[Critique] POINT BREAK (2016)

CRITIQUES | 3 février 2016 | 1 commentaire
Point-Break-poster

Titre original : Point Break

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ericson Core
Distribution : Luke Bracey, Edgar Ramirez, Ray Winstone, Teresa Palmer, Matias Varela, Clemens Schick, Tobias Santelmann, Max Thieriot, Delroy Lindo…
Genre : Action/Thriller/Remake
Date de sortie : 3 février 2016

Le Pitch :
Des braqueurs particulièrement audacieux, opérant aux quatre coins du monde à l’occasion d’opérations à haut risque, mettent en déroute le FBI. Johnny Utah, une nouvelle recrue, ancien champion de moto-cross, pense pour sa part savoir quel genre d’individus se cache derrière de tels actes. Un seul moyen pour les arrêter : infiltrer le gang…

La Critique :
C’est un raccourci particulièrement apprécié par ceux qui ne souhaitent pas spécialement prendre de risques et empocher un maximum de pognon : capitaliser sur les idées des autres, qui ont fait leur preuve. Si on trouve quelques remakes motivés par un désir noble, c’est ainsi la motivation pour une grande partie d’entre eux : remporter la mise en refaisant quelque chose qui a marché. Aujourd’hui, les remakes sont légion et de plus en plus souvent, ce ne sont plus d’obscurs films passés inaperçus lors de leur sortie qui sont concernés, mais bel et bien de grosses productions. Total Recall, RoboCop, ou encore Conan le Barbare, les exemples ne manquent pas. Aujourd’hui, c’est Point Break, le film culte de la culture surf, signé Kathryn Bigelow, qui est l’objet d’un braquage en règle. Ce qui, vu le sujet du film, est assez ironique.

Inutile d’y aller par quatre chemins. Point Break, version 2016, ne vaut véritablement que pour ses scènes d’action. Si il ne signe que son second long-métrage, le réalisateur Ericson Core n’est pas un manche. Jamais autant à son aise que lorsqu’il faut capturer les exploits spectaculaires des personnages, il fait le job. Une séquence, vers la fin, sur une paroi rocheuse se démarque tout particulièrement, et que l’on cause de surf, de snow-board ou de moto-cross, le film devrait en donner pour leur argent à tous ceux qui aiment les sports extrêmes. C’est tout. Pour le reste, à aucun moment le remake ne parvient à ne serait-ce que titiller la cheville de son aîné.

Point-Break-Teresa-Palmer

Au scénario, Kurt Wimmer n’a pas plus compris l’essence de Point Break qu’il n’avait pigé la démarche de Total Recall, dont il a également écrit le remake. Tout ce qu’il s’est contenté de faire, conseillé par des costards cravates tout aussi ignorants, c’est reprendre le nom des personnages principaux, et l’idée de base, qui consistait à infiltrer un flic dans un gang de braqueurs, avec lesquels il finit par sympathiser. Toute la philosophie de Point Break, le seul et véritable, lui est passé au dessus de la cafetière. Une scène illustre d’ailleurs assez bien le désastre : alors que Johnny Utah, autrefois incarné par Keanu Reeves et aujourd’hui joué par Luke Bracey, vient de faire la connaissance des vilains voleurs, le voici qui se retrouve dans une fête. Dans l’original, la fiesta se déroulait sur la plage au son d’un morceau de Jimi Hendrix. En 2016, changement de cap : c’est sur un yacht de luxe qu’on s’encanaille, en écoutant de la musique de boite de nuit, alors que des nanas en bikini et des mecs bourrés comblent l’espace. Tout du long, le remake confirmera son caractère creux. À plusieurs reprises pourtant, il nous assène quelques leçons, censées raccrocher les wagons avec les préceptes du Bohdi de Patrick Swayze, mais au fond, personne ne semble y croire. Tout le paradoxe qui caractérisait les cambrioleurs du premier film, qui gardaient le fric pour eux tout en poursuivant un idéal de vie loin des standards imposés par la société moderne, vole en éclat. Là, les types sont juste de gros beaufs désireux de rendre à la Terre ce que nous, saloperies de capitalistes lui volons. Un concept potentiellement intéressant, mais ici tellement exploité à l’arrache que le résultat frise le ridicule. Comme cette autre séquence où Teresa Palmer raconte à Luke Bracey à quel point les baleiniers sont méchants, avant de se dépoiler sur ce qui est manifestement une gigantesque fourrure. Ce genre de choses, Point Break en regorge. Non seulement il n’est pas assez réaliste pour qu’on vibre aux côtés des protagonistes, mais il ne prend même pas la peine de soigner suffisamment son histoire pour entretenir une quelconque tension.
On se retrouve avec une sorte d’hybride mal fagoté de Point Break, xXx et Fast & Furious. Le ton étant d’ailleurs donné avec une première scène, spectaculaire mais crétine au possible.
Concernant les deux personnages principaux, Johnny Utah et Bodhi, leur amitié n’est jamais crédible. Une amitié hyper importante pour que tout le reste fonctionne. Ici, tout se casse la gueule avant d’avoir eu le temps de se montrer ne serait-ce qu’un peu convainquant. Projet bancal dès le départ, Point Break 2016 ne sort à aucun moment de l’ombre de son monumental modèle. Il nous affirme par devant qu’il a changé plein de trucs et qu’il existe par lui-même, mais par derrière, il fait des clins d’œil, pompe des idées à droit à gauche pour les saborder, et se prend les pieds dans le tapis. La première victime : l’émotion, absente.

On trouve sur internet, le film nous le rappelle d’ailleurs plusieurs fois, plein de vidéos de types assez dingues pour tenter de braver la mort au cours de défis impossibles. Tout ce que fait le long-métrage c’est construire un semblant d’intrigue autour d’ersatz de ces mecs. Il prend le prétexte de refaire Point Break, laisse le surf de côté, toute la mythologie et l’état d’esprit qui vont avec, et prétend livrer une œuvre générationnelle dans laquelle de nombreux jeunes se reconnaîtront comme nous, trentenaires nous sommes reconnus dans le premier. Définitivement à côté de la plaque, les responsables de ce film ont ignoré tout ce qui donnait son sel à Point Break. Le surf certes, mais pas seulement. Le fait qu’aucun exploit dans la montagne, sur l’eau ou au guidon d’une moto n’arrive à égaler l’intensité de l’incroyable poursuite à pied de l’œuvre originale prouve en soi complètement que tout ceci s’apparente à un gros pétard mouillé. Avec un budget 4 fois supérieur, Ericson Core a fait ce qu’il a pu mais au fond, tout ce qu’il a à nous offrir c’est une longue vidéo Red Bull, avec des acteurs vaguement connus. Un long clip désincarné traversé par de belles gueules, bien emballé par une photographie qui souligne la beauté des paysages. Le fait qu’un agent du FBI traque des braqueurs est secondaire. On se fout du pourquoi du comment. Dès le départ ce remake partait dans la mauvaise direction. Point Break, c’est le duo formé par Patrick Swayze et Keanu Reeves. Point Break c’est Gary Busey en Angelo Papas, l’un des flics les plus géniaux des 90’s, ici transformé en branleur absent la plupart du temps (on adore Ray Winstone mais là n’est pas la question). Point Break, c’est Lori Petty qui sort de l’eau, une planche de surf à la main. C’est le rock and roll qui résonne sur la plage, alors que la bière coule à flot et qu’un feu de camp réchauffe l’atmosphère. C’est les poursuites haletantes, l’humour, l’amitié entre un Robin des Bois des temps modernes et un jeune idéaliste un peu trop zélé. Point Break c’est du fun. C’est le genre de film qui te donne envie d’apprendre à nager, même si tu détestes la plage. C’est un film qui file le vertige. Un truc exaltant, fédérateur et galvanisant.
Beaucoup se sont essayés à reproduire l’alchimie miraculeuse que Kathryn Bigelow avait parfaitement réussi à sublimer à l’aube des années 90. Tous ou presque ont échoué. En 2016, c’est carrément sous la même bannière qu’on a essayé de nous faire avaler la couleuvre. Heureusement, personne n’est dupe. Enfin, en principe.

C’est l’histoire d’un mec qui, parce qu’il n’en avait plus rien à foutre, récupérait des bouteilles vides de grands crus hors de prix pour y mettre de la bonne vieille Villageoise, afin de la servir à ses invités. C’est l’histoire d’un film qui avait usurpé le nom d’un autre classique du cinéma populaire, pour cacher le fait qu’il n’avait rien à raconter. On trouve Point Break pour une dizaine d’euros en Blu-Ray. Si vous ne l’avez pas vu, tentez le coup. Vous verrez, il n’a pris une ride et son intro à elle seule vaut largement plus que les 113 minutes de cette imitation, certes clinquante, mais cruellement vide.
« Le crime n’a plus de limites » nous dit l’affiche. L’opportunisme non plus.

@ Gilles Rolland

Point-Break-Edgar-Ramirez  Crédits photos : SND

Par Gilles Rolland le 3 février 2016

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SandrfineD
SandrfineD
7 années il y a

En effet une horreur ce film ; j’ avais adoré le premier..