[Critique] POMPÉI
Titre original : Pompeii
Rating:
Origine : États-Unis/Allemagne
Réalisateur : Paul W.S. Anderson
Distribution : Kit Harington, Emily Browning, Carrie-Anne Moss, Keifer Sutherland, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Jessica Lucas, Jared Harris, Currie Graham, Sasha Roiz…
Genre : Aventure/Action/Romance/Catastrophe
Date de sortie : 19 février 2014
Le Pitch :
Pompéi, an 79 : Milo, un esclave dépêché dans la cité italienne pour combattre dans les arènes, nourrit un désir de vengeance farouche envers un sénateur romain responsable de la mort de sa famille et de son peuple. Alors qu’il se fait vite remarquer pour son talent au combat, le gladiateur tombe sous le charme de la fille de l’homme le plus puissant de la ville.
Alors que les hommes se déchirent et complotent, le Mont Vésuve se prépare à entrer en éruption. Une éruption légendaire qui détruisit Pompéi dans un déluge de feu sans précédent…
La Critique :
Un beau gosse courageux et impétueux, tombe amoureux d’une jeune fille de bonne famille, qui elle-même n’est pas insensible au charme rustre de son prétendant. Tandis que les tourtereaux se heurtent aux limites imposées par leur statut social, une catastrophe historique se prépare…
Une telle histoire vous dit forcément quelque chose. Remplacez le volcan par un bateau et son iceberg et bingo !, vous avez tout compris à la démarche « artistique » de Pompéi, le nouveau blockbuster de Paul W.S. Anderson.
Anderson avoue d’ailleurs lui-même la filiation entre son long-métrage et le méga succès planétaire de James Cameron. Il admet aussi volontiers les ressemblances avec Gladiator de Ridley Scott.
Fautes avouées à demi pardonnées dit-on, mais là quand même, c’est énorme ! Plutôt que de se torturer les méninges au cours de séances interminables de brainstorming, les quatre scénaristes à avoir planché sur le script (dont Anderson lui-même), ont tout pompé sur Gladiator. Un peu sur Conan le Barbare aussi. Car ce gamin seul rescapé du massacre de son village, devenu gladiateur surdoué, rappelle méchamment la trajectoire de Schwarzenegger dans le film de John Milius.
Devenu gladiateur, le type fait copain-copain avec un autre combattant, comme dans Gladiator. Il est question de vengeance, de petites statues en bois représentant les membres de la famille disparue et de rébellion à la Spartacus, qui voit un esclave se soulever contre l’autorité suprême.
Concernant la réalisation, c’est la même chose. Anderson pique ses idées chez Ridley Scott, chez Zack Snyder (pour 300) et dans la série télé Spartacus. Le truc, c’est qu’il ne possède pas la maestria d’un Scott, ni même celle d’un Snyder. Anderson est ce que l’on appelle un copycat : un mec qui copie chez les autres. Et comme toute photocopie, la sienne est de qualité inférieure.
Le cadre historique, à savoir l’éruption spectaculaire du Vésuve qui détruisit -et fit du même coup entrer dans l’histoire- Pompéi, ne sert ici que de toile de fond bien pratique. La moelle profonde du long-métrage n’est faite que de clichés. De bon vieux clichés bien pompeux, totalement dépassés et de plus salement torchés à la va-vite. En moins de 2h, Anderson orchestre à la fois une catastrophe XXL, une histoire de vengeance bateau et une love story super guimauve. Forcement, de la part du mec qui a défiguré la licence Resident Evil au cinéma, il ne fallait pas s’attendre à une maîtrise sans faille.
Et ça, on le comprend dès le départ. Dès l’apparition de Keifer Sutherland, qui joue le bad guy suprême du récit, bien trop grandiloquent et théâtral pour convaincre. Dès le premier combat de Milo, le gladiateur interprété par Kit « Jon Snow » Harington, bien trop propre et stylisé pour accrocher la rétine et mettre à rude épreuve nos nerfs. Dès le début Pompéi sent l’arnaque à plein nez. À vrai dire, la bande-annonce annonçait ce genre de truc. L’affiche américaine aussi quand on y pense, avec ce couple en plein roulage de pelle devant un volcan en éruption… Le film confirme nos craintes. Il confirme que c’est bien Anderson qui réalise et non pas un réalisateur concerné par son sujet, qui aurait pu tirer meilleur parti du formidable potentiel que représente cet événement historique majeur, au lieu de surfer bêtement sur des modes pour la plupart dépassées. Le grand film moderne sur Pompéi reste évidemment à faire (pour l’instant, le titre appartient à Les Derniers Jours de Pompéi).
Mais, car il y a un mais, sur ce coup, Anderson avait du fric. Les studios ont mis le paquet et à l’écran, ça se voit. C’est déjà ça. Le spectacle, d’un point vue purement visuel, en impose. Pas tout le temps, faut pas non plus déconner, mais souvent, les décors impressionnent. L’explosion du Vésuve aussi assure pas mal, si on fait exception de la scène assez laide du raz de marée.
On est bien sûr loin de la maestria bourrine d’un Michael Bay ou d’un Roland Emmerich (qui malgré tout ce que l’on peut leur reprocher assurent quand il s’agit de tout faire exploser), mais parfois, malgré une 3D aux fraises, le film offre quelques scènes assez bien troussées. La ville est bien rendue, les détails sont nombreux et les costumes, comme les architectures, sont manifestement le fruit d’un travail minutieux.
Quand on sait à qui on a affaire, à savoir à celui qui a jadis commis Mortal Kombat, Resident Evil, ou Alien vs Predator, on peut tirer du bon de Pompéi. Suffisamment en tout cas pour passer un bon moment. Malgré tout, le métrage rejoint La Course à la mort et Event Horizon dans le haut du panier d’Anderson.
Ici, on s’amuse devant le ridicule involontaire présent dans une multitude de scènes et devant des dialogues bas de plafond à la bêtise flagrante. Riche en action, Pompéi noie le poisson. Anderson cherche à meubler avant l’explosion et après il se lâche. En résulte un grand n’importe quoi par moment assez jubilatoire. Keifer Sutherland en fait des caisses, et fait du Sénateur sadique qu’il incarne une version romaine de Jack Bauer, tandis qu’Emily Browning parvient à se montrer insignifiante la plupart du temps. Au milieu de ce joyeux bordel, on remercie le solide Adewale Akinnuoye-Agbaje (Oz, Lost…) qui brille par son charisme et Kit Harington qui prend manifestement tout ceci très au sérieux. À eux deux, ils transforment cette variation greco-romaine de Volcano en buddy movie naïf à destination de toute la famille. En truc inoffensif et anecdotique où l’amour tient la place de choix.
Bilan : alors qu’il raconte l’histoire d’un volcan en pleine éruption, Pompéi s’apparente ironiquement à un gros pétard mouillé, mais conserve de par un humour involontaire et son côté spectaculaire, un petit capital sympathie.
@ Gilles Rolland