[Critique] VAL

CRITIQUES | 23 janvier 2022 | Aucun commentaire
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Titre original : Val

Rating: ★★★★★

Origine : États-Unis

Réalisateurs : Leo Scott, Ting Poo

Distribution : Val Kilmer, Jack Kilmer, Mercedes Kilmer, Joanne Whalley, Sean Penn, Kevin Bacon, Marlon Brando…

Genre : Documentaire

Durée : 1h49

Date de sortie : 19 janvier 2022 (VOD)

Le Pitch :

Val Kilmer, ex-enfant chéri d’Hollywood, monstre de charisme et de talent, s’est vu contraint de mettre sa carrière à l’arrêt quand un cancer de la gorge lui fut diagnostiqué en 2017. Depuis, remis, il parle désormais à travers une ouverture au niveau de la trachée. L’acteur qui se raconte ici, empruntant pour l’occasion la voix de son fils Jack…

La Critique de Val :

Présenté au Festival de Cannes pendant l’été 2021, sorti aux États-Unis sur Prime Video, Val, le documentaire événement sur Val Kilmer, arrive enfin chez nous par le biais de la VOD. Un documentaire dans lequel celui qui fut tour à tour Iceman, Madmartigan, Elvis Presley, Doc Holliday et Jim Morrison apparaît certes diminué mais néanmoins toujours aussi intense.

Itinéraire d’un enfant gâté

Né dans une famille plutôt aisée, Val Kilmer est né pour briller. Beau, doté d’une gouaille certaine, affable et séducteur, il s’est lancé à l’assaut d’Hollywood par le biais du théâtre et a fini par s’imposer. Mais pouvait-il en être autrement pour cet homme au charisme presque surnaturel dont le seul visage prenait alors la forme d’une authentique profession de foi ? Pendant quelques années, Val Kilmer a dominé l’industrie du cinéma, avec une poignée d’élus : Top Gun, Willow, The Doors, Tombstone ou encore Heat pour autant de performances gravées à tout jamais au Panthéon du septième-art.

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Douloureuse introspection

Le Val Kilmer que nous retrouvons devant la caméra n’est plus le même que celui qui jadis, a mis le monde à ses pieds. Touché de plein fouet par la maladie, il dût se réinventer et mobiliser toutes ses forces pour tout de même continuer. Et c’est avec un courage inouï qu’il a ainsi décidé d’exploiter les milliers d’heures d’images accumulées depuis son enfance pour livrer une sorte d’autobiographie. Un film certes riche en séquences d’archive, dont certaines hallucinantes, mais aussi entrecoupé de passages racontés « au présent », où le Val aujourd’hui parle avec cette voix mécanique, le doigt sur le dispositif raccordé à sa trachée.

Quand il remonte le temps, pour nous narrer son arrivée dans le casting de Top Gun, où il semblait si orgueilleux et sûr de lui, ou quand il revient sur la difficile expérience de Batman Forever, Val Kilmer laisse la parole à son fils Jack. Jack Kilmer dont les intonations et le timbre sont par ailleurs très proches de celles de son père. Un procédé malin mais mais surtout terriblement émouvant, qui confère au documentaire un côté incroyablement viscéral et touchant. Voir ce jeune homme, dont la beauté renvoie à celle de son père quand celui-ci prenait Hollywood à la gorge, raconter une histoire aussi incroyable a quelque chose de terriblement déchirant. Assister aux moments de complicité que Val partage avec ses enfants, quand Jack lui joue de la guitare ou qu’il retrouve sa fille Mercedes, participe également à cette émotion si prégnante.

Toujours avancer

Décidé à faire preuve de la plus grande honnêteté possible, Val Kilmer superpose les souvenirs, évoquant sa réputation difficile sur les tournages, ses échecs, comme son divorce, ses mauvaises expériences d’acteur, comme sur L’île du Docteur Moreau, ses rêves et ses espoirs, sans jamais détourner les yeux. On peut ainsi le voir au Comic-Con, où des centaines de fans lui font signer des reliques de son glorieux passé, avant qu’épuisé, il n’en vienne à se faire évacuer. On assiste également avec lui à une projection en plein-air de Tombstone, dans un décor de cinéma western. Autant d’expériences qui mettent en évidence sa terrible lucidité.

La fureur de vivre

Contraint de toujours exploiter son passé, tout en sachant que pour lui, le cinéma se résumera désormais à quelques apparitions furtives, Val Kilmer ne se voile pas la face mais nous démontre qu’il ne se laisse pas abattre pour autant. Celui qui affirme avoir eu une vie qu’il qualifie de magique est épaulé et n’a pas laissé tomber l’art, qu’il pratique simplement autrement. Après avoir réussi à rebondir, au début des années 2010, avec son spectacle sur Mark Twain, Val Kilmer a dû faire face à une tragédie. Une nouvelle, des années après la mort de son frère. L’une de celles qui forcent à se réinventer.

Celui qui regarde aujourd’hui l’objectif, avec une détermination que le cancer a amplifié, apparaît dans toute sa flamboyance. Quand il rencontre ses fans, quand il peint ou se « contente » de vivre, entouré des siens, Val Kilmer joue finalement son plus beau rôle. Un homme reconnaissant, toujours aussi intense et assurément habité d’une envie plus que jamais intacte de vivre.

Sans jamais sombrer dans le misérabilisme ou le voyeurisme, sans rien cacher non plus mais parvenant à raconter cette histoire avec beaucoup de nuance, de sensibilité et de poésie, les deux réalisateurs auxquels furent confiées les archives de Val Kilmer ont accompli un boulot extraordinaire. Leur film ne ressemble à aucun autre.

En Bref…

Terriblement émouvant, magnifiquement mis en image et bien évidemment porté par le charisme d’un acteur revenu de tout, Val est un documentaire absolument saisissant. L’histoire d’une star d’Hollywood fauchée par la vie, qui continue de se battre. Une authentique leçon de résilience superbement mise en image.

@ Gilles Rolland

Val-Kilmer
Crédits photos : Prime Video/A2A
Par Gilles Rolland le 23 janvier 2022

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