[Critique] TRIPLE ALLIANCE
Titre original : The Other Woman
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Nick Cassavetes
Distribution : Leslie Mann, Cameron Diaz, Kate Upton, Nikolaj Coster-Waldau, Nicki Minaj, Taylor Kinney, Don Johnson, David Thornton…
Genre : Comédie
Date de sortie : 18 juin 2014
Le Pitch :
Carly, une jeune avocate à qui tout réussit, file le parfait amour avec le beau Marc. Un homme qu’elle trouve beaucoup moins charmant lorsqu’elle apprend qu’il est marié. Lorsque la femme trompée et la maitresse malgré elle se rencontrent accidentellement, une amitié improbable voit le jour. Deux amies qui s’aperçoivent que leur Don Juan entretient une troisième relation avec une fille beaucoup plus jeune. Fille avec laquelle elles décident de prendre contact, afin d’organiser la plus terrible des vengeances. Marc n’a qu’à bien se tenir…
La Critique :
Imposant, rentre-dedans, tatoué, Nick Cassavetes est un sacré numéro. Fils des légendaires John Cassavetes et Gena Rowland, Nick est un enfant de la balle. Un type prédestiné à embrasser une carrière dans le cinéma. Et si possible en touchant à tout. Acteur, scénariste et producteur, Nick Cassavetes est néanmoins plus populaire pour ses réalisations. Une filmographie débutée derrière l’objectif, en 1996, pour un total de sept longs-métrages, relativement différents. On trouve presque de tout chez Cassavetes junior ! Du thriller (John Q, Alpha Dog), de la bonne vieille romance à l’ancienne et bien tire-larmes (N’oublie Jamais), du drame (She’s so lovely) et de la comédie. Résultat, pas de grosse réputation pour Nick. Un poil foutraque et dispersé, il reste pourtant l’un des plus honnêtes artisans du cinéma américain, et sous ce masque mainstream bien-pensant, se cache une âme plus turbulente qu’il n’y paraît.
Et c’est donc ce réalisateur, encore et toujours auréolé du monumental succès populaire de N’oublie Jamais, qui déboule avec Triple Alliance, soit une comédie américaine typique dont le but est de s’engouffrer dans le sillage ouvert il y a de cela quelques années par le culte Mes Meilleures Amies. On parle d’une comédie « girly ». D’un délire entre filles destiné au plus grand nombre, grâce à la présence d’une large partie des gimmicks bien connus du public, histoire de se sentir à la maison. Triple Alliance repose sur ce bon vieil enchaînement de gags un poil vulgaires. On retrouve l’épisode « biture avec vomi », et les allusions légèrement salaces et à nouveau, ce sont les filles qui tiennent les commandes. Tout spécialement ici, où il est question de la vengeance de trois femmes bafouées, bien décidées à trainer un beau gosse sans foi ni loi dans la boue, pour le plus grand plaisir du spectateur.
À aucun moment Triple Alliance ne prétend être autre chose qu’une comédie classique. Le décors bourgeois est connu, l’intrigue emprunte les codes du vaudeville, et les gags s’inscrivent donc dans la grande tradition de la gaudriole moderne. Ce qui fait la différence au fond, c’est cette triple alliance. Ces trois actrices qui font front face à l’homme. Et pour le coup, Triple Alliance a sorti la grosse artillerie avec un casting puissant et remarquablement bien pensé.
Il y a tout d’abord Cameron Diaz, la bombe confirmée de la comédie trash américaine, qui n’a jamais peur de se compromettre dans des situations graveleuses et embarrassantes, sans jamais se départir d’un sex appeal légendaire. Kate Upton pour sa part, qui fait ses véritables débuts au cinéma (après des apparitions dans Le Casse de Central Park et Les Trois Corniauds), incarne la bimbo nouvelle génération. Avec son physique ultra spectaculaire, Kate Upton en impose et surprend même par un jeu finalement convainquant et plus nuancé que prévu.
Cela dit, la véritable arme secrète de Triple Alliance reste Leslie Mann. L’épouse de Judd Apatow est, on le sait, l’une des comédiennes les plus drôles du moment. Vue dans En Cloque Mode d’Emploi ou encore dans 40 ans : Mode d’Emploi, cette comédienne se donne à 200 % et livre à nouveau ici, une performance remarquable car totalement dénuée de retenue. Terriblement drôle, elle tire le meilleur parti de son rôle de desperate housewives bafouée et vole littéralement la vedette à ses deux copines à chacune de ses apparitions. La vraie star du film, c’est elle et personne d’autre. Même si la complicité qui unit les trois actrices reste un argument de charme supplémentaire non négligeable.
En face, dans le rôle du salaud de service, Nikolaj « Jaime Lannister » Coster-Waldau, s’en donne à cœur joie. Pour lui, ce mari adultère représente la parfaite récréation entre deux saisons de Game of Thrones. Une pause qu’il exploite à merveille pour prouver à quel point il peut s’adapter, s’amuser et néanmoins éviter le hors-sujet. Y compris lors du dernier acte, quand il se lâche totalement.
Certes, Triple Alliance démontre d’un certain pilotage automatique de la part d’un réalisateur visiblement décidé à confier les clés de la baraque à ses actrices. Pas besoin d’en faire des caisses pour mettre en valeur ces trois copines. Délire gentillet, parfois très drôle, sexy, et la plupart du temps amusant, Triple Alliance ne révolutionne rien, mais s’acquitte avec bonne humeur de sa tâche. Le contrat est rempli et au fond, quand on sait à quoi s’attendre, il n’y a vraiment pas de quoi se plaindre…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox