[Critique] THE RUNNER
Titre original : The Runner
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Austin Stark
Distribution : Nicolas Cage, Sarah Paulson, Connie Nielsen, Peter Fonda, Wendell Pierce…
Genre : Drame
Date de sortie : 8 avril 2016 (DTV)
Le Pitch :
2010. Le plate-forme pétrolière Deepwater Horizon de BP explose au large des côtes de la Louisiane, libérant des millions de litres dans l’océan. Une catastrophe écologique sans précédent aux États-Unis, qui pousse un politicien local à prendre parti pour les victimes. Cependant, sa vie privée, chaotique, ne va pas lui faciliter les choses pour faire entendre sa voix…
La Critique :
Retour en 2005 : Andrew Niccol décide de transformer Nicolas Cage en trafiquant d’armes dans Lord of War. Un film éloquent, aussi terrifiant que tendu, focalisé sur une problématique extrêmement grave. L’occasion pour Cage de livrer une de ses performances borderline, qui ont contribué à bâtir sa légende.
Un acteur qui d’ailleurs toujours aimé s’engager. Pas étonnant donc de le retrouver à la tête de The Runner, un long-métrage centré sur la tragédie écologique qui découla de l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, dans la peau d’un politicien idéaliste lancé dans une croisade contre la toute-puissance des grands groupes et des lobbys d’une industrie dévorante à plus d’un titre. Sur le papier, il n’y a pas à dire, The Runner s’annonçait rudement bien.
Dans les faits, malheureusement, c’est la déception. Tout commence pourtant sous les meilleurs auspices. Un Cage sobre et concerné (comme toujours, une des ses grandes qualités), un scénario qui prend à bras le corps un événement d’envergure, des acteurs fréquentables… The Runner a pourtant vite fait de prendre la tangente, pour s’enfoncer dans un marasme qui traduit sa condition de DTV anecdotique. C’est d’ailleurs plutôt étrange. On comprend vite ce que le réalisateur/scénariste Austin Stark a voulu accomplir, mais on pige tout aussi rapidement, qu’il s’est planté dans les grandes largeurs. En se focalisant de plus en plus sur la vie privée de son personnage principal, le long-métrage perd de vue l’essence même de son postulat. Précisément ce qui lui aurait permis de s’extirper de la masse et de s’imposer avec force aux côtés des grandes œuvres militantes, qui ont su dénoncer des injustices ou mettre en évidence des scandales, sans cesser pour autant de briller par leur cinématographie.
Finalement, The Runner n’a ni l’un ni l’autre. Il fait mine de parler du scandale de la marée noire provoquée par BP en 2010 mais ne rentre pas vraiment dans le vif du sujet, survolant en permanence, de peur peut-être d’y aller franchement. Quand il nous cause de son personnage central, il échoue aussi et ne parvient pas à extirper l’émotion qui aurait pu faire la différence. Pour couronner le tout, The Runner ressemble à un téléfilm de luxe, avec sa mise en scène dénuée d’audace.
Heureusement, Nicolas Cage est là. Lui, il ne faiblit jamais, y compris quand le scénario avec lequel il doit composer ne lui facilite pas la tâche. On le sait, l’acteur tourne beaucoup pour éponger ses dettes. Le plus rock and roll des comédiens n’est pas trop regardant quant à la qualité des films qu’il accepte, mais ne prend jamais à la légère ses rôles. Une façon pour lui d’essayer d’incarner des œuvres, quelles qu’elles soient, pour peut-être leur permettre, à l’arrivée, de ne pas se prendre le mur. La plupart du temps, il y arrive. Comme ici. Dans The Runner, Cage fait de son mieux. Comme Connie Nielsen, Sarah Paulson et Peter Fonda. Leur présence offrant au métrage un petit prestige pas superflu. Mais malgré tout, cela ne suffit pas…
En fait, The Runner n’est pas un mauvais film. Il est juste cruellement insignifiant et plutôt lénifiant. Rien ne se passe de très palpitant et parfois, c’est même à se demander pourquoi le réalisateur semble vouloir à tout prix esquiver tout ce qui aurait pu lui permettre de donner un peu de piquant à son histoire. Car c’est bien ça le plus gros problème : en faisant mine de parler de quelque chose de grave, de son époque et de thématiques plus intimistes, comme le couple, le désir de rédemption et l’ambition, ce film reste à la surface. Il n’ose pas, fait juste semblant et c’est dommage.
@ Gilles Rolland