[Critique] WORLD WAR Z

CRITIQUES | 28 juin 2013 | 3 commentaires
affiche World WarZ France

Titre original : World War Z

Rating: ★★★☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Marc Forster
Distribution : Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, Fana Mokoena, David Morse, Matthew Fox, James Badge Dale, Elyes Gabel, Abigail Hargrove, Sterling Jerins, Grégory Fitoussi…
Genre : Action/Aventure/Adaptation
Date de sortie : 3 juillet 2013

Le Pitch :
Quasiment du jour au lendemain, le Monde bascule dans l’horreur. Un virus transformant les êtres humains en bêtes furieuses se propage à vitesse grand V. Tous les pays sont touchés, les gouvernements tombent et les rares survivants se cachent pour échapper aux chaos. Gerry Lane, un ancien enquêteur de l’ONU, est dépêché d’urgence par les autorités pour tenter de retrouver le patient zéro. Commence alors pour ce père de famille inquiet pour les siens, une aventure à hauts risques aux quatre coins du globe…

La Critique :
Vous connaissez le Canada Dry ? Il fut un temps, où le slogan de ce délicieux breuvage était : « Ça ressemble à l’alcool, c’est doré comme l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool. ». Et bien avec World War Z, c’est la même chose. Le dernier film de Marc Forster ressemble à un film de zombies, a la couleur du film de zombies… mais n’est pas un film de zombies.
Ah ben non, car un film de zombies, en théorie, c’est gore. Ça gicle un minimum et on voit quelques tripailles se répandre sur le sol. Les cervelles sortent par les oreilles et les yeux de leurs orbites. Ce genre de trucs. Un film de zombies sans hémoglobine, c’est un peu comme un plat de pâtes à la bolognaise sans sauce tomate : c’est vachement moins bon.
En cela, World War Z invente le film de morts-vivants light. Pensé pour toute la famille, il demeure un divertissement façonné pour cadrer avec les exigences de la censure et donc tout désigné pour passer le dimanche soir sur les grandes chaines. « Il n’y aura pas d’avertissement » peut-on lire sur certaines affiches. Non en effet et ce n’est pas pour rien. Pas besoin d’avertissement, car rien ne le justifie. Oui, parfois, un zombie se pointe par surprise et avec leurs bruits de bouche bizarres, les créatures enragées du film peuvent à la limite rendre insomniaque un gamin de 6 ans un peu trop impressionnable, mais pour le reste, c’est du tout public. Du divertissement de masse à partager entre amis et/ou en famille, garanti sans bidoche, ni effusion de sang.
Premier film à mettre en scène des morts-vivants végétariens, World War Z illustre malheureusement la volonté de certains grands décisionnaires du cinéma de tenter de s’approprier certains sujets commercialement tendances pour livrer des produits édulcorés, parfaits pour remplir les multiplexes.
Constat : impossible pour le fan de films de zombies d’adhérer complètement à World War Z.

Un vrai problème en forme d’énorme casserole que le film se traîne dès que le premier infecté pointe le bout de sa truffe. Un problème qui sera d’ailleurs amplifié chez celles et ceux qui ont lu le bouquin de Max Brooks dont World War Z s’inspire. Un livre radical, original et… saignant. Un ouvrage violent devenu consensuel sur grand écran, au point de faire ressembler ce « tour du monde à la recherche du remède miracle » à un film d’aventure et non à un film d’horreur.

Cela dit, tout n’est pas à jeter. Laissons les autres défauts de côté pour l’instant, histoire de ne pas trop charger la mule, pour saluer le côté spectaculaire du film, même si il est dommage que toutes les grosses séquences (l’avion, le mur, etc…) soient dans la bande-annonce… La surprise n’est pas au rendez-vous car vu l’ampleur de la promo, difficile de ne pas avoir vu le trailer une dizaine de fois, souvent de manière involontaire.
Cependant, ça fonctionne quand même. Contrairement à Je suis une Légende, de Francis Lawrence, qui dénaturait lui aussi le livre dont il s’inspirait (de Richard Matheson) et dont les monstres de synthèse faisaient vraiment tâche, World War Z fait preuve d’une audace visuelle intéressante. Les effets-spéciaux sont convaincants et Marc Forster, pourtant au centre de la tempête lorsque la production du métrage s’enlisait dans des problèmes qui retardèrent la sortie en salle, fait le job avec un aplomb qu’on se doit de souligner.
Brad Pitt aussi tire le show vers le haut. Impeccable, charismatique, le mari d’Angelina Jolie porte l’histoire et lui insuffle un supplément d’âme qui lui fait souvent défaut.

Mais on a beau reconnaître la bonne tenue visuelle de l’ensemble, cela n’empêche pas également de montrer du doigt la fragilité d’un scénario bâclé et d’un montage bancal car rempli d’ellipses nuisant franchement à l’émotion. La production chaotique transparait souvent au cours du film à tel point qu’il devient ardu de rentrer complètement dans l’histoire, aussi puissante soit-elle.
Avec un matériau de base en or massif, la production a quand même salopé le boulot, pour des raisons bêtement mercantiles. Le désir, visiblement ardent, d’enlever tout aspect gore, donne aussi lieu à des séquences ridicules. Comme celle qui voit Brad Pitt enfoncer hors champs un pied de biche dans le crâne d’un zombie. Une scène trop lisse, à l’image d’un ensemble parfois involontairement drôle.

Rappelons un fait scientifique avéré : le corps humain contient en moyenne 5 bons litrons de sang (suivant le poids, mais ne chipotons pas). Dans World War Z, les veines sont vides. Même quand un personnage se fait amputer il n’y a rien. Version « sèche et light » du furieux 28 Jours plus tard de Danny Boyle, World War Z déçoit car il ne respecte pas son sujet. Il ne retient que le sensationnel propre. Et en plus, il ne le fait pas toujours bien. À l’heure où The Walking Dead prouve qu’il est encore possible de livrer un spectacle de qualité sans concession, quand on traite des bouffeurs de cervelles, World War Z s’enfonce dans une bien-séance totalement hors-sujet.
Certes il reste les montagnes de zombies, les courses effrénées, un Brad Pitt cheveux au vent et regard grave, et les miettes d’une histoire originale au potentiel gâché. Cela suffira à certains et pas à d’autres, mais en tout cas une chose est sure : World War Z n’est pas un film de zombies.

P.S. : la note est généreuse.

MISE À JOUR DU 22 NOVEMBRE : retour sur la version longue de World War Z !

@ Gilles Rolland

World War ZCrédits photos : Paramount Pictures France

Par Gilles Rolland le 28 juin 2013

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Gribbsie
Gribbsie
10 années il y a

Ta note est SUPER généreuse, Gilles ^^ Je lui mets un vilain 1/10. Il cumule tellement de défauts… Je comprends que Max Brooks s’étrangle. Questions ciné ET zombie, c’est pas possible. J’ai tellement de choses à reprocher à ce film que je ne sais pas par quoi commencer ^^”
Ah si : ils ont signé pour deux autres opus. DEUX autres… !!!
Misère…

Jérôme
Jérôme
10 années il y a

Oula, je lui mettrai un 4/10 pour quelques scènes et idées, mais après c’est de la grosse ficele, Brat Pitt pas si terrible que ça, trop impeccable, puis niveau découpage, c’est un jeu vidéo à la uncharted ou le dernier tomb raider… Bref pas un film de divertissement déjà vu pas mal foutu par contre je n’ai pas parlé de film de zombie et c’est bien la déception, … À oui, et quelques parallèles bizarres à Jérusalem.