[Critique] ROCKY IV : ROCKY VS. DRAGO

CRITIQUES | 18 mars 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Rocky IV : Rocky Vs Drago – The Ultimate Director’s Cut

Rating: ★★★½☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Sylvester Stallone

Distribution : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Carl Weathers, Dolph Lundgren, Brigitte Nielsen, Tony Burton…

Genre : Drame/Suite/Saga/Director’s Cut

Durée : 1h33

Date de sortie : 14 mars 2022

Le Pitch :

Ivan Drago, un champion de boxe russe, met au défi Rocky Balboa. Piqué au vif, désireux de prouver qu’il est encore un grand boxeur, Apollo Creed décide d’organiser un combat contre Drago. Malheureusement, ce dernier tue l’ex champion du monde des poids lourds sur le ring. Auparavant peu enclin à accepter le challenge, Rocky décide de reprendre les gants pour affronter le colosse soviétique…

La Critique de Rocky IV : Rocky Vs. Drago :

Le confinement relatif au Covid-19 a touché tout le monde. Y compris les stars d’Hollywood qui ont vu leurs projets mis en pause (sauf Mickey Rourke qui est allé tourner un film de sorcières en Europe de l’Est mais ce n’est pas le sujet). C’est ainsi que Sylvester Stallone a du interrompre le tournage de The Samaritan, son projet super-héroïque, pour regagner ses pénates et attendre que l’orage passe. Mais Sly n’est pas du genre à se tourner les pouces et l’idée lui est venue de mettre ce temps libre à contribution pour retravailler le montage de l’un de ses plus grands succès populaires : Rocky IV.

Sly refait le combat

Adulé par les fans, conspué par la critique, Rocky IV fait partie de ces films typiques du cinéma populaire américain des années 80. Une suite à bien des égards bourrine, qui fait de Rocky Balboa le représentant d’un pays empêtré dans une Guerre Froide interminable, qu’il finit presque par remporter à lui seul en affrontant sur le ring un champion russe. La nouvelle version, qui hasard du calendrier, sort en France au moment où la Russie s’impose à nouveau comme le berceau d’un mal rampant, comme dans les années 80 donc, a été motivée par un désir de remettre certaines choses à leur place et d’en effacer certaines autres, jugées aujourd’hui par Stallone lui-même totalement hors de propos.

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Bizarrement, alors qu’il promettait d’inclure plus ou moins 40 minutes de séquences inédites, le nouveau montage de Rocky IV fait à quelques secondes près la même durée que la première version. C’est un peu la surprise de ce director’s cut : ici, tous les nouveaux éléments ne viennent pas s’ajouter aux anciens mais carrément en remplacer certains. Ce qui prouve au passage que Sly ne s’est pas facilité la tâche, même si au fond, le résultat n’est pas aussi spectaculaire et généreux que prévu.

Exit le robot

Au rayon des changements les plus flagrants, le robot de Paulie, que ce dernier reçoit pour son anniversaire, arrive en tête. D’emblée Stallone a annoncé vouloir envoyer la facétieuse machine à la casse. Une manière d’assombrir le propos du film afin de le replacer dans la continuité des précédents, qui, s’ils ne sont pas dénués de petits éléments comiques, restent tout de même des drames. Le problème, c’est que le licenciement du robot enlève une grande partie de ses scènes à Paulie qui ici, fait office de second rôle discret. Et fatalement, ses rares interventions, celles qui ont été conservées, ne possèdent pas le même impact. Clairement, Paulie est le grand perdant de ce remaniement. Dommage.

Rocky Jr. aussi en prend pour son grade. Quasiment absent, le fils de l’étalon italien n’apparaît qu’à quelques reprises, même s’il a droit à une scène rien qu’à lui. Après, le retrait de toute la partie du discours final de Rocky, quand il vient de mettre Drago au tapis et qu’il s’adresse directement à son gamin, s’avère aussi inexplicable que regrettable. En effet, dans le montage initial, cette scène s’imposait comme l’une des plus émouvantes et réaffirmait l’importance qu’accorde Rocky à sa famille et à son fils en particulier. Et on ne parle même pas de la femme de Drago, interprétée par l’ex-femme de Stallone, Brigitte Nielsen, qui passe pour ainsi dire à la trappe.

Au rayon des gagnants

Mais Rocky Vs. Drago met aussi justement l’accent sur des choses sur lesquelles le premier film ne s’attardait guère. Adrian est plus présente et c’est bien. Idem pour Apollo. Toute la première partie du film souligne la relation d’amitié entre Rocky et son ancien adversaire et c’est aussi une excellente chose. Ainsi, la mort de Creed sur le ring sonne avec plus de force. Ivan Drago aussi gagne en épaisseur et n’apparaît plus simplement comme une machine de guerre au service de la propagande soviétique. L’aspect humain est davantage mis en avant par Stallone et du même coup, Rocky Vs. Drago vient à plus forte raison encore plus se rattacher à Creed 2.

Le retour du gaucher de Philadelphie

On sent clairement que Stallone a voulu faire de Rocky IV un film plus sérieux et moins ancré dans son époque. Mais au fond, tous les ajouts et autres retraits n’ont rien enlevé au long-métrage de sa patine furieusement 80’s. C’est probablement pas plus mal même si les modifications débouchent sur un curieux objets filmique un peu bancal. Il faut dire que Rocky IV est tellement ancré dans nos esprits et dans la culture populaire dans son ensemble, que ce montage, pourtant souvent pertinent, apparaît aussi dispensable.

Une chose est sûre, Rocky IV devient ici plus sobre. Sly a essayé de gommé la naïveté du premier film sans pour autant y parvenir totalement. Si le nouveau montage du combat final, encore plus brutal, impressionne, là encore assez étrangement, il ne possède pas la même force. Oui Drago gagne en épaisseur, oui le ton est plus sombre et oui les scènes inédites apportent pour la plupart vraiment quelque chose au propos global, mais tout le reste, les chansons de Survivor et Robert Tepper, les séances d’entraînement, la photographie et l’imagerie, font toujours de Rocky Vs. Drago un pur produit de son temps. Ce qu’il n’assume plus vraiment, déchiré entre sa nature première et le désir de son réalisateur de le rapprocher de la tonalité des débuts de la saga, plus en phase avec l’époque actuelle.

Dénué de son humour mais quelque part dans l’incapacité d’être le drame qu’il se rêve d’être, Rocky Vs. Drago est un film curieux. Moins bourrin mais un peu quand même, parfois un peu monté à la machette, étrangement bancal quand il tente d’assembler entre elles des pièces qui autrefois n’existaient pas, il traduit la volonté de Sly de prendre des risques mais ces derniers ne sont pas toujours payants. Il semble alors évident que s’il s’agit bel et bien d’un projet fascinant, surtout pour les fans, Rocky Vs. Drago ne remplacera jamais Rocky IV.

En Bref…

Proposant 40 minutes de scènes inédites qui offrent plus de place à Adrian, Apollo Creed et Drago, Rocky Vs. Drago s’avère néanmoins un peu bancal et finalement trop sérieux pour son propre bien. Méritant, assurément percutant et mue par un désir sincère d’assombrir la plus décomplexée des aventures de l’étalon italien, ce nouveau montage ne parvient jamais vraiment à faire oublier l’ancienne version.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : MGM
Par Gilles Rolland le 18 mars 2022

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