[Critique] S.O.S FANTÔMES : L’HÉRITAGE
Titre original : Ghostbusters : Afterlife
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jason Reitman
Distribution : Mckenna Grace, Finn Wolfhard, Carrie Coon, Logan Kim, Celeste O’Connor, Paul Rudd, Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson, Annie Potts…
Genre : Fantastique/Comédie/Suite/Saga
Durée : 2h04
Date de sortie : 1er décembre 2021
Le Pitch :
Callie, une jeune mère célibataire, est contrainte de quitter son logement pour s’installer dans la ferme isolée de son père qui vient de décéder. Ses enfants, Phoebe, 12 ans, et Trevor, 15 ans, découvrent leur grand-père, qu’ils n’ont jamais connu, à travers l’accumulation d’objets étranges dont sa maison est remplie. Et c’est justement dans cette demeure que des phénomènes paranormaux ne tardent pas à se produire, alors que la petite ville dans laquelle ils vivent désormais est sans cesse secouée d’étranges tremblements de terre. Rapidement, il semble évident que l’ancêtre n’était pas qu’un vieil excentrique mais bel et bien Egon Spengler, l’un des chasseurs de fantômes, qui, en 1984, ont sauvé New York de la destruction…
La Critique de S.O.S Fantômes : l’héritage :
Les remakes et autres suites tardives sont à la mode. S.O.S Fantômes : l’héritage fait partie de la deuxième catégorie. Contrairement au S.O.S Fantômes de Paul Feig, qui en 2016, proposait de reprendre à zéro avec une nouvelle équipe entièrement féminine. Un film qui pour rappel, et malgré son humour et sa bonne volonté, s’est pris une volée de bois vert de la part d’à peu près tout le monde (mais pas nous, souvenez-vous). Ici c’est différent car on retrouve aux commandes de ce S.O.S Fantômes 3 un certain Jason Reitman, soit le fils d’Ivan Reitman le réalisateur/scénariste de l’original. Alors, qu’est-ce que ça donne ?
Qui c’est qu’on rappelle ?
Jason Reitman est peut-être un « fils de » mais il n’a rien d’un débutant. Responsable d’excellents films comme Juno, In the Air, Young Adult et plus récemment Tully, il n’a pour ainsi dire jamais vraiment fauté et s’impose comme l’un des faiseurs d’images les plus fiables du cinéma indépendant américain. En cela, S.O.S Fantômes : l’héritage lui permet de toucher pour la première fois au gros blockbuster à effets-spéciaux et du même coup de prendre le relais de son père, tout en rendant un hommage évident à son remarquable travail. Reitman senior étant ici présent à la production.
Ne tenant bien sûr pas du tout compte du film de 2016 et pas non plus de S.O.S Fantômes 2 (ce qui est un peu dommage), cet Héritage prend place de nos jours, dans une société qui a complètement oublié les exploits d’antan des Ghostbusters. Et pour cause, depuis, les fantômes ne se sont plus manifestés. Mais un mal puissant couve et attend son heure, on s’en doute. Et oui, sinon, il n’y aurait pas de film. L’occasion pour une nouvelle génération de casseurs de spectres de faire son apparition.
Retour aux origines
On sent Jason Reiman plutôt prudent. Loin de chercher à explorer des pistes radicalement différentes, malgré le fait que ses personnages sont donc nouveaux, en tout cas la plupart, son scénario (co-écrit avec Gil Kenan) s’avère plutôt confortable et rassurant. Il est concevable que cela puisse décevoir une partie du public mais le choix est compréhensible tant le métrage affiche clairement sa volonté d’à la fois renouer avec le passé, à grands renforts de clins d’œil et autres coups de coude plus ou moins appuyés, mais aussi à ouvrir une voie vers l’avenir et peut-être d’autres épisodes.
Sans surprise, on retrouve donc beaucoup d’éléments du premier S.O.S Fantômes. Mais nous n’en dirons pas plus. Disons que oui, Reitman a joué la sécurité. Jusqu’à un certain point heureusement. La bonne surprise, c’est que même s’il met les pieds dans un univers bien codifié, il en profite également pour continuer à disserter sur des thèmes au centre de son cinéma, comme la famille dysfonctionnelle et bien sûr cette notion d’héritage. C’est même le sous-titre du film. Et comme nous n’avons pas ici affaire à un requin de studio blasé et tout juste capable d’organiser la rencontre de créatures pixelisées avec d’autres créatures pixelisées, son S.O.S Fantômes possède une âme, une vraie. Deuxième bonne surprise !
Ghost 2
Car si ce troisième volet s’arrange avec une certaine maestria pour donner aux fans de la première heure et aux nouveaux de quoi jubiler, il en profite aussi pour organiser l’émergence progressive d’une émotion qui à la fin, explose littéralement. En d’autres termes, la chair de poule est au rendez-vous tant la conclusion parvient à presque miraculeusement totalement renouer avec la magie des débuts mais aussi exploiter cette dernière pour nous inciter à verser notre petite larme.
Outre cette capacité à capitaliser sur les dialogues et à mettre en avant de vrais personnages solides, Jason Reitman se montre aussi à la hauteur quand il s’agit de faire entrer les fantômes en scène. Le bougre a même tenu à donner aux spectres et autres monstres une patine vintage très 80’s, pour amoindrir le décalage avec l’œuvre originale. C’est malin et hop, troisième bonne surprise ! S.O.S Fantômes ne fait pas semblant d’être old school, il l’est, tout simplement. Même si, rassurez-vous, il vit aussi avec son temps et manie avec une certaine classe le second degré et la dérision.
New Team
Devant la caméra, Reitman a réuni une équipe en tous points parfaite. Même le side-kick comique, ici incarné par Logan Kim, est hilarant et attachant, sans trop en faire. Mckenna Grace, l’une des jeunes prodiges du cinéma américain, vue dans le drame Mary (avec Chris Evans) ou encore Moi, Tonya, confirme son talent et incarne une héroïne forte et touchante, aux côtés d’un Finn Wolfhard très à l’aise dans un registre pas si éloigné de son rôle dans Stranger Things. Au rayon des adultes, Paul Rudd lui aussi fait le job avec le naturel qu’on lui connaît et on est bien sûr sur ravi de revoir Carrie Coon, parfaite comme toujours. Et pour les anciens ? Car oui, ce n’est pas un secret, l’équipe originale fait son retour. Et bien vous verrez par vous même mais sachez que quand on parlait de chair de poule, c’est à cela aussi qu’on faisait référence.
Calé sur une rythmique très efficace qui contribue à tenir l’ennui à distance, respectueux de son modèle mais rempli de solides idées, visuellement spectaculaire, souvent drôle mais surtout émouvant, S.O.S Fantômes : l’héritage fait bien deux ou trois choix scénaristiques un peu hasardeux mais rien de dommageable. Bien sûr, certains brandiront leur pancarte « stop au fan service » mais le film ne leur est pas destiné. Non car au fond, S.O.S Fantômes 3 assume son côté madeleine de Proust et ne se cache pas de distribuer les références tout en s’appuyant largement dessus. Mais ce qu’il fait, il le fait bien. Très généreuse, enlevée et sincère, cette suite tardive est donc une franche réussite, ni plus ni moins, n’en déplaise aux esprits grincheux.
En Bref…
Très fidèle au film original mais dans le bon sens du terme, drôle, généreux et très émouvant, S.O.S Fantômes : l’héritage réussit à peu près tout ce qu’il entreprend. On n’aurait peut-être pas dit non à un peu plus d’audace mais en l’état, le pari est largement relevé et le résultat, jubilatoire, confortable et ô combien divertissant, remplit largement sa part du contrat. Du divertissement solide au sein duquel flotte un doux parfum d’« avant » qui est loin d’être désagréable.
@ Gilles Rolland