[Critique] SÉCURITÉ RAPPROCHÉE
Titre original : Safe House
Rating:
Origine : États-Unis/Afrique du Sud
Réalisateur : Daniel Espinosa
Distribution : Denzel Washington, Ryan Reynolds, Vera Farmiga, Brendan Gleeson, Sam Shepard, Rubén Blades, Nora Arnezeder, Robert Patrick, Joel Kinnaman, Sebastian Roche, Jake McLaughlin,Stephen Bishop, Fares Fares, Sean Cameron Michael, Sara Arrington…
Genre : Thriller/Action/Espionnage
Date de sortie : 22 février 2012
Le Pitch :
Tobin Frost, un ancien de la CIA coupable de haute trahison, refait surface en Afrique du Sud, où il se livre de lui-même à la cellule locale. Un repère secret sous surveillance rapidement pris d’assaut par un groupe armé, lui aussi à la recherche de Frost. Alors que l’équipe chargée de la protection du prisonnier se fait décimer, Matt Weston, un jeune agent sans expérience de terrain se retrouve seul face à Frost. Sa mission : le conduire à tout prix dans un lieu sécurisé…
La Critique :
La tendance revient à la paranoïa. Le cinéma se fait le miroir des inquiétudes du peuple. On ne sait plus à qui se fier, il y a des taupes partout et en gros, le vers est dans la pomme. Que ce soit dans les grands groupes industriels, au sein même du gouvernement, ou chez ceux qui assurent notre protection…
Premier film américain du réalisateur suédois Daniel Espinosa, qui nous avait déjà bien bluffé l’année dernière avec Easy Money (on retrouve d’ailleurs ici, Joel Kinnaman, qui tenait le rôle titre d’Easy Money), Sécurité rapprochée raconte une histoire basique, mais se fait un devoir de garder tout du long les doigts plantés dans la prise.
C’est en cela que ce premier essai en dehors des frontières de la Suède est remarquable. Car si on voit arriver le dénouement à deux bornes et si ce n’est pas la première fois que l’on nous sert ce genre d’intrigue, on peut difficilement rester insensible à une œuvre qui, pied au plancher, bourrine avec classe.
Sur une tonalité visuelle très nerveuse, peut-être inspirée par les entrechats épileptiques de certains des derniers films de Tony Scott (Domino en tête, mais aussi Man on Fire), Espinosa garde en tête la lisibilité et propose un enchainement punchy de séquences parfois très spectaculaires (mention aux poursuites automobiles). La caméra colle de près aux comédiens, filme les visages, capture l’action avec style et se découpe en une multitude de plans quand l’intrigue fait parler la poudre. On pense aussi à Paul Greengrass et à son Jason Bourne, mais le suédois a ce petit quelque chose qui le différencie malgré tout. La photographie de son long-métrage est vintage, les couleurs sont saturées et le montage sonore explosif. Le cadrage serré accentue l’immersion et excite le palpitant. C’est brut, sauvage et sec. Tout ce qu’un tel film se doit d’être.
Alors forcement, dans un cas de force majeure comme celui-ci, il suffit que l’histoire tienne la route, pour que l’on ait pas forcement envie de chercher midi à quatorze heures. Polar à tiroir, buddy movie contrarié ou thriller d’action politico-urbain, Sécurité rapprochée voit se dérouler un jeu du chat et de la souris plutôt tendu et maitrisé. La « faute » au duo de tête, mené par un Denzel Washington une nouvelle fois impeccable. Bouillonnant et menaçant, l’acteur entraine Ryan Reynolds dans sa danse. Ce dernier, pour le coup convaincant, continu de nourrir une filmographie de moins en moins anecdotique (rappelez-vous de Buried) et donne la réplique avec intensité à une galerie de gueules impressionnante. C’est pas non plus de l’Actor’s Studio mais le cahier des charges pour un tel rôle est plus que respecté.
On notera les présences des excellents Sam Shepard (Blackthorn) et Brendan Gleeson (28 jours plus tard, L’Irlandais…) ainsi que celle de la toujours juste Vera Farmiga (In the air, Les Infiltrés…). Des comédiens qui contribuent à faire souffler un vent de prestige sur une production qui ne se repose pourtant jamais entièrement sur la force tranquille uniquement dégagée par les charismes combinés de ses acteurs. Daniel Espinosa est un homme à suivre. Il sait tenir une caméra et ménager son suspens. Jusqu’au bout, on suit, rivé à son fauteuil, la traque qui constitue le noyau dur de son film. Heureux de voir qu’en traversant l’Atlantique, le suédois n’a pas vendu son âme à Hollywood. On se prend alors à espérer que la prochaine fois, Espinosa sera peut-être aux commandes d’un film un peu plus personnel, débarrassé une bonne fois pour toutes des quelques gimmicks et autres clichés, trop souvent présents dans ce genre d’exercice. Mais avant de poursuivre son aventure yankee, Espinosa offrira à Easy Money une suite.
@ Gilles Rolland