[Critique] PREMIÈRE ANNÉE
Rating:
Origine : France
Réalisateur : Thomas Lilti
Distribution : Vincent Lacoste, William Lebghil, Michel Lerousseau, Darina Al Joundi, Benoît Di Marco, Graziella Delerm, Alexandre Blazy…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 12 septembre 2018
Le Pitch :
Antoine entame sa troisième première année de médecine. Pour lui qui veut absolument devenir médecin, c’est un peu l’année de la dernière chance. Thomas pour sa part, débarque fraîchement du lycée. Pas vraiment conscient de la charge de travail qui l’attend, il se heurte d’emblée à un rythme de travail auquel n’est pas habitué mais finit par développer des aptitudes qui vont jusqu’à le surprendre lui-même. Ensemble, ils vont dédier leurs journées aux études pour espérer décrocher le sésame à la fin de l’année…
La Critique de Première Année :
C’est bien connu : mieux vaut écrire sur ce que l’on connaît. C’est ainsi que Thomas Lilti, médecin de son état, a souvent parlé de son métier, directement ou non, au cinéma. Avec Hippocrate, puis Médecin de campagne et enfin avec Première année, qui lui permet de retrouver Vincent Lacoste qui jouait déjà dans Hippocrate. Ce dernier étant ici rétrogradé du statut d’externe en médecine à celui d’étudiant cherchant presque désespérément à réussir le concours de la première année d’étude…
Immersion
Première année se déroule, comme son nom l’indique pendant la première année de médecine de deux étudiants. Thomas Lilti, qui a donc également écrit le scénario, racontant ici la difficulté de décrocher sa place en médecine, notamment à travers les sacrifices qu’il convient de faire si on veut vraiment y parvenir. A priori, rien de vraiment funky pour un film de cinéma. Sur la papier, Première année ressemblerait en effet presque à une sorte de téléfilm de France 2… Sur le papier seulement, car heureusement, à l’écran, cette histoire simple parvient à se monter d’une part beaucoup plus fédératrice que prévu, mais aussi complètement immersive, drôle et même, fin du fin, assez émouvante.
Admis
Thomas Lilti sait se montrer proche de ses personnages sans pour autant les étouffer. Son but, et il l’atteint sans avoir l’air de trop forcer, étant d’encourager l’empathie chez le spectateur sans se montrer insistant. Et c’est là qu’il convient bien sûr aussi de saluer le talent des deux comédiens principaux, grandement responsables du succès de l’entreprise. D’un côté Vincent Lacoste, l’une des grandes valeurs montantes du cinéma français, livre une interprétation qui ne lui permet pas certes de sortir du genre de personnage auquel il est habitué depuis ses débuts, mais qui lui offre par contre l’opportunité de nous rappeler à quel point il peut être bon quand il s’agit de ne pas tomber dans les excès. À nouveau plein de nuances, Lacoste sait de plus pour avancer, s’appuyer sur le jeu lui aussi impressionnant de justesse de William Lebghil, la vraie révélation du long-métrage. Découvert dans la série Soda, le jeune comédien fait ici des merveilles dans la peau d’un étudiant plus complexe qu’il n’y paraît et surtout criant de réalisme. Pleine d’une authenticité qui se nourrit de dialogues également très justes, son interprétation contient beaucoup de subtilité et prouve qu’il vaut bien mieux que certains des trucs dans lesquels il s’est impliqué depuis ses débuts. Solides, les deux acteurs portent Première année en lui offrant son caractère « vrai », sans jamais se réfugier derrière de quelconques automatismes faciles ou autres gimmicks opportunistes.
Mention !
C’est alors que le film, presque sans crier gare, arrive à imposer une tonalité assez douce-amère, tout en respectant son sujet, constituant également au final, une sorte de radiographie parfaitement réaliste de ce que peut être une première année en école de médecine.
Un long-métrage qui sait rester simple et accessible, honnête dans tous ses aspects et toutes ses velléités, franc du collier et au final attachant. Une vraie réussite !
En Bref…
Du cinéma français comme on aimerait en voir plus souvent. Authentique, drôle, touchant, émouvant même, Première année est une réussite presque totale. En prenant le contre-pied des films de lycée classiques, sans singer le cinéma américain, Thomas Lilti trouve le ton juste et s’y tient, même si le dénouement pourra apparaître un peu trop « facile » à certains. Une fin quoi qu’il en soit bienveillante, et donc cohérente avec tout ce qui a précédé.
@ Gilles Rolland