[Critique] L’AUBE ROUGE (2013)
Titre original : Red Dawn
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Dan Bradley
Distribution : Chris Hemsworth, Josh Peck, Adrianne Palicki, Josh Hutcherson, Isabel Lucas, Jeffrey Dean Morgan, Edwin Hodge, Brett Cullen, Michael Beach…
Genre : Action/Aventure/Remake
Date de sortie : 28 août 2013
Le Pitch :
Un beau matin, l’Amérique se réveille en guerre. Des forces armées étrangères prennent d’assaut le pays par la violence, emprisonnant les habitants et tuant sans pitié ceux qui résistent. Les frères Eckert, dont le plus âgé, Jed, revient tout juste au pays après avoir fait un séjour dans l’armée, prennent la tête d’un petit groupe de rebelles, baptisés les Wolverines. Retranchés dans les bois, ils résistent et multiplient les actions contre l’envahisseur…
La Critique :
Quand il tourne L’Aube Rouge, en 1984, John Milius compose avec un climat tendu, propre à la Guerre Froide qui oppose les États-Unis et l’URSS. Connu pour ses idées radicales et pour sa propension à ne pas faire dans la dentelle, John Milius (le réalisateur de Conan le barbare) s’empare du sujet pour en faire un uppercut violent qui met en scène un groupe d’adolescents résistant par la force à l’envahisseur rouge. À l’époque, le russe est l’ennemi rêvé du cinéma d’action américain. Rambo 2 et 3, Rocky 4, Invasion U.S.A., ou encore Firefox de Clint Eastwood vont aussi dans ce sens et surfent sur le contexte géopolitique pour dessiner des portraits de méchants venus du froid, menaçant directement les libertés durement acquises par les pionniers américains.
Aujourd’hui, le méchant est toujours communiste, après une longue phase, où les Guerres du Golfe avaient désigné d’office les irakiens et les Talibans comme les ennemis de l’Oncle Sam.
C’est donc sans surprise, que l’on découvre que l’envahisseur du remake de L’Aube Rouge est la Corée du Nord. À l’origine du projet notamment, c’était la Chine qui venait semer le trouble dans l’American Way of Life, mais le marché chinois étant ce qu’il est, à savoir énorme, le film ne pouvait pas se permettre de tourner le dos à des millions de spectateurs potentiels. Les chinois furent donc remplacés par les coréens du nord en post-production et le tour était joué. Après tout, les médias nous rappellent régulièrement à quel point le pays de Kim Jong-un constitue une menace et le remake d’exploiter à fond les ballons et pour le coup de manière carrément opportuniste, ce contexte.
Bref, voici donc une nouvelle version de L’Aube Rouge. Version qui n’apporte strictement que dalle à l’original, ni même au concept du film et dont le caractère vain se trouve encore plus renforcé par le fait qu’elle sorte quelques mois après la relative bonne surprise, Demain, quand la guerre a commencé, à savoir une déclinaison non-officielle et australienne, adaptée d’une série de bouquins à succès.
Dès le début, quand les méchants déboulent, L’Aube Rouge affirme une volonté de muscler les intentions du film original. Quand chez Milius, les protagonistes voyaient de leur salle de classe des parachutistes débarquer un peu partout et des avions survoler leur espace aérien, ceux du remake doivent faire face à une attaque massive, propice à un déferlement pyrotechnique assez crétin et pour le moins hors-sujet. Une bonne occase pour Chris Hemsworth, le G.I. Joe en chef, de montrer son expérience du terrain et par là-même se rabibocher avec son frangin, resté à la maison pendant que lui se battait pour sa patrie. Trop occupé à exacerber un patriotisme triomphant qui avait le mérite d’être plus ou moins étouffé dans la version originale qui se concentrait sur le microcosme des jeunes résistants, le remake fait dans l’action pure dès qu’il en a la possibilité.
Les amateurs d’action pure pourront ainsi trouver matière à jubiler, lors d’une scène ou deux, assez correctement emballée par le débutant Dan Bradley, mais niveau immersion, c’est raté.
Bradley d’ailleurs, en fait trop. Toujours. Il entraine ses acteurs, bien mal servis par un scénario qui enfile les clichés comme Homer les donuts, et ne retient que le côté guerrier de son sujet, sans songer aux implications et aux dommages collatéraux qu’une telle invasion pourrait avoir sur un pays.
L’Aube Rouge de 1984 pouvait certes se montrer un peu bas de plafond et primaire, mais en comparaison de ce gros truc bourrin et souvent putassier que demeure le remake, il est bon de réviser son jugement à ce sujet. Ici, on ne vibre pas pour ces résistants retranchés, ou alors très peu. Les acteurs font le job et la présence de Chris Hemsworth, de la star d’Hunger Games, Josh Hutcherson et des naïades Adrianne Palicki et Isabel Lucas d’avoir le potentiel de détourner l’attention, par leur physique avantageux, mais c’est loin de suffire. Sans second degré, L’Aube Rouge ne décolle pas. Ok, il se regarde sans peine, mais s’oublie aussitôt terminé. Il cumule toutes les tares de ce genre de film sans prendre de distance. À ranger illico aux côtés de ces remakes qui n’apportent rien, contrairement donc à Demain, quand la guerre a commencé, qui surpasse sur tous les points le film de Dan Bradley. Oui, absolument tous !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Metropolitan FilmExport