[Critique] SEVEN SISTERS
Titre original : What Happened To Monday ?
Rating:
Origine : États-Unis/France/Belgique/Grande-Bretagne
Réalisateur : Tommy Wirkola
Distribution : Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Noomi Rapace, Willem Dafoe, Glenn Close, Marwan Kenzari, Christian Rubeck…
Genre : Thriller/Action
Date de sortie : 30 août 2017
Le Pitch :
Dans un futur proche, la population mondiale a atteint des sommets. Les réserves de nourriture sont mises à mal et la pollution fait de plus en plus de dégâts. Afin d’enrailler cette expansion, le gouvernement vote une loi qui instaure une politique d’enfant unique. Chaque famille qui est en infraction devant se séparer des enfants qui ne rentrent pas dans le cadre de la loi afin qu’ils soient cryogénisés. Quand sa fille accouche de septuplées avant de mourir, Terrence Settman décide d’élever seul ses petites-filles et de les cacher, leur attribuant à chacune un nom correspondant au jour de la semaine où elles devront sortir enfin d’endosser une seule et même identité aux yeux du monde. Un stratagème qui fonctionne pendant 30 années. Jusqu’au jour où Monday disparaît…
La Critique de Seven Sisters :
Boosté par une promo qui mettait en avant son scénario qualifié d’imprévisible et la performance de Noomi Rapace, qui y interprète sept personnages, Seven Sisters avait de quoi attirer l’attention et attiser la curiosité. Cela dit, l’Histoire du cinéma nous a appris que ce genre de film pouvait aussi être rudement casse-gueule. Seven Sisters va-t-il plus loin que son postulat ? L’exploite-t-il correctement ? Tentative de réponse…
Les sept font la paire
La principale chose qui permet d’emblée à Seven Sisters de se démarquer est le fait que Noomi Rapace y campe sept personnages différents. Sept sœurs qui évoluent dans un monde où il est interdit aux parents d’avoir plus d’un enfant et qui doivent donc suivre un savant protocole pour faire croire au gouvernement qu’elles ne sont qu’une seule et même personne. Redoutable, le pitch du film prend place dans un monde à la George Orwell. Un futur proche bien poisseux, où la violence est devenue la réponse à à peu près tous les problèmes, dominé par l’autorité d’une femme à laquelle Glenn Close prête ses traits. Noomi Rapace donc, excellente comédienne s’il en est, trouve un défi à la mesure de son talent et s’en sort avec les honneurs. Quand Split, de M. Night Shyamalan mettait en avant le fait que James McAvoy interprétait un homme habité d’une vingtaine de personnalités alors que le film n’en montrait vraiment que la moitié, Seven Sisters donne l’opportunité à l’actrice d’habiter véritablement sept rôles bien distincts, qu’il n’est pas difficile de différencier les uns des autres malgré leur ressemblance physique. Grâce à un processus malin, le réalisateur Tommy Wirkola offre à son actrice principale un terrain d’expression assez large qui lui permet de donner vie à cette fratrie sans trop rester en surface. Chaque sœur possède ses particularités et sa sensibilité et Noomi Rapace s’en sort avec les honneurs. Charismatique, tour à tour forte et émouvante, elle est le gros point fort du long-métrage, qui vient se placer dans la lignée d’œuvres comme la série Orphan Black, en cela qu’il utilise la multiplicité de l’actrice principale en exploitant sa maestria afin de servir le récit, qui ainsi, ne se résume pas à une série de prétextes censés mettre en valeur le concept. D’une pertinence de tous les instants, en évitant consciencieusement d’en faire des caisses, Noomi Rapace est parfaite du début à la fin. Dans le drame et dans l’action. Car autant dire que là est l’autre point fort de Seven Sisters : l’action.
Dystopie sauvage
Pas vraiment connu pour sa finesse, Tommy Wirkola, qui rappelons-le, est principalement connu pour Dead Snow 1 et 2, livre ici une dystopie coup de poing, qui surprend à plusieurs reprises par sa violence sourde. Une approche bourrine qui répond à l’un des arguments publicitaires qui affirme qu’il est impossible de savoir comment Seven Sisters va se terminer. En effet, difficile de prévoir qu’en fait, le film n’hésite pas à y aller franco, quitte à diluer un peu la finesse potentielle de la réflexion qu’il incarne, à grands coups de séquences bien rentre-dedans. Le scénario, assez malin, évite quelques-uns des plus gros clichés que d’autres ne se seraient pas privés d’utiliser pour organiser un croisement un peu bancal entre le pur film d’action et la dystopie à vocation philosophique. Mélange qui à défaut d’être à 100% convainquant, car notamment marqué par des maladresses, a néanmoins du goût et permet au film de tenir l’ennui à distance 2 heures durant. Surtout qu’en l’occurrence, avec son approche, le film s’avère plus que divertissant et assez sauvage. Tommy Wirkola sait tenir une caméra, ses bastons sont lisibles, le montage instaure une rythmique soutenue et le tout sait se montrer suffisamment généreux pour emporter la mise, sans trop de prétentions.
En Bref…
Seven Sisters n’a visiblement pas pour vocation de s’imposer comme une dystopie hyper fine propice à de multiples questionnements existentiels. Ce qu’il cherche manifestement, c’est exploiter son postulat pour orchestrer une montée en puissance faite de bourre-pifs bien brutaux et autres retournements de situation plus ou moins malins. Au final, ça fonctionne, on ne s’ennuie pas et la performance de Noomi Rapace est totale.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : SND