[Critique] ZOOLANDER 2

CRITIQUES | 1 mars 2016 | Aucun commentaire
Zoolander-2-poster

Titre original : Zoolander 2

Rating: ★★½☆☆
Origine : États-Unis
Réalisateur : Ben Stiller
Distribution : Ben Stiller, Owen Wilson, Penélope Cruz, Kristen Wiig, Will Ferrell, Cyrus Arnold, Billy Zane, Kiefer Sutherland, Benedict Cumberbatch…
Genre : Comédie/Suite
Date de sortie : 2 mars 2016

Le Pitch :
Derek Zoolander s’est définitivement retiré de la vie publique. Ancienne superstar des podiums adulée de tous, il vit désormais en ermite sous un nom d’emprunt, suite à une terrible tragédie dont il porte la responsabilité. Néanmoins, quand un mystérieux ennemi s’en prend aux pop stars, qu’il décime les unes après les autres, Valentina, un membre de la police de la mode décide d’appeler Zoolander à la rescousse…

La Critique :
C’est après le formidable La Vie Rêvée de Walter Mitty que Ben Stiller s’est décidé à revenir vers la comédie pure et dure. Un genre qu’il a lui même contribué à faire évoluer et à ériger en véritable œuvre d’art, dès ses débuts dans son propre show au début des années 90. Pour se faire, l’acteur/réalisateur est carrément allé chercher Derek Zoolander, soit son personnage le plus culte. Celui qui revient sans cesse quand on parle de la carrière de Ben Stiller et qui, malgré des débuts difficiles (il faut dire que le film est sorti aux États-Unis, à peine une semaine après le 11 septembre 2001), a su se bâtir une légende à la hauteur de son charisme et de sa stupéfiante et hilarante bêtise.
Forcément, quand Ben Stiller annonça qu’un Zoolander 2 était dans les tuyaux, choisissant la fashion week à Paris pour débuter la promotion du long-métrage, les fans s’affolèrent. Les premiers trailers mettant ensuite un peu plus le feu aux poudres et promettant un festival totalement cohérent avec les énormes attentes. Mais le film lui, au final, s’avère décevant. Justement précédé de critiques plutôt mitigées, pour ne pas dire assez négatives, Zoolander 2 est en effet loin de convaincre. Et ce pour plusieurs raisons…

Zoolander-2-cast

Ben Stiller est populaire. Souvent dans ses films, les caméos se bousculent au portillon. Déjà dans Zoolander premier du nom, la liste des invités était plutôt longue. On retrouvait d’ailleurs aux côtés de David Bowie, Paris Hilton ou Fred Durst, le désormais tristement célèbre Donald Trump. Tobey Maguire et Tom Cruise avaient quant eux fait des piges amicales dans Tonnerre sous les Tropiques. De tout temps Stiller a aimé s’entourer et comme ses amis sont la plupart du temps fréquentables, il n’y avait aucune raison de se plaindre. Avec Zoolander 2, la donne change radicalement. Ici, c’est l’overdose de guest stars. Il y en a partout. Trop c’est trop. Toutes les 10 minutes, une personnalité connue passe la tête, et souvent sans raison particulière. Entre Sting, Justin Bieber, Adriana Grande ou Anna Wintour, sans parler des nombreux autres, dont certains étaient déjà dans le premier volet, personne ne semble au final vraiment présent pour de bonnes raisons, si ce n’est pour permettre à Ben Stiller d’en faire des caisses à tous les étages. Alors oui, c’est toujours rigolo de reconnaître tel ou tel acteur, mais rapidement, cette succession de surprises tourne court et le show, que l’on nous a promis si sensationnel, se transforme en soupe un peu indigeste.

Car en effet, toutes ces stars évoluent au sein d’une histoire qui manque cruellement de substance. En fait, le vrai problème de Zoolander 2 réside là : dans son incapacité à rééditer la formule du premier volet qui consistait à ériger la connerie à un niveau tel que le show qui en découlait ne laissait absolument aucune chance aux zygomatiques. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Le film multiplie les clins d’œil, il s’auto-cite à outrance et oublie en chemin de faire preuve d’originalité. Au fond, Zoolander 2 n’est qu’un vague remake paresseux de Zoolander. Une suite carburant à plein tube à la nostalgie mal digérée qui comble son manque flagrant d’inspiration par une succession de scénettes plus ou moins drôles et une abondance de références. À l’arrivée, il est raisonnable de dresser le bilan suivant : dans Zoolander 2, à peu près 1 gags sur 10 tape dans le mille. Dans le lot, beaucoup sont dus à Will Ferrell, dont l’arrivée tardive ravive un peu l’intérêt, même si son personnage, le fantasque Mugatu, n’est pas correctement exploité. Kristen Wiig aussi, fait de son mieux et réussit la plupart de ses interventions. Ce qui n’est pas le cas de Ben Stiller qui s’auto-caricature péniblement la majorité du temps, tirant un peu vers le bas un Owen Wilson pourtant méritant, mais également plombé par un scénario trop laborieux.

À l’instar de Derek Zoolander, qui passe plus ou moins tout le film a essayer de retrouver son look, Zoolander 2 ne fait que tenter de retrouver son mojo. Un terme qui renvoie d’ailleurs à Austin Powers, dont cette suite se rapproche, sans jamais en égaler le pouvoir comique ni la capacité à évoluer au fil des suites. Non content de faire du surplace en fixant inlassablement le rétro pour jouer sur un décalage qu’il ne maîtrise jamais vraiment, Zoolander 2 en oublie de replacer sa dynamique et ses personnages dans leur nouveau contexte. On sent bien la volonté de Ben Stiller de tabler sur le caractère tricard de Derek pour en tirer des situations comiques, mais au fond, cela ne fonctionne pas. Pas assez en tout cas. Comme cette réflexion peut-être voulue acerbe sur le monde de la mode. Étant donné que plein de créateurs et autres personnalités du milieu on répondu présent, cela tombe aussi à l’eau. Si Zoolander 2 s’est un jour rêvé comme la gentille mais mordante critique des podiums que fut son prédécesseur, il s’est rapidement changé en pub pour ce même milieu. En gentille farce inoffensive et anecdotique.

Alors que reste-t-il de cette suite ? Pas grand-chose de bien consistant. Oui c’est sympa, et oui c’est parfois drôle. Sans maîtriser l’art délicat de l’absurde, comme il a su le faire de si nombreuses fois, Ben Stiller arrive bien à nous arracher quelques rires de temps à autre. Pénelope Cruz pour sa part, à l’air de bien s’amuser. Elle est par ailleurs absolument sublime. Son implication et son plaisir évident à jouer sur l’auto-dérision sont indéniables mais encore une fois, comme concernant ses camarades, le script ne met pas en valeur ses efforts. Même l’alchimie entre Ben Stiller, Will Ferrell, Owen Wilson ou Kristen Wiig n’est pas visible. La machine cale et a du mal à redémarrer. Les fous-rires prévus se sont fait la malle, transformant ce retour en rendez-vous manqué…

@ Gilles Rolland

Zoolander-2-Ben-Stiller  Crédits photos : Paramount Pictures France

Par Gilles Rolland le 1 mars 2016

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