[Critique] SENTINELLE
Rating:
Origine : France
Réalisateur : Julien Leclercq
Distribution : Olga Kurylenko, Marilyn Lima, Michel Nobokov, Martin Swabey, Carole Weyers…
Genre : Action/Thriller
Durée : 1h20
Date de sortie : 5 mars 2021 (Netflix)
Le Pitch :
Interprète dans l’armée française, Karla est mutée au sein de l’Opération Sentinelle à la suite d’une mission ratée en Syrie. Traumatisée, elle tente péniblement de se reconstruire et ne tient que grâce à des médicaments dont elle est dépendante. Un jour, sa sœur est sauvagement agressée par un puissant oligarque russe. Bien décidée à la venger, Karla se met en chasse…
La Critique de Sentinelle :
Depuis 2016 et la sortie de Braqueurs, Julien Leclercq enfile les films comme des perles. Le réalisateur qui signe aujourd’hui son deuxième long-métrage pour Netflix, moins d’un an après le précédent, La Terre et le Sang qui, il faut bien l’avouer, et c’est le moins qu’on puisse dire, n’avait pas convaincu grand monde…
Il y a des films qui tout le monde conspue sans relâche et qu’on a malgré tout envie de défendre. Des films qu’on aime pour diverses raisons et qui, malgré les mauvaises critiques dont ils font l’objet, méritent selon nous une certaine reconnaissance. Sentinelle n’en fait pas partie. Récit d’un naufrage presque total…
Olga s’en va-t-en guerre
Une femme soldat tente de venger sa sœur. Bon, on a certes déjà vu plus fouillé comme postulat mais au fond pourquoi pas ? Entre d’autres mains, une telle histoire aurait pu déboucher sur quelque chose de sauvage et nerveux. Un pur film d’action sans prétention autre que celle d’envoyer du bois. Julien Leclercq lui, transforme ce pitch en prétexte pour filmer pendant 80 interminables minutes le visage impassible d’Olga Kurylenko, semblant esquiver l’action pour nous infliger des séquences « torturées » non seulement mal jouées, à cause d’une direction d’acteurs aux fraises, mais aussi écrites et dirigées à la truelle. On remarque ainsi que Klara, le personnage principal de Sentinelle, souffre des mêmes travers que les protagonistes campés par Sami Bouajila dans La Terre et le Sang et Jean-Claude Van Damme dans Lukas (très décevant celui-là aussi d’ailleurs) : des âmes en peine qui se traînent au cœur d’une histoire cousue de fil blanc, vaguement animés d’un désir de vengeance prétexte à des prises de décisions débiles et autres introspections plutôt vaines. Comme si Leclercq se refusait, pour une raison que l’on ignore, de pleinement embrasser les codes du pur film bourrin pour chercher à s’élever vers autre chose. Une démarche très prétentieuse qui ne débouche sur rien de bon…
Balle dans le pied
Car Sentinelle, plus encore que les deux précédents films de Leclercq, est très mal écrit et mal construit. Oui on pige le traumatisme de Klara mais le scénario ne nous permet pas de nous sentir concerné et n’encourage ainsi pas du tout l’empathie. On en vient même à la trouver insupportable. Encore une fois, comme Jean-Claude dans Lukas et Bouajila dans La Terre et le Sang. Pire encore donc, Leclercq esquive l’action, semblant regarder de haut les films comme Taken (pour prendre une référence un tant soit peu récente et française) et cherche à souligner le côté psychologique de son récit, avec la délicatesse d’un tank. Quand enfin, Olga se bastonne, Leclercq foire aussi très largement. Sa mise en scène manque clairement de pertinence, le montage est à côté de la plaque et finalement, seules une ou deux courtes séquences viennent nous sortir de notre torpeur. On pense notamment à la baston dans l’hôpital et encore… Leclercq qui semble ne se réveiller que quand vient le moment de filmer une scène torride aussi putassière que parfaitement inutile et opportuniste entre Olga et une autre actrice. Parcouru de dialogues bas du front (mais pas le bon sens), porté par les performances d’acteurs à la ramasse (le méchant n’aurait pas fait tâche dans Plus belle la vie), Sentinelle échoue à tous les niveaux. Seule Olga surnage, tentant de garder la tête hors de l’eau, bien encombrée par un rôle torché à la va-vite et contrainte de faire avec une direction inexistante.
Scandaleusement mou, paradoxalement interminable (alors qu’il ne dure qu’1h20), Sentinelle finit par être vraiment embarrassant. Un mauvais film tout simplement, qui se vautre dans un ridicule gênant.
En Bref…
Rien à sauver dans ce pseudo film d’action mou du genou, aussi mal écrit que mal dirigé, bénéficiant en plus d’un montage à l’arrache et de quelques performances d’acteurs totalement à la ramasse. Si La Terre et le Sang, le précédent film de Julien Leclercq n’avait pas réussi à marquer les mémoires, on était quand même loin de se douter que pour le prochain, le réalisateur allait à se point se « surpasser ».
@ Gilles Rolland