[Critique] THE WARD
Titre original : The Ward
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : John Carpenter
Distribution : Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker, Laura-Leigh, Lyndsy Fonseca, Jared Harris, Sali Sayler, Sean Cook, Sydney Sweeney, Mika Boorem, Milos Milicevic…
Genre : Épouvante
Date de sortie : 1er février 2012 (DTV)
Le Pitch :
Kristen, une jeune femme instable au passé mystérieux, est internée dans un hôpital psychiatrique. Très vite, elle remarque que l’établissement est sous le joug du fantôme d’une ex-pensionnaire…
La Critique :
Présenté en festivals mais promis à un avenir modeste, le dernier film de John Carpenter arrive comme prévu sur nos terres sans passer par la case « salles obscures ». C’est quand même un peu triste vu la réputation du maitre mais en même temps si symptomatique de la situation du cinéma de genre aujourd’hui. Les Masters of Horror ont la vie dure ! Quand ils ne se tirent pas à plusieurs reprises dans le pied, comme Romero (Survival of the Dead, Diary of the Dead, etc… what else ?), ils se retrouvent relégués au second plan par une industrie ingrate.
C’est donc le cas de John Carpenter, illustre cinéaste absolument culte et génial, responsable de quelques-uns des plus grands chef-d’œuvres de la catégorie. Et si face à The Thing, Fog, Halloween, Vampires ou encore L’Antre de la folie, The Ward fait un peu pâle figure, il serait dommage de se priver des frissons fort distrayants qu’il procure.
Avec The Ward, Carpenter se la joue donc un peu pépère. Le maestro revient par la petite porte. Cependant tout est relatif tant la petite porte de Big John ressemble à la porte d’entrée de beaucoup d’autres apprentis réalisateurs. Loin de se déshonorer, Carpenter s’adonne à un exercice familier, sur un mode un peu « automatique », sans créer la surprise, mais en imprimant via quelques scènes pas piquées des vers, la pellicule de sa patte inimitable. Craspec et immersif, The Ward organise en bonne et due forme une plongée claustrophobique en milieu psychiatrique. À mi-chemin entre Une Vie Volée, Vol au-dessus d’un nid de coucou et The Ring ou Dark Water (sans l’eau cependant), The Ward pioche à droite et à gauche pour se finir plus ou moins habilement dans une pirouette un poil tirée par les cheveux. Le déroulement est plus maitrisé et réserve quant à lui de bonnes surprises. Carpenter sait toujours s’y prendre pour créer une atmosphère et si le film est aussi constellé de frissons un peu faciles, beaucoup d’autres moins évident sont plus efficaces.
Honnête série B que l’on espère synonyme d’échauffement avant un vrai retour au charbon, The Ward reste une bonne nouvelle. Car de nos jours, les films sincères comme celui-là ne courent pas les rues. On assiste trop souvent à des mises à mort du genre, orchestrées par des tacherons complètement foutraques, juste intéressés par l’appât du gain. Et là, on parle précisément de Saw et cie, ne vous-y trompez pas.
The Ward n’a rien en commun avec ces insultes au bon goût et à la bien séance. De plus, le film de Carpenter est à des lieux de Sucker Punch auquel on l’a comparé plusieurs fois. C’est très simple : The Ward = modeste trip horrifique rétro fort sympathique / Sucker Punch = gros trip bordélique et mégalomaniaque. Alors oui, dans les deux films, les héroïnes débarquent dans un asile mais c’est tout. Car Big John, même en pilotage semi-automatique continue d’appliquer des bonnes vieilles recettes ancestrales qui envoient du bois, alors que Snyder compile de vieux clichés de la culture geek sur fond de musique faussement originale mais vraiment pourrie. Voilà qui fait toute la différence entre Sucker Punch et The Ward !
The Ward est donc un bon film, qui ne pète pas plus haut que son cul. Cousin dans la démarche d’un bon vieux Creepshow car habité par un esprit 80’s savoureux, le long-métrage appelle une certaine indulgence. Un sentiment inhérent à une distribution girly plutôt stimulante.
En tête de liste, l’incontournable Amber Heard, qui, dans le rôle titre, fait preuve d’une pugnacité à toute épreuve. Toujours très à l’aise dans le registre horrifique (après une brève apparition dans Zombieland et surtout après le fantastique Tous les garçons aiment Mandy Lane, film vite repéré par le radar de Carpenter), Amber Heard impose une nouvelle fois son charme tenace et une présence indéniable. On saluera Big John d’avoir confié le premier rôle à la jeune actrice. Le vieux briscard a l’œil. Ce même œil (allié à une paire de « cojones » plutôt énormes) qui avait décidé de confier le premier rôle d’Invasion L.A au catcheur Rowdy Pipper et qui avait planté Snake Plissken sur un surf dans son superbement décomplexé Los Angeles 2013. Pas de doute : Big John est de retour ! Ici, il ne signe pas la musique ni le scénario contrairement à son habitude. Il démontre juste qu’il fait toujours partie du paysage. Ceux qui ont grandi devant ses films le savaient déjà, les autres vont peut-être le (re)découvrir. À ces derniers, il est vivement conseillé de regarder dans le rétro. La carrière du bonhomme est impressionnante et The Ward s’y intègre plutôt bien.
Pas en tête de liste donc mais indéniablement racé !
@ Gilles Rolland
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