[Critique] THE BATMAN

CRITIQUES | 2 mars 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : The Batman

Rating: ★★★½☆

Origine : États-Unis

Réalisateur : Matt Reeves

Distribution : Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Colin Farrell, Jeffrey Wright, Andy Serkis, John Turturro, Peter Sarsgaard…

Genre : Thriller/Action/Adaptation

Durée : 2h55

Date de sortie : 2 mars 2022

Le Pitch :

Alors qu’il entame sa deuxième année dans le costume de Batman, Bruce Wayne enquête sur une série de meurtres mystérieux, perpétrés par un individu adepte d’énigmes en tous genres. Confronté à la pègre de Gotham City, le jeune homme ne va pas tarder à découvrir des secrets liés à ses propres origines…

La Critique de The Batman :

Nouveau retour à la case départ pour le chevalier noir de Gotham City, cette fois-ci sous la houlette de Matt Reeves, le réalisateur de Cloverfield et des deux derniers volets de La Planète des Singes. Terminé le Batman un peu bourrin de Ben Affleck et bienvenue à un Batman encore plus torturé, en proie à des ennemis nés dans les méandres du passé trouble de sa propre famille. Un Batman évoluant dans une ville encore plus tentaculaire, rongée par la corruption et le crime organisé. Alors The Batman, qu’est-ce que ça donnne ?

Something in the Way

Le ton est donné très rapidement. Un meurtre atroce est commis. Batman fait les présentations à travers une voix off grave qui prend la forme d’une note d’intention. Alors que tous les précédentes adaptations du comic book de Bill Finger et Bob Kane avaient plus ou moins éludé cet aspect, le héros redevient ici un enquêteur de génie, dont l’esprit de déduction lui est au moins aussi utile que sa force physique (par ailleurs moindre) et ses gadgets. Plongé dans une ambiance évoquant les références du film noir, confronté à un ennemi retors, Batman hante les rues de Gotham à la recherche d’indices, en tandem avec Jim Gordon, un inspecteur pas encore commissaire. L’un de ses seuls alliés.

On sent clairement la volonté de Matt Reeves de reconnecter le personnage avec une partie de ses nobles origines, afin de ne pas jouer sur la redite par rapport aux films précédents. Si Christopher Nolan avait choisi la carte du réalisme crépusculaire et que Zack Snyder s’était tout de même davantage rapproché de l’ambiance des plus sombres des comics, Matt Reeves lui, opte pour l’hyper réalisme et expose les faiblesses de Batman, qu’il met en corrélation avec ses forces. La chauve-souris n’est plus une bête d’action mais un stratège qui ne privilégie plus forcément les interventions musclées.

Emo Batman

Bruce Wayne de son côté, broie du noir. Plutôt délaissé, au profit de Batman, le personnage ne se dévoile pas beaucoup, si ce n’est vers la fin, quand la vérité lui éclate au visage, face à un brillant John Turturro dans la peau d’un chef mafieux. D’une certaine façon, Matt Reeves semble avoir tenu à un peu démystifier Batman pour en faire un héros plus tangible. C’est simplement un homme vêtu d’une armure qui fait ce qu’il peut pour contrer le crime mais qui, comme tous les hommes, échoue parfois. Un aspect déjà abordé par Christopher Nolan mais ici encore plus prononcé. Si Reeves iconise le personnage, il le rend plus terre-à-terre et ne s’attarde pas non plus sur son environnement. Oubliez le manoir Wayne et la Bat Cave. Ici, Bruce Wayne vit dans un immeuble, au milieu de Gotham. Oubliez la Batmobile hyper perfectionnée que Batman a troqué contre une voiture de sport certes un peu modifiée mais néanmoins plus discrète que celles de ses prédécesseurs.

The-Batman-Robert-Pattinson

Noir c’est noir

Le problème, c’est que si les intentions sont claires et louables, qui consistent, pour résumer, à ne pas faire toujours faire le même Batman, le film pèche par une écriture redondante. Batman trouve un indice, il le déchiffre, parfois aidé par un Alfred très effacé, il en trouve un autre puis se rapproche un peu plus de son but, entre deux scènes qui s’étirent trop en longueur et de rares séquences d’action heureusement souvent enthousiasmantes. Lentement mais sûrement, l’écriture de ce nouveau Batman trouve ses limites dans ses trop nombreuses répétitions. Et c’est long. Beaucoup trop long. Peut-être qu’avec une heure en moins, The Batman aurait sonné avec plus d’efficacité. Ici, et c’est vraiment son principal défaut, il ennuie plus qu’il ne passionne. Et puis la noirceur c’est bien beau, mais au bout d’un moment, quand elle tourne à la posture, c’est un peu plus gênant. Oui Bruce Wayne est torturé et oui on pige que Matt Reeves a voulu proposer quelque chose d’un peu nouveau mais globalement, ça ne fonctionne pas tout le temps.

On regrette également la relation un peu ratée entre Batman et Catwoman. Dommage car Zoë Kravitz est parfaite dans le rôle. Le Pingouin, incarné par un génial Colin Farrell, vraiment méconnaissable, est lui aussi assez mal exploité et Paul Dano en fait vraiment des caisses. Ce qui tranche avec la délicatesse parfois un peu hors-sujet qui caractérise le reste du métrage. Finalement, parmi les personnages dits secondaires, seul Jeffrey Wright parvient à vraiment tirer son épingle du jeu en Jim Gordon. Et Robert Pattinson ? Il ne déçoit pas. Si son Bruce Wayne manque d’épaisseur, faute à une partition conséquente, son Batman impressionne. Pas autant que celui de Christian Bale, qui joue dans le même registre, mais il impressionne quand même. Le pari que l’acteur a dû relever était de taille et on peut dire qu’il a accompli sa mission avec un brio indéniable.

Dans le ventre de la bête

Émaillé par de gros soucis d’écriture, marqué par un rythme en dents de scie, trop long et trop lancinant, The Batman est heureusement très réussi sur un plan purement visuel. S’imposant sans cesse comme l’un des cinéastes les plus doués du moment, Matt Reeves n’a pas loupé le coche. Aidé par une photographie sublime, il nous gratifie de séquences vraiment magnifiques et parvient imposer son style, là encore sans singer ses prédécesseurs. Son Batman, s’il n’est pas aussi retentissant qu’espéré, s’impose au moins comme une authentique réussite graphique.

En Bref…

Trop long, marqué par de gros soucis d’écriture, redondant et manquant de nuances, ce nouveau Batman reste visuellement impressionnant. Un film qui a le mérite de vouloir rompre avec les autres adaptations du comics culte mais qui parfois, se prend un peu les pieds dans la cape.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Warner Bros. France
Par Gilles Rolland le 2 mars 2022

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