[Critique] NO ESCAPE

CRITIQUES | 3 septembre 2015 | Aucun commentaire
No-Escape-poster

Titre original : No Escape

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Erick Dowdle
Distribution : Owen Wilson, Pierce Brosnan, Lake Bell, Sterling Jerins, Claire Geare, Sahajak Boonthanakit, Spencer Garrett…
Genre : Thriller/Action
Date de sortie : 2 septembre 2015

Le Pitch :
Quand l’entreprise pour laquelle il travaille lui propose un emploi en Asie du Sud-Est, Jack décide de franchir le pas et déménage avec sa femme et ses deux filles. Déraciné et un peu paumé, il se heurte rapidement à plusieurs problèmes qui ne le rassurent pas particulièrement. Quand un coup d’état éclate dans le pays, les choses s’enveniment rapidement. Tout particulièrement pour les expatriés américains, dont la tête est mise à prix par les rebelles. Alors que le chaos règne dans les rues, Jack va tout faire pour sauver sa famille, aidé par Hammond, un britannique rencontré à l’aéroport…

La Critique :
Pas de quoi sauter au plafond à l’idée d’aller voir le nouveau film du mec responsable de En Quarantaine (le remake yankee de [Rec]) et de Catacombes, qui n’était certes pas catastrophique, mais pas non plus à s’en taper le cul par terre. Pourtant, le trailer annonçait quelque chose de tendu et de rêche. Voir Owen Wilson changer de registre pour embrasser les codes du thriller d’action, tout en s’associant avec l’ex-007 Pierce Brosnan, contribuait également à rendre No Escape finalement plutôt intriguant. En gros, l’affaire sentait le quitte ou double. Ou ça passait, ou ça cassait. Bonne nouvelle : ça passe ! En force, avec pertes et fracas !

No-Escape-Owen-Wilson-Pierce-Brosnan

Formé à l’école du found footage, John Erick Dowdle a ainsi décidé de changer de registre et d’abandonner l’horreur de ses premières livraisons pour tenter le coup du côté de l’action. Toujours associé à son frangin, avec lequel il a écrit le scénario du long-métrage, Dowdle n’y est pas allé de main morte et a clairement tenu à insuffler une large dose de réalisme à cette histoire qui se range très vite du côté du survival pur et dur. On retrouve alors dans sa mise en scène un aspect documentaire prégnant, au point de se dire que finalement, l’évolution du cinéaste est en somme toute naturelle. Sans céder aux travers des found footages en agitant sa caméra dans tous les sens, Dowdle maîtrise sa mise en image et tout en restant collé aux basques des protagonistes, retranscrit une action lisible et terriblement immersive. Dès qu’il passe la seconde, le récit ne cesse de monter dans les tours, sans jamais vraiment se poser. Y compris quand les personnages ont un peu de répit, car le danger, parfaitement retranscrit, se fait sentir en permanence. Sans forcer, avec beaucoup de pertinence, No Escape emmène le spectateur au cœur d’une guérilla terrifiante et parvient sans mal à encourager l’identification, avec des héros qui n’en sont pas. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que Jack, le personnage campé par un Owen Wilson parfait, est un homme ordinaire. Ce n’est pas un as de la gâchette, ni un spécialiste des arts-martiaux. Il ne sait pas ce qu’il se passe et se retrouve confronté à une situation extrême, devant laisser en quelque sorte parler ses instincts les plus primaires pour survivre afin de continuer à veiller sur les siens.
No Escape gagne justement en intensité dramatique, car il se refuse à faire appel à un héroïsme exacerbé, laissant ainsi le second degré sur le bas côté. Même Pierce Brosnan, à nouveau fantastique en sorte de mercenaire badass, n’en fait jamais trop, s’arrêtant juste à temps pour ne pas jurer avec la volonté de réalisme de l’entreprise. Le but n’est pas d’arranger la situation dans le pays ou de tuer les méchants. Il s’agit juste de fuir sans se faire tuer. De trouver une issue quand il ne semble pas y en avoir.

Angoissant, No Escape l’est assurément. Palpitant et spectaculaire aussi, quand il se permet des fulgurances pyrotechniques, là encore suffisamment impressionnantes mais pas trop non plus pour rester pertinent. Course-poursuite palpitante, menée à un train d’enfer par un réalisateur qui se révèle, le long-métrage sait aussi laisser le champs libre aux émotions. Le spectacle ne sonne pas creux car l’humain reste au centre de la dynamique du récit. Il est plutôt rare de se retrouver devant un film capable en quelques instants de nous immerger dans une histoire puissante. Le titre, No Escape, trouve tout son sens dans cette aventure à l’issue incertaine qui ne laisse aucune place à l’ennui. Lors des points d’orgue, que l’on parle de la prise de l’hôtel par les rebelles ou de la fusillade sur le toit, en passant par les séquences qui convoquent des sensations éprouvées jadis devant des films sans concession comme Voyage au Bout d’Enfer, ou quand il se pose, pour orchestrer la montée en puissance d’une tension dramatique palpable, le long-métrage coup de poing de John Erick Dowdle est franchement impressionnant. Porté par les performances habitées et viscérales d’Owen Wilson, de la formidable Lake Bell, des deux gamines incarnées par Sterling Jerins et Claire Geare, et par le buriné Pierce Brosnan, No Escape s’impose comme une expérience de cinéma aussi directe qu’appréciable, car elle ne ménage pas le spectateur. C’est violent, soutenu, et le discours, qu’une certaine frange de la presse élitiste française taxe inexplicablement de raciste, se permet de tacler un tant soi peu la politique extérieure américaine. Que demander de plus ? Pas grand chose à vrai dire. Le contrat est plus que rempli. Espérez que la climatisation de la salle de cinéma soit opérationnelle, car à l’écran, le spectacle donne de méchantes sueurs froides.

@ Gilles Rolland

 No-Escape-Lake-Bell-Owen-WilsonCrédits photos : SND

 

Par Gilles Rolland le 3 septembre 2015

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