[Critique] ENOLA HOLMES
Titre original : Enola Holmes
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Harry Bradbeer
Distribution : Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Sam Claflin, Helena Bonham Carter, Louis Partridge, Fiona Shaw, Burn Gorman…
Genre : Aventure/Adaptation
Durée : 2h03
Date de sortie : 23 septembre 2020 (Netflix)
Le Pitch :
Enola, 16 ans, est la sœur du célèbre détective Sherlock Holmes. Une jeune fille pleine de ressources, aussi intelligente que son frère, qui va se retrouver entraînée dans une folle aventure après la disparition subite de sa mère…
La Critique d’Enola Holmes :
Arthur Conan Doyle n’a pas créé Enola Holmes. Lui, c’est Sherlock, son frère Mycroft ou encore le Dr. Watson, qu’il a enfanté. Des personnages et un univers à partir desquels la romancière Nancy Springer a disserté, donnant naissance à un nouveau protagoniste, à savoir Enola. La petite sœur de Sherlock et Mycroft, qui devient l’héroïne d’une série de trépidantes péripéties aujourd’hui adaptées au cinéma par un certain Harry Bradbeer, qui s’était jusqu’ici surtout illustré à la télévision, via des séries comme Fleabag et Killing Eve. Enola Holmes s’imposant pour sa part comme une relecture sympathique des écrits de Conan Doyle, comme avait pu le faire en son temps le culte Le Secret de la Pyramide. De manière bien moins flamboyante quand même, il faut le souligner…
Élémentaire ou pas loin
Ceux qui ne pouvaient déjà pas la pifrer dans Stranger Things en seront pour leurs frais : dans Enola Holmes, la jeune Millie Bobby Brown est partout, tout le temps. Une comédienne parfaitement à sa place (le rôle semble avoir été écrit pour elle), qui ne s’économise pas devant la caméra, brisant régulièrement le quatrième mur pour nous prendre par la main au fil d’une aventure qu’elle porte sur ses frêles épaules. Si elle semble en faire parfois un peu trop, notamment en multipliant les mimiques, l’actrice trouve pourtant le ton juste et justifie en permanence sa présence, ne se démontant jamais. Quand vient le moment de plonger à corps perdu dans l’action ou de tenir la dragée haute à ses illustres partenaires, avec en tête de file Helena Bonham Carter et Henry Cavill. Ce dernier faisant d’ailleurs un Sherlock Holmes très convainquant, bien que plus tendre qu’à l’accoutumé et ainsi presque paradoxalement plus humain. Un héros emblématique condamné à n’occuper que l’arrière-plan, alors que sur la scène, sa jeune sœur tente avec un aplomb certain de marcher sur ses plates-bandes.
London calling
Contrairement au Secret de la Pyramide, qui mettait pour rappel en scène de jeunes Sherlock et Watson, dont l’ambiance cadrait parfaitement avec le cahier des charges d’Amblin (Spielberg était à la production), s’inscrivant dans une dynamique finalement très ambitieuse, Enola Holmes se contente de cadrer avec ce qui marche aujourd’hui compte tenu de sa cible. Adaptation d’une saga littéraire pour enfants, le film est donc très soft dans son déroulé et ne s’embarrasse pas forcément de détails. Sauf peut-être quand il met en avant un joli discours féministe, tout à fait dans l’air du temps et très a propos dans le cadre de l’intrigue. Le truc, et c’est un peu souvent le problème avec ce genre de production aujourd’hui, c’est que le spectacle, s’il ne manque de panache, apparaît un peu trop lisse et calibré. Dès le début, on sait comment ça va se passer. Le voyage est loin d’être déplaisant, mais la destination ne fait aucun doute. Enola Holmes ne prend aucun risque. Même constat concernant la mise en scène. Le réalisateur fait un travail propre, la reconstitution d’époque, en majeure partie numérique, manque de substance mais ressort plutôt bien, les costumes sont jolis mais au final, cela manque un peu d’aspérités et de personnalité. Encore une fois, heureusement que Millie Bobby Brown fait le show car sans elle, ou en tout cas sans une tête d’affiche aussi énergique et charismatique, le film aurait bien eu du mal à captiver sur la longueur. Surtout que le scénario s’avère assez quelconque. Confus également, car ici, on peine tout de même à retrouver ce qui faisait le sel des aventures de Sherlock dans les romans de Conan Doyle ou même dans les différentes adaptations, y compris la plus récente, avec Benedict Cumberbatch. Enola Holmes penchant plus souvent du côté du Sherlock de Guy Ritchie…
En Bref…
Façonné pour un jeune public, néanmoins soigné, visuellement parlant notamment, Enola Holmes s’impose comme une belle adaptation du premier tome de la saga littéraire de Nancy Springer. Bénéficiant de la présence d’une Millie Bobby Brown très investie, le film peine par contre à raconter son histoire, pourtant simple, se perdant en circonvolutions et autres raccourcis inutiles. Un divertissement honnête donc, mais loin d’égaler les meilleurs illustrations de Sherlock Holmes au cinéma ou à la télévision.
@ Gilles Rolland
[…] et aussi l’une des grandes têtes d’affiche de Netflix (Stranger Things donc mais aussi Enola Holmes 1 et 2), qui joue le premier rôle et qui co-produit, La Demoiselle et le Dragon met en scène, […]