[Critique] RIDDICK

CRITIQUES | 19 septembre 2013 | Aucun commentaire
Riddick-affiche-France

Titre original : Riddick

Rating: ★★½☆☆ (moyenne)
Réalisation : David Twohy
Distribution : Vin Diesel, Katee Sackhoff, Jordi Molla, Matthew Nable, Dave Bautista, Bokeem Woodbine, Raoul Trujillo, Conrad Pla, Nolan Gerard Funk, Karl Urban…
Genre : Science-Fiction/Action/Suite/Saga
Date de Sortie : 18 septembre 2013

Le Pitch :
Laissé pour mort sur une planète inconnue, l’ex-détenu Richard B. Riddick doit lutter contre la nature hostile pour survivre. Une fois remis sur pied, il se voit vite menacé par une espèce vorace de créatures démoniques vivants dans la boue, qu’une série de tempêtes massives viendra bientôt multiplier. Cherchant impérativement un moyen de quitter le monde perdu, Riddick active un signal d’urgence dans une station de mercenaires inoccupée. Deux équipes de chasseurs de primes débarquent, et une chasse à l’homme est rapidement enclenchée. Mais les créatures se rapprochent, et alors que les traqueurs deviennent les traqués, des secrets et des alliances incertaines se mijotent, et Riddick se retrouve hanté par le passé…

La Critique : Rating: ★★½☆☆:
Même aujourd’hui, il est encore difficile de nommer une suite plus malavisée que celle écrite et réalisée par David Twohy en 2004 : Les Chroniques de Riddick, le successeur épiquement merdique de Pitch Black, son bon petit film de série B sorti quatre ans plus tôt. Le caractère intimiste et crasseux de l’original n’était pas seulement l’un des meilleurs films à la John Carpenter que John Carpenter lui-même n’a pas pu faire, mais son statut culte déchaîna quelque chose au sujet d’un monde insoupçonné – Vin Diesel : Action Hero.

Il est est carrément dingue d’y repenser avec le recul, mais à l’époque, Diesel était un acteur prometteur, jeune et respecté, s’essayant à des petits rôles sensibles dans Il Faut Sauver Le Soldat Ryan, Les Initiés et prêtant sa voix au Géant de Fer. Mais finalement, il voulait juste être Arnold Schwarzenegger. Couronné roi du cool par Hollywood après avoir coursé des caisses dans un film de Rob Cohen, le monsieur-muscles devint le fantasme idéalisé d’auto-perfection pour toute une génération de poseurs bling-bling de banlieue. Et Richard B. Riddick, un badass intergalactique pomponneur (pensez à un Snake Plissken métrosexuel et vous avez pigé l’idée) était son ticket en or pour devenir une superstar.

Hélas, les années 2000 était une sombre époque pour les sagas de science-fiction, toutes culturellement embourbées dans la même soupe Tolkien-esque d’intrigues labyrinthiques et prétentieuses dans lesquelles pataugeaient les suites de Matrix, les préquels de Star Wars et ces Pirates des Caraïbes interminables. Tentant de réinventer la création de Diesel et Twohy en sorte de Conan Le Barbare dans l’espace, l’ambition écrasante des Chroniques de Riddick abandonna tous les charmes modestes de Pitch Black et souffrit d’un cas aigu d’éléphantisme mythologique. Beaucoup de bruit pour rien concernant une prophétie où Riddick héritait du titre du Seigneur Marshal des Nécromongers, désormais un roi guerrier menant son peuple à travers quelque chose appelé l’Anteverse. Il y avait aussi Judi Dench.

Le film plongea au box-office, mais Diesel ne lâcha pas l’affaire. On ne peut pas vraiment lui en vouloir, parce que il est facile de comprendre pourquoi il adore jouer Riddick. Dans tous les films Riddick, un pourcentage généreux de scènes est dédié à des personnages secondaires nous rappelant à quel point Riddick est génial, et à quel point Riddick leur fait peur. Puis Riddick finit par faire une entrée remarquée et tue des gens de façon variée, intelligente et amusante, sans trop se prendre la tête.

La patience et la persévérance de Diesel ont fini par porter leurs fruits. D’abord, il échangea un caméo dans Tokyo Drift pour le studio contre son appropriation du personnage. L’ascendance sans précédent de la saga Fast & Furious vers un statut de blockbuster à succès marqua enfin le moment de frapper (même si Diesel a dû a apporter son propre fric pour couvrir le budget), et c’est ainsi que, neuf ans plus tard, on a Riddick.

Notez bien l’absence des chroniques cette fois-ci. L’ouvrage est beaucoup plus mince, et beaucoup plus divertissant. Le nouveau film commence, assez drôlement, avec Riddick laissé pour mort sous un tas de décombres sur une planète extraterrestre sacrément hostile. Un vautour de l’espace essaye de lui picorer les os, et il ne perd pas de tant à l’étrangler, grognant dans la voix-off que « ça n’a rien de nouveau ». Un flashback rapide pour tous ceux qui n’ont jamais vu ou, complètement oublié le second volet, nous aide à rattraper les grandes lignes, puis a le culot de se débarrasser entièrement de toute cette mythologie laborieuse. C’est la manière impertinente de Diesel et de Twohy de dire: « Ouais, les gars, vous vous souvenez de toutes ces conneries ? Et bien on s’en balance. Désolé, on passe à autre chose ! »

Riddick se partage en trois actes clairement délimités, et le premier est de loin le meilleur. Perdu et blessé dans un environnement où toute la planète veut sa peau, on regarde Diesel passer une demi-heure à rechercher de la nourriture, trouvant un abri, soignant ses blessures, chassant toutes sortes de monstres serpentins, et allant même jusqu’à adopter un toutou de l’espace. Tout ça, avec une absence quasi-totale de dialogues. Pendant un moment, on va même jusqu’à espérer que tout le film soit Jack London sur Mars.

Inévitablement, d’autres humains se ramènent, et les choses deviennent beaucoup moins intéressantes. Deux équipes rivales de chasseurs de primes arrivent pour récupérer ce fameux hors-la-loi. Le premier groupe est mené par Jordi Molla, signant une autre de ces prestations gonflantes qu’il inflige aux spectateurs depuis Bad Boys II. Plus encourageant est David Bautista, qui montre une véritable présence à l’écran pour accompagner son physique imposant, tandis que la deuxième bande plus professionnelle compte parmi ses rangs Katee Sackhoff, de Battlestar Galactica, incarnant plus ou moins une variation du Lieutenant Vasquez.

Du moins, avant que son personnage finisse par n’être rien d’autre qu’un trophée sexuel grotesque, uniquement là pour continuer à véhiculer la cool attitude exagérée de Riddick. Voyez-vous, non seulement c’est la seule femme assez burnée pour traîner avec des chasseurs de primes, mais elle est aussi lesbienne. Comme ça, elle peut se faire reluquer la poitrine à l’air, survivre à une tentative de viol, et sortir des répliques du genre « Je baise pas avec les mecs, mais je peux leur baiser la gueule ». Pas de panique, Riddick, tel Bob Le Bricoleur, nous rassure joyeusement qu’il pourra « régler ça ».

Ouais, non. Dans l’ensemble, Riddick est inoffensif ; un plaisir débile de seconde zone, une histoire de mecs à la voix rocailleuse qui mettent leurs différences de côté pour bastonner des monstres, toujours avec un orteil dans le cinéma d’exploitation. Mais le film choque par sa misogynie, introduisant un personnage féminin anonyme qui sera immédiatement tuée seulement pour donner une raison au héros d’attaquer ses adversaires, et allant même jusqu’à sortir le cliché régressif et homophobe cité plus haut que rien n’est plus badass que de « guérir » une femme avec une séance de jambes en l’air. Et ceci en 2013 ?

Entre ces moments désagréables, Diesel se retire dans l’ombre pour un deuxième acte assez long, le traqué traquant lentement ses traqueurs, avec trop de temps perdu dans des pièces étroites avec de mauvais acteurs récitant leurs dialogues machos à l’arrache. C’est seulement quand tous ces monstres bien dégueux cités plus haut reviennent nous montrer leurs sales gueules que Riddick se lâche enfin, se transformant essentiellement en pseudo-remake de Pitch Black. Pas mauvaise, comme idée. Au fil des années, Diesel est devenu inexplicablement attachant avec ses postures de mannequin et son texte d’andouille. Voilà un gars qui commande tout avec de la testostérone en portions doubles – surtout ses répliques.

Bien gore par moments, Riddick est un déluge à la sauce Aliens de bestioles carnivores et d’alliances instables, où Diesel règne en maître, visiblement en train de s’éclater comme un gosse. Et pourquoi pas ? Dans ce film, il y a une galaxie remplie de gens qui n’ont rien de mieux à faire que d’expliquer à quel point Richard B. Riddick est un type incroyable. La star est ravie de leur admiration. Après tout, c’est lui qui a payé.

@ Daniel Rawnsley

riddick-vin-dieselCrédits photos : Metropolitan FilmExport

Mini-Critique

Gilles Rolland : Rating: ★★½☆☆

Suite voulue par Vin Diesel et entièrement basée sur l’auto-glorification de son personnage phare, Riddick se démarque par quelques scènes violentes et gores plutôt enthousiastes, par la présence d’un toutou plutôt sympa, mais surtout par ses effets-spéciaux d’un autre âge. Des sfx globalement ratés, trahissant un budget réduit et finissant par faire ressembler le film à une version s.f de 300 où Diesel s’ébat au milieu d’un ramassis informe de pixels envahissants. La bon goût en prend un sacré coup dans l’aile et Riddick de sonner au final comme un produit certes badass, mais trop ringard pour véritablement faire mouche.

Par Daniel Rawnsley le 19 septembre 2013

Déposer un commentaire

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires