[Critique] UN INCROYABLE TALENT

Titre original : One Chance
Rating:
Origine : Grande-Bretagne/États-Unis
Réalisateur : David Frankel
Distribution : James Corden, Alexandra Roach, Julie Walters, Colm Meaney, Mackenzie Crook, Valeria Bilello, Jemima Rooper, Trystan Gravelle…
Genre : Drame/Comédie/Biopic
Date de sortie : 02 septembre 2015 (DTV)/3 juillet 2015 (e-cinéma)
Le Pitch :
Paul, un vendeur de téléphones portables, rêve depuis toujours de se consacrer à sa passion : l’opéra. Chanteur hors-pair, il souffre néanmoins d’un grand manque de confiance en lui et cumule les problèmes. Le jour où la possibilité de s’envoler pour l’Italie se présente, afin de suivre un stage et de se produire devant son idole, Pavarotti, Paul pense que son moment est venu. Mais les choses sont toujours loin d’être simples pour celui qui ne cessera de se battre pour atteindre son but…
La Critique :
Il était une fois un vendeur de téléphone gallois. Fan d’opéra, chanteur de génie, il doit faire face à l’incompréhension de son père et aux brimades de ses camarades qui ne cessent de le rabaisser. Il était une fois le gagnant de Brittain’s Got Talent. Un homme simple, attachant et bourré de talent…
Un Incroyable Talent est un film qui ressemble à beaucoup d’autres. Success story baignée dans l’ambiance de ces petites villes galloises régies par l’industrie métallurgique, il suit un personnage amené à accomplir de grandes choses et illustre son parcours chaotique, durant lequel sa volonté et l’amour de ses proches finiront par faire la différence. Tablant sur la notoriété de son protagoniste central, qui n’est certes pas une superstar en France, mais dont l’histoire reste quand même populaire, ce biopic ne repose pas sur une révélation ou un coup de théâtre final. Le titre français va d’ailleurs dans ce sens. Paul Potts, le héros, a beau manger de la vache enragée, nous savons quoi qu’il en soit, qu’il va s’en sortir et prendre sa revanche sur une existence qui ne lui a jamais fait de cadeau. Comme souvent, l’importance n’est donc pas dans la destination, mais dans le voyage…
Réalisé par David Frankel, dont le film le plus important demeure Le Diable s’habille en Prada, Un Incroyable Talent adopte une posture classique. Baigné dans une atmosphère très british, il se démarque néanmoins du modèle américain, pour la simple et bonne raison qu’il insuffle à son récit ce petit sel so british qui fait souvent la différence avec les illustrations du rêve américain. Mise en scène académique mais dynamique, voix off, ellipses, rien ne vient déranger une mécanique bien huilée. Même chose au niveau du scénario, attaché à rendre justice à la vie de son héros. Un Incroyable Talent est une œuvre classique, c’est certain.
Cela dit, classique ne signifie pas mauvais. Loin s’en faut, car si le film de Frankel n’est ni un modèle de réalisation, ni un chef-d’œuvre d’écriture audacieuse, c’est tout simplement car là n’est pas sa vocation. Son but, limpide, consiste juste à raconter une belle histoire avec autant d’authenticité que possible. Sans forcer sur les effets et sans chercher à tirer les larmes ou à déclencher le rire, le long-métrage reste digne, à l’image de son personnage principal, qui est, il faut bien l’avouer, un sacré bonhomme.
Les spectateurs allergiques à ce genre de longs-métrages peuvent passer leur chemin. Un Incroyable Talent ne fera qu’apporter de l’eau à leur moulin. Les autres, à savoir ceux qui aiment se laisser porter par des récits où l’émotion tient une place prépondérante, risquent bien de fondre. Dominé par la performance habitée d’un James Corden épatant (doublé par le vrai Paul Potts lors des passages chantés), traversé par les performances de seconds rôles solides, dont Alexandra Roach, Julie Walters et Colm Meaney (sans oublier Mackenzie Crook, ici carrément génial), le film de David Frankel jouit d’une absence totale de cynisme et tient sur le charisme de son interprète et la sincérité de son propos. On ne cherche pas ici à révolutionner quoi que ce soit mais à communiquer des émotions universelles, remarquablement mises en image, avec fluidité et une pertinence de tous les instants. Condamné à ne pas sortir en salle, certainement à cause de l’absence d’une grosse star au générique, cette œuvre très attachante s’avère être une ode à la passion et au courage. Celui d’un homme parti pour échouer, qui finalement, va s’imposer. Sans trop en faire et forcer le trait, il touche en plein cœur et parviendra carrément à coller la chair de poule à beaucoup d’entre vous. Notamment quand le chant prend le dessus, grâce à la voix impressionnante d’un artiste évoluant dans les hautes sphères d’un style musical ici plus que jamais abordable.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Wild Bunch Distribution