[Critique] NEED FOR SPEED
Titre original : Need for Speed
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Scott Waugh
Distribution : Aaron Paul, Imogen Poots, Dominic Cooper, Ramon Rodriguez, Michael Keaton, Rami Malek, Scott Mescudi, Dakota Johnson…
Genre : Action/Adaptation
Date de sortie : 16 avril 2014
Le Pitch :
Tobey Marshall, un pilote hors pair, tente avec ses potes mécanos, de maintenir à flot le garage auto que lui a légué son père, en participant à des courses illégales. Quand Dino Brewster, un rival de longue date, lui propose un pari, Tobey voit sa chance d’enfin payer ses dettes. Piégé, il se retrouve finalement derrière les barreaux pendant deux ans. Une fois dehors, Tobey se met en tête de traverser le pays afin de rallier la Californie pour participer à la De Leon, une légendaire course clandestine à laquelle prend également part Brewster. Mais ce dernier n’est pas prêt à laisser Tobey réclamer vengeance aussi facilement et compte l’empêcher par tous les moyens d’arriver sur la ligne de départ…
La Critique :
Attention : Need for Speed met en scène une bande de types relativement inconscients (pour ne pas dire complètement abrutis) dont le principal passe-temps est de participer à des courses clandestines. Leur truc, c’est de pousser leurs bagnoles gonflées à mort sur des routes, en ville ou à la campagne, et de mettre non seulement leur vie en jeu, mais aussi et surtout celle des automobilistes ou des piétons qui ont la malchance de se trouver sur leur trajectoire. Des mecs qui s’étonnent presque quand il y a de la casse avec tout ce que cela sous-entend quand on roule à plus de 200 km/h.
Alors non, il n’est pas question de condamner le film parce qu’il peut donner un mauvais exemple. Là n’est pas le propos car il est tout à fait exclu de condamner les films pour cette raison-là. Un film reste un film, peut importe ce qu’il montre, et si il devait influencer en quoi que ce soit, le nombre de cinéphiles condamnés pour « meurtre lors d’un vol à main armé aggravé car suivi d’une tentative de fuite à 250 km/h au volant d’une voiture volée » serait à proprement parler énorme.
Non, le but de cet « avertissement » est de condamner le scénario du film, dont la stupidité, qui contamine soit dit en passant tous les personnages, à salement tendance à le tirer vers le bas.
Car comment éprouver une quelconque empathie pour des types qui risquent la vie des autres en permanence en s’en foutant complètement ? Comment leur accorder du crédit, alors que pour eux, rien ne compte plus que de rouler comme des bourrins sur des routes de campagne en provocant des flics au point de causer des carambolages ? Oui, on est dans un film, mais à ce niveau, Need for Speed fait très fort. Plus fort que Fast & Furious c’est dire ! L’inconscience et le manque d’humanité des protagonistes font d’eux les pions d’un jeu d’échec manichéen et simpliste, qui a pour conséquence de réduire considérablement la portée dramatique de leurs actes. C’est d’autant plus regrettable que sur certains points, le personnage principal campé par Aaron Paul ne manque pas d’atouts pour humaniser un peu la bête de métal.
Cela dit, il faut saluer le timing de cette adaptation d’un méga hit du jeu vidéo. Il y a quelques années, la place était déjà prise par Fast & Furious mais plus maintenant. Maintenant, Fast & Furious a négocié un virage décisif, en mettant un peu de côté le tuning et les courses de caisses, pour se recentrer sur une action old school à base de fusillades et de bastons viriles entre mecs ultra baraqués. Need for Speed lui, se concentre uniquement sur les voitures. Des voitures de courses comme dans le jeu, qui raviront les amateurs. La majorité du long-métrage se déroule dans l’habitacle d’un véhicule. Et c’est là sa force. Celle qui l’empêche de se prendre le premier mur venu.
Peut-être conscient du peu de possibilités qu’offrait une adaptation d’un jeu de course automobile, Scott Waugh, le réalisateur, se concentre sur le spectacle. Son scénario tient sur un timbre poste et finalement, c’est très bien ainsi. En gros, il faut aller vite. Plus vite que la musique et plus vite que les autres. Sur ce plan, quand le film foule l’asphalte, le spectacle a de la gueule. Si on met de côté l’aspect bas de plafond, on peut apprécier l’efficacité du show.
Tourné en situation réelle et non sur fond vert, par un ancien cascadeur, Need for Speed parvient à rendre justice à son nom et traduit la vitesse à l’écran avec une remarquable maestria. Rarement des voitures ont paru aussi rapides sur grand écran. En se focalisant sur la crème de la crème des films de bagnoles, Bullitt en tête (gros clin d’œil au début), Need for Speed reste pied au plancher et ô miracle, réussit à tenir bon sur la longueur. L’action arrivant à contrebalancer le manque d’épaisseur.
On ne s’ennuie donc pas. La réalisation est le gros point fort du film, tandis que les acteurs prennent tour à tour l’air crispé ou inquiet. Un peu indigne du talent d’Aaron Paul, ici dans son premier grand rôle après son triomphe dans Breaking Bad, et de celui d’Imogen Poots, découverte quant à elle dans 28 Semaines plus tard, Need for Speed bénéficie quoi qu’il en soit de leur présence et de leur charisme. Michael Keaton, pendant ce temps, passe le film à dire des conneries derrière son micro.
Alors non, Need for Speed ne vole pas bien haut. Est-ce une surprise ? Non ! Après, rien n’empêche de lui reconnaître sa faculté à orchestrer des courses tonitruantes et de provoquer un certain amusement. Il faut prendre le film au second degré, pour ce qu’il est.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport