time to Die

Rating: ★★★★★

Origines : Royaume-Uni/États-Unis

Réalisateur : Cary Joji Fukunaga

Distribution : Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Ben Wishaw, Ana de Armas, Rory Kinnear, Jeffrey Wright, Naomie Harris, Christoph Waltz…

Genre : Action/Thriller/Suite/Adaptation/Saga

Durée : 2h43

Date de sortie : 06 octobre 2021

Le Pitch :

James Bond profite de sa retraite loin de Londres. Un jour, son ami, l’agent de la CIA Felix Leiter vient lui demander son aide pour retrouver un scientifique responsable de la fabrication d’une arme biologique extrêmement dangereuse. L’ex agent secret de Sa Majesté va alors se retrouver dans le viseur d’un certain Safin, un ennemi particulièrement retors…

La Critique de Mourir peut attendre :

C’est après moult reports relatifs à la pandémie de Covid-19 que le nouveau James Bond nous parvient enfin. Un film attendu au tournant. Le 25ème de la saga et le dernier avec Daniel Craig dans le costume du mythique agent secret de Sa Majesté. Autant dire qu’après un Spectre certes ambitieux mais néanmoins un peu confus et un peu trop long pour son propre bien, l’erreur n’était pas permise…

Cette fois, c’est vraiment personnel

Sam Mendes a laissé la place de réalisateur à Cary Joji Fukunaga, qui pour rappel, s’est révélé au public grâce à son boulot sur la première saison de True Detective. Fukunaga donc, s’est ici un peu laissé aller, en étirant la durée du dernier Bond de Daniel Craig à plus de 2h40. De quoi encourager une certaine crainte. Surtout après Spectre et sa rythmique en dents de scie. Pourtant… Dès le début, le film surprend. Un temps rattaché à l’adaptation de Ça, Fukunaga nous gratifie d’une scène d’introduction pour le moins surprenante, qui flirte avec les codes du film d’horreur et ne met pas en scène James Bond. Une entrée en matière très efficace, qui permet au méchant en chef, incarné par Rami Malek, de se présenter et à la saga d’explorer des contrées nouvelles.

Rapidement néanmoins, les choses rentrent dans l’ordre, Bond fait son entrée et se retrouve au centre d’une autre introduction, plus classique certes mais incroyablement tendue et magnifiquement mise en scène. Une course-poursuite dans les rues d’un petit village italien, où Daniel Craig fait montre d’un investissement physique que ses 15 années dans la peau de Bond n’ont en aucun cas émoussé. Le ton est donné et finalement, à l’image de cette première partie en deux actes, mi-traditionnelle, mi-audacieuse, la suite sera du même tonneau.

Mourir-peut-attendre-Ana-de-Armas

No more 007

Exfiltré de sa retraite, James Bond reprend ici du service pour contrer les agissements d’un super vilain bien décidé à empoisonner le monde entier. Un personnage typiquement Bond, qui permet au long-métrage de rester connecté avec l’ADN de la saga. Après tout, le dénommé Safin possède une base secrète dans une île perdue, il est défiguré et ses traits de caractère semblent d’une certaine façon cristalliser tous ceux des plus emblématiques méchants de la franchise.

D’un autre côté néanmoins, Bond s’émancipe et se confronte aux nouveaux codes d’un monde dans lequel encore et toujours il doit faire ses preuves. Plus vieux, plus sage aussi certainement, aspirant à une vie plus tranquille, le héros créé par Ian Fleming a changé. C’est là encore un détail propre à l’ère Craig. Plus que nul autre Bond, le sien s’est inscrit dans une saga caractérisée par sa continuité. Tous les Bond de Craig ne sont pas des one shots mais les parties d’une histoire ambitieuse, certes parfois un peu brouillonne mais assurément cohérente. Mourir peut attendre venant donc conclure cette fresque furieuse, avec une flamboyance presque inespérée et… c’est une surprise… beaucoup d’émotion. Comme avec Casino Royale, Bond doit donc ici compter avant tout sur lui-même, sans forcément utiliser de nombreux gadgets, mais peut aussi heureusement se fier à une équipe encore plus présente. Et c’est d’ailleurs là que l’espionne campée par Lashana Lynch, la nouvelle 007, prend son importance, elle qui accompagne James Bond dans ce monde qu’il a délaissé il y a plusieurs années.

Appelez-le James, juste James

Mourir peut attendre confronte également Bond à des dangers qui le concernent plus directement. Le monde a beau être en péril à cause des agissements d’un sombre individu, c’est lui qui se retrouve au centre du scénario du film. Lui, ses aspirations, sa vision de l’avenir, ses regrets et ses peines, ses amours et sa résilience. Une dernier fois, Daniel Craig en profite pour saisir la balle au « Bond » et approfondi encore plus le personnage. Solide comme jamais, physiquement toujours au top, charismatique et intense, il parvient également à incarner cette émotion si inattendue, jusqu’à cette conclusion, parfaite et ô combien touchante et cohérente. Plus que jamais, Daniel Craig s’impose comme le James Bond le plus humain. Le plus connecté avec les autres aussi. Un Bond qui a su changer pour se réinventer sans perdre le sel de ce qui fait que James est Bond.

Jamais plus jamais

Visuellement, Cary Joji Fukunuga, bien aidé par un scénario notamment écrit par Phoebe Waller-Bridge (de la série Fleabag), plein de nuances, d’humour bien dosé et de suspens, fait des prouesses. Les morceaux de bravoure sont nombreux et de plans-séquences en mouvements de caméra aussi ambles que lisibles, le cinéaste rend justice à la grandeur de son héros. Comme souligné plus haut, la première scène, en Italie, donne le ton et toutes les suivantes arrivent à se caler sur la même fréquence, forçant le respect en permanence.

S’il était légitime de craindre que la durée ne viennent diluer la tension et encourager l’ennui, heureusement, presque miraculeusement, il n’est est rien. Jamais Mourir peut attendre ne tire sur la corde. L’histoire reste limpide, malgré ses ramifications et justifie en cela le fait que le film se rapproche des 3 heures. Tous les éléments, le méchant, Madeleine, l’amour de Bond campé par Léa Seydoux, ses interactions avec le MI6 et la CIA, s’imbriquent parfaitement au sein d’un récit en permanence tendu et passionnant. Seul petit regret : le personnage d’Ana de Armas, formidable, n’intervient que dans une séquence, certes excellente, mais trop brève. Une espionne qui pourtant, en cela qu’elle propulse à elle seul la figure de la James Bond Girl dan le 21ème siècle, aurait mérité une attention un peu plus prolongée. Mais cela ne suffit pas à assombrir le tableau. Mourir peut attendre est bel et bien l’un des meilleurs James Bond de Daniel Craig. À ranger aux côtés de Casino Royale et Skyfall, il s’impose même comme l’un des plus ambitieux et audacieux de la saga dans son ensemble. Un grand Bond ? Un grand film tout court.

En Bref…

Spectaculaire, ambitieux et très émouvant, Mourir peut attendre rend James Bond plus humain et plus touchant. Porté par un Daniel Craig plus que jamais parfait, le film conclut avec grâce, intensité et une émotion pénétrante, une série de 5 films au sein de laquelle il s’impose comme l’un des meilleurs chapitres. Une authentique et flamboyante réussite.

@ Gilles Rolland

Mourir-peut-attendre-Daniel-Craig
Crédits photos : MGM/Universal Pictures France
Par Gilles Rolland le 7 octobre 2021

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires