[Critique] YOU CANNOT KILL DAVID ARQUETTE
Titre original : You cannot kill David Arquette
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateurs : David Darg, Price James
Distribution : David Arquette, Patricia Arquette, Rosanna Arquette, Courteney Cox…
Genre : Documentaire
Durée : 1h30
Date de sortie : 6 octobre 2021 (VOD)
Le Pitch :
Début des années 2000… En pleine promotion pour le film Ready To Rumble, David Arquette fait semblant de se mettre au catch et devient champion du monde au terme d’un match que les amateurs et les stars du ring voient d’un très mauvais œil. L’acteur devient alors l’homme le plus détesté de la lutte professionnelle… Presque 20 ans plus tard, alors que sa carrière est au point mort, David Arquette décide de remonter sur le ring mais n’entend pas économiser ses efforts. Son objectif ? Prouver qu’il peut être un vrai et bon catcheur…
La Critique de You cannot kill David Arquette :
Au sein du clan Arquette, David n’a jamais été aussi célèbre que ses sœurs Patricia et Rosanna mais quelques coups bien placés lui ont tout de même permis d’accéder à une certaine notoriété. Connu pour son rôle dans la saga Scream, il est aux yeux des cinéphiles ce gentil mec un peu gauche qui peut faire rire s’il est servi par de bonnes vannes. Une chose est sûre, pas de Lost Highway, de True Romance ou de Recherche Susan désespérément dans sa filmographie. David Arquette qui a toujours été un grand fan de catch. D’où son implication dans la comédie Ready To Rumble. Un film pour lequel il a accepté de devenir le champion du monde de lutte le plus détesté du monde.
You cannot kill David Arquette part d’un postulat assez dingue. David Arquette ne peut plus jouer au cinéma. Il tourne en rond comme un chien en cage et semble hésiter à sombrer une bonne fois pour toutes dans l’alcoolisme ou se reprendre en main. Et comme le mec est un peu cinglé, malgré son récent infarctus (alors qu’il n’a pas encore 50 ans… voilà qui donne une idée du style de vie qu’il a mené ces dernières années en coulisses), le voilà qui décide de prouver à ses détracteurs qu’il peut en démontrer aux vrais catcheurs.
The Wrestler
Avec son pitch ultra alléchant, ce documentaire annonce d’emblée la couleur et plonge sans détour ni pudeur dans l’intimité d’un comédien aux abois, un peu paumé mais déterminé à faire quelque chose pour s’en sortir. Même un truc complètement débile d’ailleurs. Quand il annonce à ses proches qu’il veut catcher pour de bon, tous le prennent un peu pour un fou. À juste titre. Et le voilà donc, avec sa personnalité borderline, qui se construit un personnage, un peu ringard mais amusant, avant de chercher des combats.
D’emblée David Arquette sait que s’il veut se racheter aux yeux des fans de catch, il faudra qu’il en bave un maximum. Ce n’est donc pas à la porte de la WWE ou d’une autre fédération grand public qu’il va taper, préférant faire son come-back en passant par la fenêtre. Une pfenêtre qui donne sur des salles insalubres ou des arrière-cours où des mecs se tabassent à coup de batte ou de néon. L’un des premiers combats que livre Arquette, chez des jeunes, est en cela complètement surréaliste. Il donne le ton de la suite. En sang, le gentil Dewey de Scream rentre chez lui suant et blessé mais heureux, persuadé qu’il est sur la bonne voie. Et c’est alors qu’il se barre au Mexique pour apprendre le métier avec les luchadors, se jetant sur le bitume pour assimiler les prises, au contact de gros balèzes dont le catch est la raison de vivre.
Champion à fleur de peau
Honnête et franc du collier, ce film impressionne et parfois, va même jusqu’à révulser. Comme quand Arquette, aidé par son ami, le regretté Luke Perry, se rend aux urgences, la tête en sang après avoir failli mourir sur le ring. Un peu comme si, par tous les moyens, envers une santé fragile et des proches inquiets, l’acteur avait décidé de devenir Mickey Rourke dans The Wreslter, conscient qu’il s’agissait peut-être là de sa dernière chance de briller. De briller ou d’enfin gagner une authentique et durable légitimité. Car au fond, c’est de cela dont il s’agit : d’un mec qui a grandi à l’ombre du panneau Hollywood, au contact de véritables étoiles. D’un gars qui a suffisamment goûté au succès et à la gloire pour en redemander, et dont la crise de la cinquantaine consiste à prouver aux autres et à lui même qu’il n’est que ce gus marrant mais aussi un vrai combattant.
Alors oui, You cannot kill David Arquette n’évite pas quelques tics propres à ce genre de docu-vérité. Les ressorts dramatiques sont un peu voyants et cette volonté de ne rien cacher provoque parfois le malaise. Le film en montre presque trop. Cela dit, on comprend aussi rapidement que si les réalisateurs veulent que l’on voit Arquette toucher le fond, c’est aussi pour rendre sa renaissance encore plus spectaculaire. La fin est d’ailleurs très réussie, en cela qu’elle parvient à favoriser l’émergence d’une vraie émotion. Personnalité atypique et au fond plutôt attachante, David Arquette trouve au bout du compte le rôle de sa vie ici, sur le ring, alors qu’il incarne une version barbare et encore plus fantasque de lui-même, lancé dans une croisade dont lui seul peut au final apprécier la récompense.
En Bref…
Documentaire assez incroyable, You cannot kill David Arquette va au bout des choses. Choquant, brutal, drôle parfois et finalement touchant, il raconte une histoire complètement dingue sans nous épargner quoi que ce soit. Au centre de cette histoire, David Arquette, face à lui-même, cherche la rédemption dans le sang, la sueur et les larmes et finit par trouver paradoxalement l’un de ses meilleurs rôles.
@ Gilles Rolland