[Critique] TRUE STORY

CRITIQUES | 20 septembre 2015 | Aucun commentaire
Rupert Goold

Titre original : True Story

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Rupert Goold
Distribution : Jonah Hill, James Franco, Felicity Jones, Maria Dizzia, Ethan Suplee, Gretchen Mol, Robert John Burke…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Date de sortie : 16 septembre 2015

Le Pitch :
Récemment renvoyé du New York Times, à la suite d’un scandale, le journaliste Michael Finkel se heurte à la frilosité des rédactions dans lesquelles il postule. Devenu pariât dans la profession, il entrevoit une chance de revenir au sommet lorsqu’il apprend qu’un homme venant d’être arrêté pour meurtre, a longtemps usurpé son identité. Décidé à comprendre, Michael prend contact avec l’assassin dans l’espoir de pouvoir produire un article. Histoire vraie…

La Critique :
C’est Brad Pitt, créateur de la maison de production Plan B, qui est venu trouver Jonah Hill avec le scénario de True Story. Un script adapté du bouquin écrit par l’ex-journaliste du New York Times que Hill doit incarner, qui relate une histoire vraie. En confiance, notamment parce qu’il a déjà bossé avec Pitt sur Le Stratège et qu’il entrevoit là l’occasion de sortir une nouvelle fois de sa zone de confort (la comédie), Hill accepte et se retrouve en face de son pote James Franco, avec lequel il a déjà partagé l’affiche de l’excellent C’est la Fin, d’Evan Goldberg et de Seth Rogen.

À la base du film donc, deux comédiens qui se connaissent bien, qui s’apprécient et qui n’ont donc pas beaucoup à faire pour instaurer une alchimie à l’écran, quand bien même cette fois-ci, il n’est pas question de jouer des potes réunis autour d’une intrigue destinée à déclencher des rires.
Derrière la caméra, Rupert Goold réalise son premier long-métrage, qu’il écrit également, après avoir gravité autour d’un univers très théâtral, en mettant en boite un épisode de la série Great Performances consacré à Macbeth et une mini-série centrée sur Richard II.
Et d’une certaine façon, True Story s’inscrit dans une logique théâtrale. Le lieu principal de l’action, à savoir le parloir d’une prison, où le journaliste et le tueur se retrouvent à de nombreuses reprises pour parler, est comme une scène. La réalisation, très sobre, se concentre sur les dialogues et sur les performances des acteurs. Jamais le réalisateur ne passe au premier plan. Il est discret et sert au mieux les intérêts des comédiens, pensant peut-être que l’histoire de son film est de toute façon assez éloquente en elle-même pour ne pas avoir besoin d’artifices. Un choix respectable, mais discutable au vu du résultat final, loin d’être mauvais, car True Story n’arrive pas à se détacher de cette condition un petit peu anecdotique. Sobrement orchestré, il souffre aussi d’un script assez plat, qui choisit de respecter son histoire, jusqu’à ne proposer aucun point de vue concret. À nous les spectateurs de nous faire notre opinion et débrouillez-vous avec ça.

True-Story-Jonah-Hill-Felicity-Jones

Dans le coin rouge, un ex-golden boy du journalisme, tombé de son trône à la suite d’un vilain scandale. Un arriviste fasciné par le mal qu’incarne son interlocuteur. Dans le coin bleu, un type sympathique. Un usurpateur d’identité accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants, qui nourrit des ambitions d’écrivain. Chacun cherche quelque chose chez l’autre. Le scribe voit une occasion de se racheter aux yeux de la profession avec un super article ou pourquoi pas un livre, et l’accusé aime se confier, apprendre les trucs pour faire progresser sa prose et a quoi qu’il en soit besoin de quelqu’un pour accéder à une sorte de célébrité macabre. Une opposition intéressante, à plus forte raison car elle est authentique, en cela qu’elle fait écho aux travers d’une Amérique fascinée par la violence dans laquelle elle s’empêtre sans cesse. En guise d’arbitre, incarnant d’une certaine façon le point de vue du spectateur, Felicity Jones, la femme du personnage de Jonah Hill, observe les effets secondaires de cette « amitié » ambiguë sur son mari, sans pouvoir y faire quoi que ce soit.

On sent rapidement que la fin de True Story déterminera sa vraie valeur. Les minutes défilent, l’histoire s’installe, les dialogues font monter la tension et font naître le doute, mais rien n’indique de quelle façon tout ceci va pouvoir se terminer. Et c’est bien ça le problème : True Story ne se termine pas vraiment. On salue le respect de l’histoire originelle, mais l’épilogue est un peu frustrant. Après être monté, le long-métrage stagne jusqu’à son terme et s’arrête sur quelques lignes nous expliquant ce que sont devenus les intervenants, laissant dans la bouche un goût d’inachevé. À trop vouloir laisser planer le doute, il se dispense d’explications.

Reste donc un récit parfois stimulant, parfois beaucoup moins, mais globalement intéressant. Tout spécialement grâce aux acteurs, Jonah Hill et James Franco en tête. Le premier confirme qu’il peut tout jouer, à peine sorti de son incroyable rôle dans Le Loup de Wall Street. Plus sobre, il fait le job avec une conviction qui force le respect. James Franco pour sa part, table sur une ambiguïté trouble. Au fur à mesure que se dessinent ses véritables intentions, avec une économie de mots et de gestes très bien gérée, il sait évoluer et entretenir un malaise prégnant. True Story est leur film.

@ Gilles Rolland

 True-Story-Jonah-Hill-James-FrancoCrédits photos : 20th Century Fox France

 

Par Gilles Rolland le 20 septembre 2015

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