[CRITIQUE] PINOCCHIO (2022)
Titre original : Guillermo del Toro’s Pinocchio
Rating:
Origines : États-Unis/Mexique/France
Réalisateurs : Guillermo del Toro, Mark Gustafson
Distribution voix (en V.O.) : Gregory Mann, Ewan McGregor, David Bradley, Ron Perlman, Tilda Swinton, Christoph Waltz, Cate Blanchett, Tim Blake Nelson, Finn Wolfhard, John Turturro…
Genre : Animation/Drame/Adaptation
Durée : 1h54
Date de sortie : 9 décembre 2022 (Netflix)
Le Pitch :
En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, dans un petit village italien, Geppetto, un menuisier, fait face à la mort de son fils. Inconsolable, il décide de façonner une marionnette en bois à l’effigie de son petit garçon. Sa détresse attire l’attention d’une fée qui immédiatement, décide de donner vie au pantin…
La Critique de Pinocchio :
Le roman pour enfant Les Aventures de Pinocchio, de Carlo Collodi, a été adapté à maintes reprises au cinéma et à la télévision. La version la plus populaire ? Sans aucun doute celle de Walt Disney en 1940, qui a justement fait l’objet d’une adaptation live cette année, sous la direction de Robert Zemeckis, avec Tom Hanks dans le rôle de Geppetto. Guillermo del Toro lui, travaille sur son Pinocchio depuis longtemps et a d’emblée décidé de ne pas coller de près au récit de Collodi. Une façon de se l’approprier pour mieux le nourrir de thématiques chères à son cœur depuis ses débuts.
Une histoire en bois massif
Avant toute chose, il convient de saluer la prouesse technique. Certes, Pinocchio n’est pas le premier film en stop-motion, loin s’en faut. Néanmoins, le travail que Guillermo del Toro, son co-réalisateur Mark Gustafson et leur équipe ont accompli est remarquable. D’emblée la stop-motion, particulièrement adaptée au personnage de Pinocchio, favorise l’émergence d’une émotion prégnante.
À elle seule, l’introduction, poignante, est une démonstration de force, qui brille non seulement par sa virtuosité, mais aussi par sa beauté et sa capacité à tirer les larmes tout en encourageant l’émerveillement. Les personnages, caractérisés par leur design souvent audacieux, les paysages et cette patine presque gothique (del Toro a expliqué s’être inspiré du Frankenstein de Mary Shelley)… Tout dans Pinocchio transpire la passion, le respect pour le matériau d’origine ainsi que le désir de raconter une belle histoire, à l’ancienne, où le cynisme laisse la place à la générosité et à la sincérité.
Il était une fois Pinocchio
Film sur le deuil, sur la famille, les relations père-fils mais aussi la tolérance, le Pinocchio de del Toro se rapproche aussi étonnamment des thématiques déjà au cœur de L’Échine du Diable et du Labyrinthe de Pan. Le fantastique étant ici aussi au service d’un discours pertinent et vibrant sur l’absurdité de la guerre et la résilience de l’innocence face à la brutalité du monde. Le petit garçon en bois cristallisant toutes les intentions d’un réalisateur totalement en phase avec ses ambitions.
Le choix de placer l’intrigue non pas dans un monde fantastique mais dans l’Italie fasciste des années 1930 s’avère ainsi particulièrement judicieux en cela qu’il permet à Pinocchio de sonner avec d’autant plus de force quand il tente avec succès de traiter de sujets plus adultes.
La valse du pantin
On pourra certes regretter la durée un peu excessive (presque 2 heures) et certains parti-pris narratifs un peu déconcertants, même si la plupart se justifient (la capacité de Pinocchio à ressusciter grâce à la fée). Les ajouts de Guillermo del Toro brillent en tout cas tous par leur audace. Et si à mi-parcours, le récit s’essouffle quelque peu, le dernier acte, remarquable, permet tout de même au film de s’achever sur une note grandiose. Une conclusion aussi belle que l’introduction, qui encourage aussi quelques larmes.
En Bref…
Véritable tour de force technique à l’ancienne, le Pinocchio de Guillermo del Toro est une merveille. Un film audacieux, souvent émouvant, spectaculaire et original, qui s’approprie une histoire connue pour en livrer une version moderne, à la lisière du gothique, dont la sincérité et la générosité permettent de faire oublier les petits défauts.
@ Gilles Rolland