[Critique] SPENCER

CRITIQUES | 13 février 2022 | Aucun commentaire
Spencer-poster

Titre original : Spencer

Rating: ★★★★½

Origines : États-Unis/Royaume-Uni/Allemagne/Chili

Réalisateur : Pablo Larraín

Distribution : Kristen Stewart, Sally Hawkins, Sean Harris, Timothy Spall…

Genre : Drame

Durée : 1h51

Date de sortie : 17 janvier 2022 (Prime Video)

Le Pitch :

En 1991, alors que la famille royale d’Angleterre fête Noël au sein de la Sandringham House, dans le comté de Norfolk, Diana Spencer, au plus mal, se prépare à mettre un terme à son mariage avec le Prince Charles…

La Critique de Spencer :

Un peu plus de 5 ans après s’être intéressé au destin d’une Jackie Kennedy Onassis brisée suite à l’assassinat de JFK, le réalisateur chilien Pablo Larrain a décidé de dédier un film à Diana Spencer. Le film en question, écrit par Steven Knight, s’intéresse tout particulièrement aux trois jours ayant précédé la séparation de Lady Di avec le Prince Charles. Alors, Spencer, qu’est ce que ça vaut ?

Spencer-Kristen-Stewart

Ultime épreuve

Film complexe, aussi audacieux que surprenant, Spencer débute sur une route isolée de la campagne anglaise. Au volant de sa voiture décapotable, Diana Spencer cherche son chemin. Confuse, elle finit par s’arrêter dans un restaurant pour demander où elle se trouve. Cette irruption dans le « monde réel », pour elle qui, depuis des années, n’a plus connu que les salons feutrés et les châteaux de la famille royale, est lourde de sens. Sans aucun repère, comme flottant au-dessus de son existence, elle dérive.

Dès lors, Pablo Larraín n’a de cesse de traduire à l’écran la détresse d’une femme qui tente par tous les moyens de reprendre le contrôle de sa vie. Trompée, réduite au silence, humiliée, Diana est à un tournant de son existence et ses décisions, elle le sait, vont provoquer un bouleversement de taille au sein de la royauté. Sans attendre ni essayer de cadrer avec les canons du genre, un peu à l’image de Yórgos Lánthimos avec l’incroyable La Favorite, Pablo Larraín choisit la tangente et utilise une grammaire cinématographique pour le moins surprenante afin de traduire à l’écran la douleur doublée de détermination de Lady Di, alors qu’elle s’apprête à reprendre son envol vers la liberté.

Direction la sortie

Perdue au milieu d’une famille programmée par un protocole étouffant, que le réalisateur décrit avec une froideur clinique, en opposition avec la chaleur des sentiments d’une mère pour ses enfants et son ardent désir d’émancipation, Spencer nous plonge dans un cauchemar de plus en plus inextricable. Pour arriver à ses fins, Pablo Larraín n’hésite pas à donner à son film une patine presque horrifique, jouant avec les codes pour distordre la réalité. Sa Diana est littéralement assaillie et scrutée de toutes parts, à l’intérieur du château ou à l’extérieur, alors que la mémoire de ce lieu chargé d’histoire se raconte à elle par l’intermédiaire de fantômes qu vont petit à petit, presque contre toute attente, lui donner de la force.

Les apparitions d’Anne Boleyn, l’épouse d’Henri VII, celles de la reine Victoria, la laborieuse progression dans la maison d’enfance de Diana, que la famille royale a barricadée, quand Lady Di tente de rallier l’étage pour se retrouver dans sa chambre alors que le sol se dérobe littéralement sous ses pieds, pendant que Jonny Greenwood égraine des notes qui soulignent l’angoisse croissante… le long-métrage encourage autant de compassion que de frissons, d’angoisse que d’espoir.

A star is born

Immersif, surprenant, difficilement accessible même, dans son premier quart, Spencer parvient à magnifiquement dresser le portrait d’une femme dont la voix a si longtemps été étouffée. Au milieu de cette lutte pour la liberté, Kristen Stewart, magnifique, brille de mille feux. Avec sa voix, au début, tremblotante, mais amenée à gagner en puissance, l’actrice, très loin de sa zone de confort, livre le genre de performance qui ne peut pas laisser indifférent. Parvenant à traduire une véritable force, totalement au service de son personnage, qu’elle nourrit de son talent, Kristen Stewart livre à n’en pas douter la performance de sa carrière. Si Spencer est aussi bon et aussi touchant, c’est en grande partie grâce à elle.

En Bref…

Porté par une Kristen Stewart exceptionnelle, Spencer déconcerte autant qu’il fascine. À la croisée des genres, empruntant tout aussi bien au film d’horreur qu’au drame pur et dur, ce récit des trois derniers jours de la vie de Lady Di au sein de la famille royale impressionne en permanence. Un vrai tour de force.

@ Gilles Rolland

Spencer-Kristen-Stewart-billard
Crédits photos : Neon
Par Gilles Rolland le 13 février 2022

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