[CRITIQUE] NAPOLÉON
Titre original : Napoléon
Rating:
Origines : États-Unis/Royaume-Uni
Réalisateur : Ridley Scott
Distribution : Joaquin Phoenix, Vanessa Kirby, Tahar Rahim, Ben Miles, Rupert Everett, Scott Handy, Mark Bonnar…
Genre : Drame/Biopic
Durée : 2h30
Date de sortie : 22 novembre 2023
Le Pitch :
Jeune officier au sein de l’armée française, Napoléon Bonaparte se distingue grâce à son sens aigu de la stratégie militaire, permettant à la France de remporter de nombreuses victoires. Des victoires qui finissent par faire de lui un empereur tout puissant, aussi craint que respecté…
La Critique de Napoléon :
Projet de longue date d’un réalisateur décidément prolifique, malgré ses 85 printemps, Napoléon condense ainsi en 2h30 la vie et l’œuvre de la figure historique française la plus célèbre de tous les temps, à savoir Napoléon Bonaparte. Un homme au centre d’un biopic certes spectaculaire mais imparfait.
Il était une fois la révolution
Le film débute à la révolution française, quand Marie-Antoinette perd la tête devant une foule en liesse. Parmi les spectateurs, un jeune militaire plein d’ambition, Napoléon Bonaparte, est prêt à embrasser son destin. L’histoire se focalise alors sur lui pour l’élever au-dessus de tous, de batailles sanglantes en manœuvres audacieuses, au cœur d’un monde en plein bouleversement.
Rêvé par Stanley Kubrick, le projet d’un biopic sur Bonaparte a vu le jour sous l’impulsion de Ridley Scott, qui a mis le film en boite en un temps record, comme à son habitude, entouré d’une solide équipe d’artisans et d’un casting tout aussi costaud. Scott qui fait ici à nouveau preuve d’un sens aigu de la mise en scène. Tourné en majeure partie à l’ancienne, sans trop d’effets numériques, avec des batailles minutieusement reconstituées, de superbes décors et des costumes tout aussi impressionnants, le cinéaste britannique a pu bénéficier de moyens dignes de ses ambitions (200 millions de dollars à peu près). De l’argent qui à l’écran, donne lieu à une superbe reconstitution, précise et passionnée.
L’ascension d’un empereur
Ridley Scott cale la rythmique de son film sur celle de son (anti)-héros. Napoléon n’a pas de temps à perdre. Scott non plus. Sur le champ de bataille, dès la première scène guerrière, lors du siège de Toulon, la virtuosité de Ridley Scott fait à nouveau des merveilles. Les affrontements, celui-ci mais aussi tous les autres, avec le point d’orgue qu’est la bataille d’Austerlitz, font mal et laissent leur marque. Napoléon est un beau film, avec des moyens et une vraie énergie qui convient parfaitement à son sujet. Mais… Car oui il y a un mais. Un gros.
La chute d’un despote
En promo, Ridley Scott n’a eu de cesse de rappeler que Napoléon Bonaparte avait fait l’objet d’environ 10 000 livres. Son film à lui dure 2h30. La version cinéma en tout cas car une version longue est en route. Cela dit, Scott approuve la version courte qui, si elle se distingue sur un plan purement visuel, souffre aussi d’une écriture qui paraît un peu approximative.
Quelque part entre le drame politique, le film d’aventure guerrier et la tragédie romantique, le Napoléon de Ridley Scott n’arrive jamais vraiment à choisir. Et s’il ne se vautre sur aucun des plans, il échoue aussi à pleinement réussir à traiter l’une de ces thématiques. Trop résumé, ou en tout cas parcouru de trop d’ellipses qui paraissent hasardeuses, le film semble tout juste effleurer son sujet. Des choix ont bien sûr été nécessaires mais parfois, ceux du réalisateur et de son scénariste David Scarpa peinent à convaincre. L’histoire va trop vite mais paradoxalement, laisse parfois l’ennui pointer le bout de son nez crochu. Il manque des choses et à côté, Scott en fait parfois trop. Les distances qu’il a souhaité prendre avec l’histoire semblant aussi un peu étranges, quand bien même certaines se justifient, ne serait-ce que d’un point de vue purement graphique (le coup des pyramides d’Égypte par exemple).
Suivant la trame classique ascension-chute, Napoléon se concentre aussi sur la relation du personnage avec sa bien-aimée Joséphine. Une relation là encore un peu trop effleurée pour toucher en plein cœur. On comprend que Bonaparte aimait Joséphine mais ni le talent évident de Joaquin Phoenix et de Vanessa Kirby, ni la mise en scène ne peuvent amoindrir l’impact négatif que le montage et l’écriture ont sur cette romance contrariée.
Un Anglais à Paris
Au centre de tout, de quasiment tous les plans, Napoléon, solidement campé par un Joaquin Phoenix une nouvelle fois irréprochable, agit un peu comme un trou noir. Il aspire tout et tout le monde. Fait de l’ombre aux autres personnages, s’accapare l’histoire (qui est certes la sienne) et l’empêche donc de pleinement respirer pour dévoiler toutes ses subtilités.
Un peu construit de la même façon que Gladiator, avec ce petit côté bouquin qui convenait très bien à l’histoire de Maximus, Napoléon apparaît alors un peu comme une tentative louable mais quelque peu bancale. Un film ambitieux mais trop brouillon.
En Bref…
Spectaculaire, visuellement sublime et magnifiquement interprété, le Napoléon de Ridley Scott souffre d’une écriture brouillonne, trop riche en ellipses hasardeuses. Au final, si la tentative est louable et débouche sur un film de cinéma à bien des égards convainquant, force est de reconnaître que le résultat aurait pu être autrement plus flamboyant et mémorable.
@ Gilles Rolland