[Critique] FAST & FURIOUS : HOBBS & SHAW
Titre original : Fast & Furious Presents : Hobbs & Shaw
Rating:Origine : États-Unis
Réalisateur : David Leitch
Distribution : Dwayne Johnson, Jason Statham, Vanesa Kirby, Idris Elba, Helen Mirren, Eddie Marsan, Eiza Gonzalez, Cliff Curtis, Eliana Sua, Ryan Reynolds, Kevin Hart…
Genre : Action/Suite/Saga
Durée : 2h16
Date de sortie : 7 août 2019
Le Pitch :
Brixton, un individu génétiquement modifié, entend mettre la main sur un virus mortel capable d’entièrement décimer la population de la Terre. Virus qu’une agente du MI6 a volé. Agente qui se trouve être la sœur de Deckard Shaw. Sur les rangs pour sauver sa frangine et du même coup le monde, Shaw va néanmoins devoir collaborer avec son vieil « ami » Luke Hobbs, qui a également été mis sur l’affaire…
La Critique de Fast & Furious Presents : Hobbs & Shaw :
Petit retour en arrière : Dwayne Johnson est arrivé dans la saga Fast & Furious au cinquième volet. Gentil flic bien bourrin plein de principes, il a quasiment à lui seul redynamisé la franchise en s’imposant notamment comme une sorte d’alternative à la beaufitude de Dom, le personnage de Vin Diesel. Jason Statham lui, est arrivé à la toute fin du sixième volet, à la surprise générale. Dans le 7, le grand méchant, c’était donc lui : Deckard Shaw. Son arrivée ayant également fait du bien à la franchise. Le truc, c’est qu’ensuite, dans le huitième épisode, Shaw est revenu pour former avec Hobbs, le personnage de Johnson, une sorte de version burnée de Laurel et Hardy et là encore contrebalancer avec les drifts et autres accès de lyrisme motorisé de Toretto et sa « famille ». Duo qui a énormément plu au public. Et tant pis si au fond, Statham joue un meurtrier qui a tout de même tué un personnage historique de la saga dont tout le monde semble se foutre aujourd’hui (Han). D’où la mise en chantier de Hobbs & Shaw, le premier spin-off de Fast & Furious, envers et contre les doutes et les remontrances d’une partie de la Toretto family, Vin Diesel en tête. Alors que vaut ce Hobbs & Shaw ?
48 heures et quelques de plus
Le fait de voir Shaw définitivement devenir un gentil dans ce premier spin-off, alors que le mec est responsable de la mort de plusieurs innocents (voir la scène d’ouverture de Fast & Furious 7 dans l’hôpital qu’il ravage du sol au plafond) n’est pas le seul problème de ce gros blockbuster finalement assez typique de son époque. Non car on peut franchement affirmer que Chris Morgan, le scénariste attitré de la franchise depuis Tokyo Drift, a donné dans le joyeux n’importe quoi. Alors, comme ça dans le désordre, on peut dire que Hobbs & Shaw fait dans l’outrance, mais pas toujours dans le bon sens. L’histoire tient sur un post-it : un super méchant doté de super pouvoirs veut récupérer un super virus mais deux super flics, anciens flics ou ex militaires (rayer les mentions inutiles) lui barrent la route. Une histoire basique qui permet à Hobbs & Shaw d’enchaîner les situations typiques du parfait buddy movie hyper calibré. Comme dans les années 80 ? Pas tout à fait car si ici, on retrouve en effet un schéma similaire à celui de productions comme 48 Heures et L’Arme Fatale, le traitement, bourrin, imprécis au possible et jamais porté sur une quelconque forme de réalisme, ancre bel et bien le film dans son époque, où les produits comme celui-là sont finalement nombreux. Où on se fout de la cohérence au profit d’un humour bas de plafond et où on va même jusqu’à sacrifier les personnages en les transformant en caricatures d’eux-mêmes. Imaginez un peu l’ampleur des dégâts ici, vu qu’au départ, Hobbs et Shaw n’étaient pas non plus des modèles d’écriture et de subtilité. On repense par exemple à des films d’action comme Commando ou Cobra dans lesquels l’action, même si elle dominait, n’allait pas non plus à l’encontre d’une certaine logique vis à vis des personnages. Dans Hobbs & Shaw, on se fout de tout ça. Ce qu’on veut nous balancer à la tronche, c’est de la punchlines, des scènes d’action ultra spectaculaires et des plans un peu beaufs histoire que personne n’oublie qu’on reste chez Fast & Furious (même si le tuning ne fait définitivement plus partie de l’équation).
Qui a la plus longue ?
Étonnamment, ce spin-off fait preuve de moins de cohérence que tous les Fast & Furious récents. Y compris le 8. On aurait pu penser que l’absence de Vin Diesel allait donner un coup de neuf et c’est le cas, mais presque étrangement, l’absence du gros veau beauf laisse aussi plus de place aux acteurs dont les chevilles semblent enfler au rythme d’un scénario qui, avant de s’intéresser au méchant, ne se focalise que sur le duel d’égo de ses deux personnages principaux. Et puis force est de reconnaître, même si on n’est pas vraiment fan de Toretto, que sans lui, un Fast & Furious n’est pas vraiment un Fast & Furious. Ce serait un peu comme faire Scobby-Doo sans Scooby… Bon cela dit, bien sûr, Jason Statham et Dwayne Johnson sont ici comme à la maison. Même si, là encore assez bizarrement, leur duo fonctionne moins bien que dans Fast 8. Mais il faut dire que le scénario ne fait rien pour que ça aille vraiment. Ni dans l’humour ni dans la façon dont progresse le tandem. D’où la présence hyper importante de l’impeccable Vanessa Kirby. L’actrice vue dans le dernier Mission : Impossible et dans la série The Crown apporte à elle seule la fraîcheur nécessaire au bon déroulement des opérations. Idris Elba lui, joue un méchant génétiquement modifié. Une sorte de Terminator charismatique mais sans véritable fond. Dommage.
Mais bon, quand on a accepté que Hobbs & Shaw veut à tout prix nous en mettre plein la vue, on n’en a effectivement pour notre argent. La débilité sous-jacente, les dialogues à la ramasse, l’histoire brouillonne et tous les petits ou gros travers se noient dans une orgie d’action numérique il est vrai plutôt bien mise en scène par David Leitch. Et tant pis si la bande-annonce en montrait déjà trop. Hobbs & Shaw fonce dans le tas, ne recule devant aucun folie pour pousser les potards dans le rouge, se prend les pieds plusieurs fois dans le tapis mais à la fin, parvient tout de même à s’imposer comme un tour de roller coaster divertissant. Un film presque conscient de sa propre bêtise, bien trop premier degré pour faire pleinement le job comme il aurait pu le faire, mais au fond suffisamment gros pour s’en sortir tout de même. Par contre, juste un truc : Ryan Reynods devrait faire attention car il est en train de devenir mine de rien l’un des acteurs les plus insupportables d’Hollywood. Son caméo dans Hobbs & Shaw se plaçant parmi les pires performances vues sur un écran de cinéma depuis un bon bout de temps…
En Bref…
Gros délire bourrin, souvent confondant de bêtise mais divertissant et spectaculaire, Hobbs & Shaw ne parvient pas à se hisser au niveau des sommets de la saga Fast & Furious mais fait tout de même le job. Un film qui peut remercier Vanessa Kirby, elle qui est parfaite entre les deux acteurs principaux pour leur part parfois un peu trop occupés à se faire lustrer le crane devant les caméras.
@ Gilles Rolland