[Critique] NEW YORK MELODY

CRITIQUES | 3 août 2014 | 1 commentaire
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Titre original : Begin Again

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Carney
Distribution : Keira Knightley, Mark Ruffalo, James Corden, Hailee Steinfeld, Yasiin Bey (Mos Def), Adam Levine, Catherine Keener, Aya Cash, Cee-Lo Green…
Genre : Comédie/Romance/Drame/Musique
Date de sortie : 30 juillet 2014

Le Pitch :
Une jeune femme accepte de monter sur une scène libre, dans un bar new-yorkais. Peu sure d’elle, elle chante et joue de la guitare. Le morceau qu’elle a écrit sort un producteur aux abois de sa torpeur, lui qui est avant tout venu pour picoler. Lui vient de perdre son job et court après sa vie et elle s’apprête à regagner son Angleterre natale après une rupture amoureuse difficile. La musique va les réunir autour d’un projet aussi ambitieux qu’inspiré…

La Critique :
En 2006 sortait Once, un petit film centré sur la romance discrète (et complexe) de deux musiciens. Steven Spielberg adore et ne manque pas de le faire savoir, contribuant au bouche à oreille favorable qui nourrit l’aura culte qu’acquiert rapidement le film. Un Oscar de la meilleure chanson originale plus tard, le cinéaste irlandais John Carney gagne son passeport pour le Nouveau Monde. Les américains, comme les autres, se passent la bande-originale de Once en boucle et Carney prend son temps. Musicien, ami de Glen Hansard, qui joue dans Once, et qui en a d’ailleurs écrit les morceaux, John Carney a depuis longtemps décidé de marier ses deux passions : le cinéma et la musique. Il était prévisible de le retrouver un jour aux commandes d’un film américain, mais pour cela, il a fallu attendre quelques années. Quelques années pour découvrir New York Melody, soit un authentique petit bijou en forme de formidable feel good movie, doublé d’une succession de délicieuses pop songs amenées à tourner en boucle dans les mois et les années à venir.

John Carney a écrit et réalisé New York Melody. Les nombreuses chansons que l’on peut entendre dans le film, sont aussi de lui. Artiste accompli, doté d’une vraie vision, Carney livre ici une sorte de vrai/faux remake de Once, sans pour autant faire dans la pure redite ou pire, dans l’auto-citation.
Au fond, le postulat de départ est le même, mais c’est après que New York Melody gagne son originalité et affirme une personnalité propre et ô combien attachante.

Mark Ruffalo incarne un producteur rincé, à moitié alcoolo, père d’une gamine un peu paumée et d’une femme indécise. Parfait dans les pompes du passionné à fleur de peau, sans cesse soucieux de payer son tribut à la musique qu’il aime, Ruffalo trouve ici l’un de ses meilleurs rôles et rappelle à quel point il excelle dans la composition de personnages attachants et plus âpres et complexes que prévu. Keira Knightley de son côté, chante et tente d’oublier son ex et son appétit de gloire (un ex campé par Adam « Marroon 5 » Levine). Blasée, elle veut fuir la Grosse Pomme mais chante dans un bar et tombe sur le producteur rincé. On voit venir la romance et on se fait à l’idée d’assister un film conventionnel, à la fin prévisible. Puis étrangement, la narration éclate. Le scénario, excellent, bouge les conventions et retombe toujours sur ses pieds. On nous parle d’abord de lui, on pose le décors, puis on passe à elle. Ensuite on réunit les deux, sans cesser de faire petits sauts dans le passé pour illustrer tel ou tel sentiment. Brillant. La musique ensuite : ici, elle rayonne. La pop sucrée, légèrement mélancolique, superbement interprétée par Keira Knightley et sa voix si sensuelle, enveloppe cette romance de moins en moins banale. Une romance qui au fond, n’en est pas vraiment une. La musique prend le pas sur le reste. New York Melody nous parle du pouvoir des notes. De l’impact d’un morceau qui nous transporte et transforme la routine en pure magie. De ces confidences partagées autour d’un verre et d’une chanson qui nous tient à cœur.
Avant que l’on ne s’en rendre compte, New York Melody s’envole vers les sommets et laisse les clichés en rade, sur le plancher des vaches. Dès lors, on se dit que finalement, ce petit film sorti de nulle part, coincé entre deux gros blockbusters estivaux, pourrait bien nous surprendre. À vrai dire, c’est déjà le cas. À mi-parcours, John Carney a déjà remporté la bataille. La victoire totale n’est pas loin. Le dénouement, lui aussi à contre-courant, finit de rendre le long-métrage atypique. Il est la cerise sur le gâteau. Le petit détail qui fait la différence avec les autres films du genre.

Cela dit, New York Melody n’évite pas certains clichés. Véritable feel good movie, il en possède les principales caractéristiques et non, ce n’est pas une mauvaise chose. Transporté par son sujet, le cinéaste ne cherche pas à se démarquer sur tous les tableaux et au fond, si son film se démarque bel et bien, c’est avant tout grâce à la combinaison unique de sensibilités à l’unisson. Celles de Mark Ruffalo et de Keira Knightley, celle de John Carney, mais aussi celles de tous les seconds rôles savoureux qui gravitent autour du couple vedette. On peut notamment citer l’excellent James Corden, la toujours impeccable Hailee Steinfeld, et bien sûr la grande Catherine Keener. La magie qui se dégage de New York Melody vient avant tout de cette partition chorale fédératrice.

Co-produit par Judd Apatow, New York Melody est une petite perle. De celles qui savent coller durablement un sourire sur le visage des spectateurs. Destiné avant tout aux mélomanes, le film s’apparente aussi à une vraie déclaration d’amour pop à la ville de New York. L’amour, qui pour sa part, est partout, mais pas forcement là où on l’attend.
Difficile de vendre un tel film et au fond, c’est précisément pour cela qu’il ne faut pas passer à côté.

@ Gilles Rolland

New-york-melody-castCrédits photos : UGC Distribution

 

Par Gilles Rolland le 3 août 2014

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