[Critique] QUARTET
Titre original : Quartet
Rating:
Origine : Angleterre
Réalisateur : Dustin Hoffman
Distribution : Maggie Smith, Tom Courtenay, Billy Connolly, Pauline Collins, Michael Gambon, Sheridan Smith…
Genre : Comédie/Drame/Adaptation
Date de sortie : 3 avril 2013
Le Pitch :
Beecham House est une maison de retraite dirigée par le Dr. Lucy Cogan, qui accueille les anciens musiciens et vétérans de la chorale. Tous les ans, un trio d’amis (Cissy la distraite, Wilf le coquin, et Reggie le mélancolique) prennent part à un concert pour fêter l’anniversaire de Giuseppe Verdi. Cette année est particulière, cependant, puisque le spectacle devra récolter des fonds pour empêcher la résidence de fermer ses portes. Leurs préparatifs sont interrompus par l’arrivée de Jean Horton, l’ex-femme de Reggie et la soprano de leur fameux quatuor qui, autrefois, ouvrait la cérémonie. Encore nostalgique de ses jours de gloire dans la peau d’une diva, Jean refuse néanmoins de chanter. Alors que de vieilles rancunes menacent de bouleverser des années d’amitié et que des tempéraments théâtraux annoncent des présages désastreux pour les répétitions, la question se pose de savoir si le fait d’avoir quatre des meilleurs chanteurs d’opéra du pays sous un même toit était vraiment une bonne idée…
La Critique :
Quartet résume en une phrase (empruntée à Bette Davis) un discours que Amour de Michael Haneke avait mis deux heures à exprimer : « Vieillir n’est pas pour les mauviettes ». Dustin Hoffman avait trente ans quand il déboula à l’écran dans le rôle de l’adolescent Benjamin Braddock dans Le Lauréat. Trois ans plus tard, en 1970, il interpréta un pionner âgé de 121 piges dans le western d’Arthur Penn, Little Big Man. Arrivé à la cinquantaine, il retourna aux côtés du cinéaste sous les traits de Willy Loman. À croire, donc, qu’il connaît un ou deux trucs sur la vieillesse. Et par conséquent, cela ne semble pas inapproprié qu’il réalise son (presque) premier long-métrage, inspiré d’une pièce de théâtre de l’ancien Ronald Harwood, avec un casting qui varie entre des trentenaires et des octogénaires. Mais malgré ses 75 printemps, Dustin Hoffman communique un esprit juvenile à son travail et livre un film aussi confortable qu’un bon fauteuil.
Le film démarre gentiment, et établit trois choses délicates. Premièrement, la diversité des résidents vivant dans la maison de retraite, allant de la célèbre soprano Ann Langley (Gwyneth Jones, la seule chanteuse d’opéra dans un casting de stars du théâtre) au duo joyeux de deux anciens choristes (David Ryall et Trevor Peacock). Deuxièmement, la vie idyllique que vivent les seniors, qui passent leur temps à chanter, bouquiner et peindre dans le parc magnifique de l’institution, filmé de façon automnale et élégiaque par le cinématographe John de Borman. Et troisièmement, la dynamique de ce groupe loufoque d’artistes désespérés, réunis par un amour de la musique et un besoin collectif d’avoir un toit sur la tête : qui s’aiment, qui se chamaillent, qui collaborent ensemble et se soutiennent les uns les autres alors qu’ils contemplent l’évanouissement de leurs dons, le déclin de leurs prouesses et l’imminence de la mort.
Comme Indian Palace, Quartet a du grand cœur, sans être condescendant pour autant. Malgré le casting glamour, ce n’est pas un drame chocolaté où tout est joli et rigolo mais dénué de profondeur. Le film considère que ses personnages âgés sont aussi différents et variés dans leur caractère et leurs intérêts que vous et moi : l’un est conduit par sa libido, l’autre est hanté par la mélancolie du passé, l’un d’eux est distrait et divague vers la sénilité, mais au bout du compte, ils sont restés les mêmes personnes : la jeunesse et la vieillesse coexistent ensemble.
Passons sur le scénario, qui se déroule exactement comme un épisode des Muppets : notre maison est en danger ! Vite, organisons un spectacle pour collecter de l’argent et sauver la maison! Allez, vite, les répétitions ! Encore ! Encore ! Le jour J est arrivé ! Faisons le concert ! Et on a tous du talent dans la musique, donc c’est sûr qu’on va réussir !
C’est prévisible, c’est riche en guimauve, et on sait exactement comment ça se passe. Mais on sait aussi exactement à quoi s’attendre : un divertissement tendre et sentimental, rempli à bloc de stars du cinéma, du théâtre et de l’opéra, le tout saupoudré d’un assaisonnement de comédie « so british ». De toute évidence, Hoffman adore le show business, et son cœur est rempli d’affection pour ces vieux survivants. Mais il sait se discipliner : l’humour n’est pas exagéré, le côté sentimental ne vire jamais dans la zone d’auto-parodie, et le film ne prend jamais une attitude ouvertement proxénète envers son public. Au lieu de viser la route ambitieuse des retraités fou-fous qui partent à l’aventure, il réserve l’action à un environnement plus modeste, presque théâtral.
Dustin Hoffman a travaillé avec tout le monde. De Spielberg à Peckinpah et tellement d’autres, le comédien a clairement étudié et absorbé le travail de ses semblables avec attention. Discrète, sa caméra envahit rarement les espaces pour gêner. Beaucoup de séquences cadrent les personnages ensemble dans un même plan. En tant qu’acteur, il comprend comment respecter la distance qu’il doit à ses acteurs lorsqu’ils travaillent, et les laisse faire, tournant son autorité vers la caméra.
Justement, le film est au sommet dans ses instants les plus décousus, où l’intrigue est délaissée de la vie quotidienne des résidents et l’énergie des acteurs alors qu’ils se promènent autour du parc, s’échangeant des plaisanteries et enchaînant les conversations inappropriées. Notamment, Michael Gambon est glorieux, fanfaronnant autour du cadre en peignoir alors qu’il joue le tyran pour organiser les répétitions musicales. Mais c’est Billy Connolly qui domine l’ensemble, se jetant dans la comédie avec brio et flirtant avec la belle directrice de l’établissement (interprétée avec charme par Sheridan Smith). Il n’y a pas de véritables enjeux, aucun sens du danger : tout est naturel. L’émotion n’arrive que tardivement, accompagnant la géniale Maggie Smith qui emmène l’intrigue sur des voies plus conventionnelles, entrecoupant l’hilarité avec des moments touchants de tristesse ringarde mais néanmoins sincère, sur la mélancolie de la vieillesse et les regrets d’une vie passée.
La fin de Quartet pourrait être perçue comme une déception. Après avoir roulé en quatrième sur un trajet connu de tous, on pourrait décrier le fait que Quartet s’arrête d’une manière aussi brusque et inattendue. Mais là n’est pas le but. Le film de Dustin Hoffman ne triche pas. Quand il a tourné Les Dents de la Mer, Steven Spielberg n’arrivait pas à faire fonctionner son requin. À la place, il a du se reposer sur la musique de John Williams, parce le plus grand schéma des choses n’est pas forcément nécessaire. Il arrive parfois que la direction que prend un film s’avère accidentelle et relève du pur hasard. Mais il existe aussi des cas où le hasard est heureux, et ce film en fait partie.
@ Daniel Rawnsley
Crédits photos : Pyramide Distribution
Beaucoup moins convaincu. Quartet est une comédie engoncée, aussi insolente que la mère-grand des contes de fée. L’entreprise est trop sage, elle manque d’audace et d’impertinence. Beaucoup de bons sentiments et finalement peu d’émotion. Ma critique : http://tedsifflera3fois.com/2013/04/17/quartet-critique/
Decevant surtout pour le grandiose Dustin Hoffman,je me suis ennuyer tout le long du film