[CRITIQUE] RIFKIN’S FESTIVAL

CRITIQUES | 16 juillet 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Rifkin’s Festival

Rating: ★★★½☆

Origine : États-Unis/Espagne/Italie

Réalisateur : Woody Allen

Distribution : Wallace Shawn, Elena Anaya, Gina Gershon, Louis Garrel, Sergi Lopez, Christoph Waltz, Steve Guttenberg, Richard Kind…

Genre : Comédie/Drame

Durée : 1h32

Date de sortie : 13 juillet 2022

Le Pitch :

Mort Rifkin, un écrivain contrarié amateur de cinéma, accompagne sa femme, attachée de presse, au festival du film de San Sebastian en Espagne. Alors que son épouse, obnubilée par le réalisateur dont elle s’occupe, le délaisse, Mort tombe sous le charme d’une cardiologue. L’occasion pour lui d’également faire le point sur ses aspirations et ses craintes…

La Critique de Rifkin’s Festival :

Woody Allen est de retour en Espagne des années après le très réussi Vicky, Cristina Barcelona. Dans Rifkin’s Festival où le cinéaste exploite la ville de San Sebastian et ses alentours pour filmer les déboires d’un romancier plein d’ambition en pleine crise d’inspiration. Un postulat classique pour du Woody Allen qui débouche sur un film qui, autant le dire tout de suite, s’il ne figure pas parmi ses plus réussis, parvient tout de même à s’imposer comme une parenthèse des plus séduisantes.

Woody sur la côte basque

Difficile de ne pas voir dans Rifkin’s Festival la difficulté avec laquelle Woody Allen doit désormais composer pour continuer à faire des films. Produit par des sociétés évoluant loin des circuits auxquels il était jadis habitué, privé de stars de premier plan, Woody Allen a du s’adapter. S’adapter mais pas nécessairement bouleverser son cinéma. Ainsi, le personnage de Mort Rifkin, brillamment interprété par Wallace Shawn, un solide second rôle du cinéma américain, renvoi, comme souvent chez Allen, à Woody lui-même. Un homme pétri de doutes qui ne cesse de se débattre avec ses aspirations, habitué au divan du psy et toujours abonné aux problèmes sentimentaux. Rien de nouveau chez le réalisateur new-yorkais ? Non pas vraiment, mais après tout, ce n’est pas plus mal.

Rifkins-festival

Hommage incarné

Ce n’est pas plus mal car avec Rifkin’s Festival, Woody Allen fait ce qu’il fait de mieux. Sans trop forcer ni se mettre en danger certes, mais quand même. On apprécie ainsi toujours son écriture, précise et drôle. Surtout ici où la comédie est clairement mise en avant, dans une aventure sous le soleil aux côtés d’un homme oublié, qui va donc devoir se livrer à une sévère introspection pour envisager l’avenir avec un tant soi peu de sérénité. Le genre de personnage que Woody Allen a donc décliné toute sa vie, parfois en l’interprétant lui-même, comme dans Manhattan ou Annie Hall, et qui ici, traduit également son désir de rendre hommage aux grands cinéastes, de Bergman à Truffaut, en passant par Fellini.

Introspections espagnoles

C’est ainsi que Woody Allen entrecoupe son récit de vignettes en noir et blanc, dans lesquelles le dénommé Rifkin raconte ses rêves pour mieux prendre du recul par rapport à ces derniers. Des rêves qui donnent l’opportunité à Allen de payer son tribut aux grands maîtres du septième-art, dans un mépris total des codes et des modes en vigueur. Et c’est aussi ce qui est agréable ici. Loin des considérations tendances, Woody Allen continue de faire son cinéma comme dans les années 1970. Certes de temps en temps critique envers les bouleversements ayant transformé le cinéma en industrie vorace, à travers des répliques bien senties, il fustige toujours gentiment et ne cesse de revenir à l’essentiel. Le tout sans tomber dans les clichés du film carte postale, même s’il sait parfaitement exploiter les magnifiques décors mis à sa disposition.

Il souligne la complexité des sentiments amoureux au sein du mariage et confronte son alter ego à divers bouleversements pour au final l’amener à s’interroger sur lui-même. Woody se demandant si, tout compte fait, dans un monde en perpétuel mouvement, le mieux est de ne pas s’en tenir à ce qui nous rend heureux, sans forcément chercher à s’élever pour impressionner les autres ou mieux cadrer avec l’époque. Une morale plutôt inattendue qui donne à Rifkin’s Festival tout son sel.

Sans oublier bien sûr ces scènes savoureuses, éclairées par la présence de la lumineuse Elena Anaya, qui à elle seule, justifie le déplacement.

En Bref…

Mineur mais intéressant, drôle et nostalgique, plongé dans les magnifiques paysages de la région de San Sebastian, Rifkin’s Festival évite le piège du film carte postale pour mieux interroger les aspirations de son personnage. Ce dernier, une nouvelle incarnation de Woody Allen lui-même, poussant le réalisateur/scénariste à se poser pour faire preuve d’une sagesse qui lui sied plutôt bien.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Apollo Films
Par Gilles Rolland le 16 juillet 2022

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