[Critique] [REC]³ GÉNESIS
Titre original : [Rec]³ Génesis
Rating:
Origine : Espagne
Réalisateur : Paco Plaza
Distribution : Leticia Dolera, Diego Martín, Ismael Martínez, Àlex Monner, Claire Baschet, Sr. B, Jana Soler, Emilio Mencheta…
Genre : Horreur/Gore/Comédie/Romance
Date de sortie : 4 avril 2012
Le Pitch :
Clara et Koldo ont décidé de sauter le pas. Leur mariage est l’occasion pour toute la famille de se retrouver et de célébrer l’amour. La fête bat son plein et les invités s’amusent. Du moins jusqu’à ce que certains d’entre-eux semblent manifester les symptômes d’une crise aiguë de cannibalisme. Un événement inattendu qui va rajouter un peu de piquant à la célébration…
La Critique :
[Rec]³ Génesis sort de l’immeuble barcelonais et prend pied au beau milieu d’une cérémonie de mariage. Une délocalisation qui sonne aussi le glas d’une noirceur coutumière des deux premiers volets. En cela, ce troisième épisode évoque le virage pris par Sam Raimi entre Evil Dead et Evil Dead 2 (la comparaison ne va cependant guère plus loin). [Rec]³ Génesis n’est plus un film d’horreur glauque mais une comédie d’horreur aux accents glauques et romantiques. Un mélange des genres un peu abscons qui débouche sur un long-métrage de bonne tenue mais néanmoins bordélique.
Réalisé en solo par Paco Plaza, accompagné sur les deux précédents par Jaume Balagueró (qui devrait se charger du quatrième épisode [Rec]4 Apocalypse), [Rec]³ tente donc non sans audace de se renouveler. Une volonté louable lisible dans le script, qui privilégie un humour sanglant et involontairement bancal, mais aussi dans la forme. C’est donc après une longue introduction en found footage (caméra à l’épaule, image qui tremble, dents du fond qui baignent, etc…) que le film adopte la caméra fixe et donc une mise en scène plus classique, à la troisième personne. Un procédé déconcertant qui, s’il règle les problèmes inhérents au found footage (pourquoi le mec filme alors qu’il est poursuivi par des zombies ? Qui est en train de filmer ?), sonne le glas de l’originalité et de l’immersion propre à la saga [Rec]. Un choix qui s’avère décevant. Décevant car synonyme de longues plages de calme où les protagonistes pas encore infectés semblent pris de crises de léthargie soudaine. Le point de vue extérieur met en exergue les défauts et confère au film un cachet pas franchement enviable de téléfilm du mercredi soir. Bizarrement, certaines scènes, où il ne se passe rien de particulier, rappellent les grandes heures de la série Un, dos, très et le jeu de certains acteurs d’apparaitre alors parfois plus que limite (le marié manque franchement d’épaisseur).
La bande-annonce de [Rec]³ semblait annoncer un déferlement d’action dans la veine d’un cinéma furieux et bourrin. Sur ce plan, le manque de rythme et la légèreté d’un scénario qui met en avant le côté théologique foireux des deux premiers, nuisent clairement à l’efficacité primaire du long-métrage. Mais Paco Plaza n’oublie heureusement pas de déverser sur ses acteurs une bonne dose de tripailles. Quand elle s’emballe, la machine s’avère burnée. Les attaques à la tronçonneuse de la mariée tranchent dans le lard comme il se doit et les exécutions ne déçoivent pas en cela qu’elle explosent au visage dans un joyeux déploiement de sang bouillonnant. Et la mariée parlons-en justement ! Une mariée à mi-chemin entre Ash d’Evil Dead et Beatrix Kiddo de Kill Bill. Leticia Dolera porte littéralement le film. Tendre et amoureuse en début de métrage, l’actrice laisse parler sa colère lorsque de répugnants zombies tentent de saborder son mariage. Laissant apparaître une jarretière rouge vif, Clara, son personnage, s’inscrit dans la lignée des femmes fortes du cinéma de genre. Maquillage dégoulinant, éclaboussures de matière grise en putréfaction et mine sévère, la fragile comédienne hispanique habite le film d’un charisme et d’un charme fou de tous les instants. Même lorsqu’elle doit composer avec les pires lignes d’un scénario qui joue sur la corde raide de la romance déviante. En face, Koldo, le mari ne fait rien pour contrecarrer les accents mièvres de ces moments où on nous affirme que les amoureux sentent la présence de l’autre et que l’amour, le vrai, est plus fort que tout. L’acteur se laisse couler trop souvent par les faiblesses d’un script en dents de scie, qui a quand même le bon goût de finir dans une explosion spectaculaire de tragédie shakespearienne gore à la Roméo et Juliette. C’est le principal, mais c’est dommage que cette folie ne contamine pas la totalité de la bobine.
Une premier partie réussie, un dénouement convenu, des scènes gores maitrisées et sauvages et une romance un peu cul-cul la praline, voilà pour le menu du banquet. L’indigestion n’est pas à exclure totalement, mais la bonne tenue de l’ensemble devrait assurer aux convives de passer un bon moment. Entre décapitations, amputations et roulages de pelle extrêmes. Pas mémorable mais fun.
@ Gilles Rolland