[Critique] ZOMBEAVERS
Titre original : Zombeavers
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jordan Rubin
Distribution : Rachel Melvin, Cortney Palm, Lexi Atkins, Rex Linn, Hutch Dano…
Genre : Horreur/Comédie
Date de sortie : 17 février 2015 (DTV)
Le Pitch :
Parti pour un week-end de débauche, dans un coin reculé, au bord de l’eau, un groupe de jeunes se retrouve confronté à des castors zombies. La nuit va être longue…
La Critique :
En voilà un concept déviant ! Imaginez un peu le truc : des castors zombies ! Le mix entre La Nuit des Morts-Vivants et Les Belles Histoires du Père Castor, sauf qu’ici, il n’y a pas de père chez les castors et que l’histoire n’a rien de beau. Transformés en créatures assoiffées de chair fraîche (et humaine) après avoir été exposés à des produits toxiques, les petits rongeurs à queue plate de Zombeavers vont directement à l’essentiel et s’avèrent, en plus, remarquablement difficiles à buter.
Premier film de Jordan Rubin, Zombeavers célèbre une union improbable, complètement en phase avec ces joyeux nanars comme Sharknado (requins + tornades), Sharktopus (requin + pieuvre), ou encore Piranhaconda (piranha + anaconda), en forçant le trait le plus possible, histoire de se montrer digne de son concept. Aucune raison de ne pas se fendre la poire donc ! Les bons films d’horreur bien déjantés et complètement décomplexés sont rares et à première vue, rien de tel que de bons vieux jeunes complètement à la ramasse et des castors tout pourris portés sur le gore à l’ancienne.
Malheureusement, à l’arrivée, le long-métrage s’avère un peu décevant car vraiment bancal et surtout complètement con, mais pas toujours dans le bon sens…
La faute aux personnages. Pas vraiment attachants, voire pour certains carrément antipathiques, ils sont clairement là pour servir de repas aux bestioles mortes-vivantes. Quelque part, c’est normal, mais habituellement, dans des films mieux construits et pourtant similaires, comme Cabin Fever, un ou deux protagonistes se détachent du lot et permettent une empathie qui est absente de Zombeavers. Reste donc le gore. Là par contre, le film met le paquet et assure le show, quitte à ce que celui-ci soit trop désincarné et bordélique pour intéresser sur la longueur.
Bon point : les castors sont « animés » grâce à la technologie animatronic, ce qui confère au spectacle un côté old school bienvenue, loin des effets de synthèse de Sharknado et des autres productions à petit budget du genre. Drôle avant d’être horrifique, dans la lignée de Bad Taste, Zombeavers ne recule devant rien pour faire gicler l’hémoglobine, y compris à verser franchement dans le mauvais goût quand il s’agit de relancer la machine et d’envoyer du bois.
Avec ses jeunes libidineux, tout juste motivés par les bitures et le sexe, le film multiplie les allusions salaces (en anglais le mot « beaver » (castor) désigne aussi le sexe féminin) et donne dans le rire bien gras qui tâche. En découle une sorte d’orgie incontrôlable et borderline, dans la plus pure tradition du cinéma gore des années 80, dont le principal objectif est d’en faire des caisses sans se préoccuper de la bien-séance et du reste par ailleurs. Ça aussi c’est bien, mais encore une fois, le manque de tenue reste à déplorer et met en évidence un détail que beaucoup d’apprentis réalisateurs de films d’horreur oublient : on a beau mettre en scène des trucs tordus, rien ne dispense de faire preuve d’un minimum de maîtrise et de construction. Ce qui fait de Bad Taste, d’Evil Dead 2 ou encore de Braindead des classiques du genre, est justement leur capacité à offrir quelque chose d’extrême, tout en faisant preuve d’une cinématographie pensée et méticuleuse, décuplant la puissance du propos original.
Alors oui, Zombeavers reste divertissant car au fond, il n’a pour prétention que de proposer un show saignant. Il se revendique débile et ne cherche pas à tutoyer les sommets. C’est justement cette modestie qui le sauve de la noyade. Fun et parfois inventif, il s’impose comme un film plutôt anecdotique et hyper bancal, mais parfois drôle, tout le temps gore, et en somme toute recommandé pour égayer une soirée bière/pizza entre potes.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Zylo