[Critique] SHANG-CHI ET LA LÉGENDE DES DIX ANNEAUX
Titre original : Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Destin Daniel Cretton
Distribution : Simu Liu, Tony Leung Chiu-wai, Awkwafina, Ben Kingsley, Michelle Yeoh, Meng’er Zhang, Benedict Wong…
Genre : Fantastique/Aventure/Action/Adaptation/Saga
Durée : 2h12
Date de sortie : 1er septembre 2021
Le Pitch :
À San Francisco, le jeune Shang-Chi mène une vie sans histoire. Un jour néanmoins, sa sœur restée en Chine lui envoie une lettre plutôt mystérieuse. Dans la foulée, il est pris pour cible par des individus qui en veulent au collier que lui a laissé sa mère. Bien décidé à comprendre de quoi il retourne, il décide de revenir au pays et de confronter son père qu’il a fuit des années plus tôt. Son géniteur qui est par ailleurs un puissant guerrier, gardien des dix anneaux, des artefacts au pouvoir dévastateur…
La Critique de Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux :
25ème film du Marvel Cinematic Universe, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux permet à Marvel d’aborder un genre jusque-là un peu délaissé : le film d’arts-martiaux. Une chance pour le studio qui peut ainsi faire souffler sur son univers partagé un vent de nouveauté et ainsi poursuivre le bouleversement qui a suivi le dénouement décisif d’Avengers : Endgame, dans lequel plusieurs héros de premier plan ont tiré leur révérence. Cela dit, ce qui est nouveau pour Marvel ne l’est pas du tout pour nous. Alors, Shang-Chi est-il au final une pâle copie des films d’arts-martiaux chinois ou s’impose-t-il comme une authentique bonne surprise ?
Le nouveau seigneur des anneaux
Encore une fois, Marvel est allé chercher un réalisateur issu du cinéma indépendant américain. En l’occurrence, c’est Destin Daniel Cretton (La Voie de la Justice, Le Château de verre, States of Grace) que l’on retrouve aux commandes et force est de reconnaître que contrairement à d’autres, ce dernier s’en est plutôt bien sorti. D’emblée Shang-Chi et La Légende des Dix Anneaux impose sa singularité en coupant les ponts avec le reste du MCU. C’est à peine si les événements du dernier Avengers sont évoqués durant la première partie. Comme si le film existait sans avoir à absolument raccrocher les wagons avec les précédentes productions de la firme. Dans la première moitié en tout cas…
Par la suite, Shang-Chi vient bel et bien se greffer au MCU, en réhabilitant notamment le Mandarin, quelque-peu malmené par Shane Black dans Iron Man 3, mais sans pour autant renoncer à son individualité. Ainsi, et c’est plutôt rare pour le souligner, le métrage s’impose comme une authentique et ambitieuse origin story qui, en l’état, n’a pas besoin des autres films pour sonner avec une certaine éloquence. En cela, Shang-Chi possède un début, un milieu et une fin et ne cherche jamais à servir la soupe à d’autres personnages que les siens.
Redemption song
En articulant son récit, somme toute basique, autour de la famille, Shang-Chi traite du deuil et de la rédemption, adoptant une tonalité plutôt adulte. Même si les incontournables touches d’humour à la Marvel restent présentes, notamment à travers le personnage d’Awkwafina (par ailleurs excellente). Le héros pour sa part, est suffisamment attachant pour encourager l’empathie et le méchant est plus complexe qu’à l’accoutumée. Dommage alors que dans sa dernière partie, bien décidé à envoyer du bois et à nous en mettre plein les yeux, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux se laisse un peu aller.
Bastons et Dragons
Visuellement, rien à redire. Dès la première baston, dans un bus lancé à pleine vitesse dans les rues escarpées de San Francisco, Shang-Chi démontre d’une bravoure indéniable. Les affrontements sont lisibles, ambitieux et spectaculaires. Au premier plan, Simi Liu parvient à imposer une vraie présence. Ce dernier est par ailleurs à l’aise dans tous les registres. Tant pis alors si parfois, les effets spéciaux semblent un peu brouillons car au fond, ça s’arrange par la suite.
Jamais meilleur que lorsqu’il rend hommage au cinéma d’arts-martiaux, avec ses chorégraphies complexes et percutantes et ses touches d’onirisme, Shang-Chi est même parfois carrément audacieux dans son approche de son sujet. Mais voilà, comme évoqué plus haut, la dernière partie tombe dans les vieux travers Marvel et s’apparente à une orgie numérique un peu plus indigeste. Même si attention, il est toujours sympa d’assister à ce genre de grandes bastons. Le problème, c’est que Shang-Chi nous avait habitué jusqu’alors à des affrontements plus lisibles et plus inventifs. Quand il rentre dans le rang et semble pressé de conclure, le film se réfugie derrière des clichés un peu voyants mais heureusement, cela n’amoindrit pas trop son impact global.
Family business
Plutôt simple dans son déroulé, habité de personnages parfois limités car répondant à des lieux communs un peu rincés, mais esthétiquement ambitieux et quoi qu’il en soit très efficace et impressionnant, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux fait mine de rien beaucoup de bien au MCU. La première aventure solo du premier maître des arts-martiaux de chez Marvel figure sans problème parmi les plus belles réussites récentes de la firme. Reste à voir maintenant si le personnage ne sera pas relégué au second plan par la suite, comme certains autres avant lui…
En Bref…
Visuellement ambitieuse, cette origin story brille par la virtuosité et de ses bastons et par son univers foisonnant. De quoi faire passer la pilule d’un scénario un peu convenu mais néanmoins honnête…
@ Gilles Rolland