[Critique] NOUVEAU DÉPART

CRITIQUES | 19 avril 2012 | 1 commentaire

Titre original : We Bought a Zoo

Rating: ★★★★☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Cameron Crowe
Distribution : Matt Damon, Scarlett Johnasson, Thomas Haden Church, Colin Ford, Maggie Elizabeth Jones, Angus Macfadyen, Elle Fanning, Patrick Fugit, John Michael Higgins, Carla Gallo, J.B. Smoove, Desi Lydic, Stephanie Szostak, Peter Riegert…
Genre : Comédie/Drame/Aventure
Date de sortie : 18 avril 2012

Le Pitch :
Benjamin a bien du mal à élever ses deux jeunes enfants depuis le décès de sa femme. Inconsolable, il s’efforce néanmoins de garder la tête haute et essaye d’aller de l’avant, contre vents et marées. Lorsque son fils se fait renvoyer de son collège, Benjamin décide prendre un nouveau départ et de racheter une maison à la campagne. Il découvre vite que la maison en question fait partie d’un lot et que si il veut se porter acquéreur, c’est tout un parc zoologique qu’il va devoir prendre en charge. Une réserve animalière qui bat de l’aile, avec ses animaux et ses employés, tous menacés par la fermeture de l’endroit. Commence alors pour le petit monde de Benjamin une grande aventure…

La Critique :
« Je veux offrir à mes enfants une vraie aventure américaine ». Cette phrase, prononcée à un moment clé du film, par Benjamin Mee, le personnage incarné par Matt Damon résume relativement bien l’état d’esprit de Nouveau Départ. Car s’il s’inscrit dans la stricte lignée des précédents longs-métrages de Cameron Crowe (Jerry Maguire, Presque Célèbre, Rencontre à Elizabethtown), Nouveau Départ est aussi un vibrant hommage à l’esprit des grands films d’aventure du cinéma américain. Il renoue avec cette tradition ancrée dans le mythe u.s. au travers d’une histoire simple et efficace. Une histoire adaptée des mémoires du véritable Benjamin Mee, aujourd’hui toujours à la tête d’un parc zoologique réputé pour ses méthodes et spécialisé dans la protection d’espèces protégées.

À première vue, Nouveau Départ n’est pas une grande épopée au sens propre du terme. À première vue seulement car il convient bel et bien de parler d’aventure. L’aventure d’un homme en mal de repères qui, suite au décès de sa femme, décide de prendre un nouveau départ. Un homme simple, un peu maladroit et attachant.

Un parcours de vie qui trouve donc un vibrant écho chez Crowe qui opère son retour sur le grand écran après une longue absence (Rencontre à Elizabethtown date déjà de 2005. Entre temps, Crowe s’est illustré avec l’excellent documentaire Pearl Jam 20). Une absence imputable aux faibles scores de son précédent film au box-office qui n’a pourtant pas dénaturé la tonalité propre du réalisateur. L’échec n’a pas rendu Cameron Crowe cynique. Sa vision du monde est toujours la même. Ici, il la décline via le destin cabossé de toute une galerie de personnages qui s’inscrivent eux-aussi immédiatement dans la lignée de ceux de Jerry Maguire ou de Presque Célèbre. Des femmes et des hommes plus ou moins abimés, qui ne lâchent rien, qui doutent mais s’accrochent et qui jètent sur le monde un regard plein d’espoir.

Une telle vision des choses, pleine d’optimisme, peut rebuter. On serait presque chez Capra, dont l’ombre plane à plusieurs reprises sur ce Nouveau Départ. Chez Cameron Crowe, l’Amérique est encore capable de distribuer des secondes chances. Le monde aussi d’ailleurs, car le cinéaste ne souligne jamais trop le côté yankee de son film. Il est ainsi bon de rappeler que le véritable Benjamin Mee est en fait britannique et non américain.

Nouveau départ est un film universel qui est appelé à parler aux petits et aux grands. Un film fédérateur qui distille des good vibrations sans s’apparenter pour autant totalement à un conte de fée moderne. Les problèmes existent mais ils ne représentent pas forcement des obstacles insurmontables. Les blessures deviennent des forces et l’entraide est la clé. Le rapport humain aussi comme le souligne le personnage incarné par Thomas Haden Church.

Encore une fois, un tel propos peut prêter à sourire à une époque où la crise financière imprime de sa mélancolie notre vision de la société et des autres. On peut choisir de ne pas adhérer au propos de Cameron Crowe qui ne se laisse pas gagner par la sinistrose ambiante. Mais pourquoi pas ? Pourquoi ne pas laisser ce feel good movie faire son œuvre deux heures durant ?
Se laisser porter par la capacité de Crowe à capter dans le regard de ses personnages des émotions si difficile à traduire.

Contemplatif quand il s’agit de faire passer des ressentis complexes, touchant à plus d’un titre et remarquablement bien écrit, Nouveau Départ est un joli film. Tout simplement. Une partition poétique où l’homme opère un retour à la nature via une reconnexion avec le règne animal.
Les tigres, lions, loups et autres ours sont les vecteurs d’une remise en question difficile mais nécessaire. Ils sont les psychologues de leurs protecteurs. Des bienfaiteurs qui s’efforcent de reproduire au mieux les habitats naturels de leurs pensionnaires et réussissent par-cela à gommer les grillages et les barreaux pour offrir à chacun une part de liberté. C’est donnant-donnant et le résultat à l’écran est parlant.

Toujours très proche de ses acteurs, Cameron Crowe a encore une fois réuni une distribution impressionnante. Tout le monde est au diapason. Matt Damon est superbement touchant. Irréprochable dans un rôle qu’il habite avec subtilité et conviction. Scarlett Johansson est surprenante de discrétion et d’empathie. Cette nana peut décidément tout jouer. Elle Fanning rayonne d’une joie communicative et la petite Maggie Elizabeth Jones est incroyablement douée. Nouveau Départ permet en outre de retrouver Thomas Haden Church (Sideways) dans un rôle à la mesure de son talent tandis que Patrick Fugit (le rôle principal de Presque Célèbre) veille au grain. Fidèle à lui-même, le cinéaste ne surprend pas vraiment mais rassure. Après Rencontre à Elizabethtown, il aborde toujours le deuil comme le point de départ d’un changement. Alors qu’Elizabethtown peinait un peu à faire passer son message, Nouveau Départ coule de source. La prose de Crowe fait mouche. On pleure et on rit, au rythme des tribulations des protagonistes. Au rythme de la bande son mélancolique aussi, où s’invitent Pearl Jam (le nom personnage de Peter McCready est d’ailleurs un clin d’œil double à Pete Townsend des Who et à Mike McCready de Pearl Jam), Yusuf Islam (aka Cat Stevens), Neil Young, Bob Dylan, Sigur Ros ou Wilco. Des artistes folk qui pour certains, ne cessent d’inspirer un réalisateur mélomane à fleur de peau. Un remarquable artiste, trop rare, qui nous offre un très beau moment de cinéma.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Twentieth Century Fox

 

Par Gilles Rolland le 19 avril 2012

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josy
11 années il y a

Waouhhhh! un film qu’il me faut aller voir absolument!!!!!