[CRITIQUE] THE FLASH
Titre original : The Flash
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Andrès Muschietti
Distribution : Ezra Miller, Michael Keaton, Sasha Calle, Michael Shannon, Ben Affleck, Maribel Verdú, Ron Livingston, Kiersey Clemons, Saoirse-Monica Jackson, Jeremy Irons…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Action/Adaptation/Suite/Saga
Durée : 2h25
Date de sortie : 14 juin 2023
Le Pitch :
Barry Allen, alias Flash, décide de remonter le temps en dépassant la vitesse de la lumière afin de sauver la vie de sa mère. Malheureusement pour lui, il détraque au passage le multivers et se retrouve dans une réalité alternative où il doit coopérer avec son double pour tenter de remettre les choses dans le bon ordre…
La Critique de The Flash :
Dans une scène clé de The Flash, Barry Allen se dit à lui-même que certains problèmes n’ont pas de solution et que dans ces cas précis, et bien il faut savoir renoncer. Les pontes de la Warner eux, pourtant, n’ont pas renoncé quand les difficultés ont commencé à méchamment s’accumuler alors qu’ils tentaient d’orchestrer le film centré sur les premières aventures solo de Flash. Un projet né en 2004, qui a vu défiler au moins trois réalisateurs et nécessité l’intervention, attention les yeux, de quelques 45 scénaristes pour finalement arriver sur nos écrans. Sans oublier les polémiques liées à Ezra Miller, qui s’est tristement illustré à travers diverses agressions et autres comportements malsains, avant de faire l’objet d’une réhabilitation de la part du studio. Miller ayant suivi une thérapie qui a encouragé la Warner à ne pas le remplacer mais à « simplement » l’écarter quelque peu de la promo.
The Flash qui, pour rappel, est devenu entre temps le film charnière permettant de rebooter le DC Universe en attendant l’arrivée aux commandes de James Gun et Peter Safran. Les deux hommes ayant prévu de tout refaire à leur sauce avec un nouveau Superman, un nouveau Batman, etc… Même si nous aurons d’ici là aussi droit à un nouvel Aquaman et à Blue Beetle, un truc un peu bizarre sur un type qui se transforme en scarabée pour sauver le monde ou quelque chose du genre.
Flash dans le multivers
D’habitude, quand je vais au cinéma, j’aime bien quand c’est calme. Pourtant, j’admets avoir été galvanisé par la séance de Spider-Man : No Way Home, où le public ne cessait de crier à la moindre apparition d’un personnage surprise. No Way Home qui exploitait donc à fond les ballons le principe du multivers en invitant dans le MCU les précédentes incarnations de Peter Parker ainsi que quelques méchants issus des films de Sam Raimi. Succès fracassant au box-office, ce Spider-Man a inspiré le DCU qui a donc décidé d’utiliser le personnage de Flash pour dérégler à son tour le multivers, histoire de multiplier les surprises. Certaines, comme la présence du Batman de Michael Keaton, ayant été éventées pendant la promotion histoire de faire monter la pression.
Batmen et Supermen
Pourtant, hier soir, la salle, à moitié pleine, n’a pas spécialement réagi devant les nombreuses apparitions surprises que réserve The Flash. C’est tout juste si le dernier caméo, l’un des plus savoureux, a déclenché quelques rires. Les fans commenceraient-ils déjà à se lasser du multivers ? Peut-être… Mais il faut dire que pour le coup, contrairement à Spider-Man, qui était parvenu à conserver une certaine fraîcheur, The Flash sent un peu le réchauffé. Pire encore, les surprises, avec le Batman de Tim Burton, Supergirl et compagnie, ne semblent faire office que de petites sucreries balancées aux fans pour leur faire oublier que finalement, dans The Flash, en dehors de Flash lui-même, aucun personnage n’a vraiment de poids.
Flash and Furious
The Flash rend nostalgique. En convoquant des figures emblématiques, comme le Batman de Keaton donc, le film nous rappelle que désormais, les scénaristes, aussi nombreux soient-ils, poussés par des costards-cravates surtout motivés par les profits, n’inventent plus mais recyclent. The Flash est ainsi le parfait exemple du film qui ne se construit que sur le travail des autres. L’originalité, si tant qu’elle soit un tant soit peu présente ici, ne consistant qu’à assembler différentes pièces pour créer une surprise qui ne suffit pas à conférer à l’ensemble la cohérence souhaitée.
Non content de rameuter des personnages connus, de faire se croiser le Batman de Ben Affleck avec celui de Keaton, tout en convoquant plein d’autres invités surprises, The Flash vient raccrocher les wagons avec Man of Steel, dont il vole le méchant (Zod, incarné par Michael Shannon). Un bad guy dont la présence limite considérablement la portée du film dans son ensemble.
Car au fond, si on fait bien attention, on s’aperçoit vite que toute l’histoire autour de Batman et de Supergirl, avec les deux Barry Allen et les autres caméos, ne mène nulle-part et que fatalement, tous les héros, à part Flash, ne servent pas à grand chose. C’est d’autant plus regrettable que Michael Keaton et Sasha Calle semblent prendre beaucoup de plaisir. Le premier brillant se mille feux en vieux Bruce Wayne/Batman alors que la seconde fait montre d’un charisme à toute épreuve dans la combinaison de la super-héroïne de Krypton.
Le Flash entre deux chaises
Aux commandes, Andrés Muschietti (le diptyque Ça) a aussi bien du mal à imposer son style. D’un côté bloqué dans un univers en majeure partie façonné par Zack Snyder mais motivé par la nécessité d’aller de l’avant, le metteur en scène pédale un peu dans la semoule et n’arrive à sortir son épingle du jeu qu’en de rares occasions, dans l’action notamment, même si les effets numériques plutôt décevants et la laideur globale de la production design lui mettent de sérieux bâtons dans les roues. Il suffit de voir la façon dont Flash remonte le temps, au cœur d’un décorum factice et criard, pour se convaincre que le long métrage reste très brouillon et parfois carrément moche.
Mais… Car oui il y a un mais. The Flash ne m’a pas ennuyé pour autant et finalement, j’ai plutôt passé un bon moment. Grâce à une stratégie qui consiste à empiler les couches, à balancer des trucs dans tous les sens pour noyer le poisson et à se montrer aussi généreux que possible, le film parvient à être divertissant.
Portant en lui les stigmates d’une production cauchemardesque, il limite pourtant les dégâts grâce à quelques bonnes idées mais aussi à l’émotion qui se dégage de sa trame principale. Et puis il faut bien avouer que quelques-unes des surprises proposées (une en particulier) n’ont pas manqué de me ravir, sans pour autant parvenir à effacer l’arrière-goût général de rendez-vous manqué.
En Bref…
Problématique à des bien des niveaux, en premier lieu à cause des polémiques relatives à son interprète principal, visuellement brouillon et souvent incapable de pleinement exploiter son concept, se reposant un peu trop sur le multivers, ici plutôt artificiel, The Flash se montre en revanche surprenant quand il convoque une émotion tangible. Un film qui s’apprécie comme un roller-coaster généreux en surprises, dont certaines sont vraiment réussies, porté par des acteurs solides et caractérisé, mais c’était la moindre des choses, par son rythme frénétique. Pour résumer, oui c’est léger et bancal mais on ne s’ennuie pas.
@ Gilles Rolland