[Critique] THE RIDICULOUS 6
Titre original : The Ridiculous 6
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Frank Coraci
Distribution : Adam Sandler, Rob Schneider, Jorge Garcia, Taylor Lautner, Terry Crews, Nick Nolte, Will Forte, Steve Zahn, Luke Wilson, Nick Swardson, Danny Trejo, Vanilla Ice, Steve Buscemi, Dan Aykroyd, Jon Lovitz…
Genre : Western/Comédie
Date de sortie : 11 décembre 2015 (sur Netflix)
Le Pitch :
Tommy n’a jamais connu son père. Élevé par les indiens après être devenu orphelin, il a ainsi adopté leurs coutumes et appris à manier les couteaux comme personne. Un jour, un vieux hors-la-loi se présente et affirme être le véritable géniteur de Tommy, juste avant de se faire kidnapper par une bande de gangsters. Dès lors, le jeune homme n’aura qu’un but : sauver le père qu’il vient de retrouver. Ainsi débute une aventure durant laquelle Tommy va se découvrir 5 frères, tous plus différents les uns des autres, qui vont l’épauler courageusement dans sa tache…
La Critique :
Après The Magnificent Seven, de John Sturges (Les Sept Mercenaires) et avant The Hateful Eight, de Quentin Tarantino (Les Huit Salopards), voici The Ridiculous 6, de Frank Coraci ! Et qui dit Coraci, dit forcément Adam Sandler, vu que ce dernier figure au casting de sept films sur les neuf que compte la filmographie du réalisateur. Sandler qui change de stratégie, en sortant ce film directement sur Netflix, après avoir signé un deal juteux pour plusieurs longs-métrages. L’occasion pour nous français, de voir le film en même temps que les États-Unis, et donc de ne pas être victime du peu de popularité de Sandler dans l’Hexagone, où ses films se font massacrer, ne remplissent pas les salles ou ne sortent pas du tout (on attend toujours The Cobbler).
Voir Sandler se frotter à un genre aussi fondateur que le western avait de quoi attiser la curiosité, même si il était évident que le résultat se rapprocherait davantage de Cactus Jack que d’Il était une fois dans l’Ouest. Dans les faits, c’est effectivement le cas, et ce n’est pas la tronche en biais de Steve Zahn dans la première scène qui rassurera spécialement ceux qui pensaient peut-être que Sandler allait mettre la pédale pouce au niveau de son humour. Car The Ridiculous 6 encouragera probablement des spectateurs peu enclins à regarder les films de l’acteur, pour la simple raison qu’il met en avant une distribution impressionnante au sein de laquelle s’agitent des légendes du cinéma américain (Harvey Keitel, Nick Nolte, Steve Buscemi), quelques fiers représentants de la scène comique (Will Forte, Luke Wilson) ou encore la quasi-totalité des membres de l’équipe d’Adam Sandler (Rob Schneider, Nick Swardson, Vanilla Ice, Jon Lovitz…). Le tout agrémenté de quelques « on ne sait pas trop ce qu’il est venu faire ici » comme Jorge Garcia, de la série Lost, et Taylor Lautner, le loup-garou de Twilight, ici transformé en bouseux bigleux. Sans oublier Terry Crews, la tornade baraquée de la comédie U.S., aussi à l’aise dans l’action bourrine que dans les trucs farfelus, où son goût pour l’auto-dérision fait mouche à chaque fois. Une véritable dream team derrière Adam Sandler, qui fait ainsi encore plus de l’œil aux références du western citées plus haut, dans lesquelles figurent également une multitude de noms connus et prestigieux.
Comme c’est souvent le cas chez Sandler, pas la peine de penser à regarder The Ridiculous 6 si on ne goûte pas à son humour. Nous avons ici à faire à un produit pur jus. À un truc bien gras, au sein duquel fusent les vannes bas de plafond et les gags pipi-cas qui tachent. Pour les amateurs, par contre, c’est à nouveau un festival. À l’instar des récents longs-métrages du comédien, ce western qui est une parodie sans vraiment en être une, gagne sur la longueur. Il faut un peu de temps pour rentrer dedans tant les premières scènes brillent surtout par leur lourdeur. Sandler nous a à l’usure. À force d’enchaîner les situations débiles. Difficile de ne pas se laisser happer par ce spectacle certes très très con, mais aussi, comme à chaque fois, sincère et dénué du moindre cynisme. L’abattage est tel et la bonne humeur si contagieuse que le temps file devant cette réunion cinq étoiles propulsée par un esprit intègre en somme toute assez rare. Oui, intègre car au final, succès ou pas, Sandler continue de faire ce qu’il aime. Moins populaire au cinéma ces derniers temps, y compris sur ses terres, il déboule sur Netflix pour garder une liberté de ton et continuer ses gamineries jubilatoires.
Le problème de la démarche est qu’il ne force pas trop non plus. Il garde toujours le bon rôle, s’appuie sur les mêmes mécanismes et, dans le cas présent, ne profite pas des masses du contexte pour verser un tant soi peu dans la nouveauté.
Cela dit, Frank Coraci lui, en profite pour donner un peu plus de souffle à sa mise en scène, en sublimant notamment les superbes paysages. Même sentence pour Dean Semler, le directeur de la photographie, dont le boulot contribue à conférer à The Ridiculous 6 un surplus de prestige plutôt bienvenu.
Ne respectant pas grand chose, ni personne (Mark Twain et Wyatt Earp sont représentés comme de bons gros beaufs), The Ridiculous 6 y va franchement. Tout le monde est sur la même longueur d’onde et il est flagrant qu’il prennent tous, Harvey Keitel comme Steve Buscemi, un plaisir évident à lâcher la bride et à se laisser aller au rythme d’un scénario crétin au possible. En cela, The Ridiculous 6 tient ses promesses. Il ne va pas chercher midi à quatorze heures, ne se prend pas la tête non plus, et s’adresse avant tout à un public quasiment conquis d’avance.
@ Gilles Rolland