[Critique] TOTAL RECALL MÉMOIRES PROGRAMMÉES

CRITIQUES | 15 août 2012 | 1 commentaire

Titre original : Total Recall

Rating: ★½☆☆☆
Origine : États-Unis/Canada
Réalisateur : Len Wiseman
Distribution : Colin Farrell, Jessica Biel, Kate Beckinsale, Bryan Cranston, John Cho, Bill Nighy, Bokeem Woodbine, Will Yun Lee, Currie Graham, Steve Byers, Warren Belle…
Genre : Science-Fiction/Action/Remake
Date de sortie : 15 août 2012

Le Pitch :
Dans un monde futuriste dévasté, Douglas Quaid, un modeste ouvrier, rêve d’une autre vie. Toutes les nuits, il est assailli par de mystérieux cauchemars, où il livre combat aux côtés d’une belle jeune femme. Pour essayer de comprendre ces rêves, il décide de répondre à l’appel de Rekall, une entreprise qui se propose de transformer les rêves en souvenirs. Mais les choses tournent rapidement au vinaigre quand, alors que Quaid s’apprête à recevoir l’implantation de Rekall, la police fait irruption. Désormais traqué, Doug ne peut se fier à personne…

La Critique :
C’est toujours la même excuse : non ce nouveau Total Recall n’est pas un remake, mais bel et bien une relecture de la nouvelle Souvenirs à vendre de Philip K. Dick. 22 ans près la sortie de Total Recall de Paul Verhoeven, des producteurs plus ou moins véreux affirment vouloir explorer la moelle profonde d’une œuvre, qui n’avait pas été, selon eux, correctement exploitée la première fois. Et même si on parle en l’occurrence d’un classique de la science-fiction (et du cinéma d’action), porté par un cinéaste (Paul Verhoeven donc) investi et totalement étranger aux compromis hollywoodiens.
Présenté comme plus sombre que l’original, Total Recall Mémoires Programmées déboule donc apparemment armé des meilleures intentions. En fait, on se doute qu’il n’en est rien et le résultat, putassier au possible, ne vient que confirmer ce cruel état de fait.

Alors ouais, il est possible que ce nouveau Recall soit plus sombre que l’original. On ne rigole pas beaucoup et le ton y est grave. Le Doug Quaid (le nom du héros) de Colin Farrell ne balance pas de vannes quand il bute les bad guys à la mitraillette. Et quand il tente de le faire, il foire son coup et ce n’est jamais drôle. Il est sympa Colin Farrell et il fait ce qu’il peut pour sortir la tête hors de l’eau. Comme Jessica Biel, qui met beaucoup de cœur à l’ouvrage. Kate Beckinsale se montre en petite culotte au saut du lit, mais on sent bien que chez elle, ce rôle de méchante, qui combine celui de Michael Ironside et celui de Sharon Stone du film de Verhoeven, n’est qu’un prétexte à se montrer plus badass qu’à l’accoutumée, et ainsi de prouver aux spectateurs qu’elle peut tout jouer. Son mec (Len Wiseman) étant à la réalisation, tout est permis et au final, c’est elle qui sort le moins bien son épingle du jeu. Le film, en accordant une place plus importante à son personnage, met surtout en exergue une palette de jeu très limité, allant du sourire narcois, à la moue mécontente, lorsqu’elle appuie sur la gâchette de son gros calibre. Kate vaut beaucoup mieux. Mais c’est le cas de tous les membres du casting (Bryan Cranston notamment…)
Autant oublier de suite le quatuor formidable du premier film. Ici, personne n’est véritablement à sa place. Le film lui-même n’a pas vraiment de raison d’être. Et cela même si on tente de se dire qu’il n’est pas bon de juger une œuvre uniquement sur les intentions mercantiles qui en sont la base. Après tout, on est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Tout le staff de Total Recall Mémoires Programmées a donc, pendant la promo, tenté de nous faire avaler le truc de la relecture. Il faut voir leur film l’esprit neuf qu’ils disaient…

Pourquoi alors lorgner régulièrement du côté de chez Verhoeven, si c’est pour proposer une vision novatrice ? Pourquoi faire référence grossièrement à des scènes clés du premier long-métrage, si c’est pour affirmer que non, leur Total Recall n’a rien à voir avec l’ancien. Et là, on pense, entre autres, à la fameuse séquence de l’ascenseur, qui voyait jadis Michael Ironside se faire amputer des deux bras par Schwarzie. Le nouveau Recall remplace Ironside par un pauvre robot tout droit sorti de I Robot. C’est non seulement nase, mais complètement dénué de toute l’ironie ou de toute la sauvagerie qui habitait le chef-d’œuvre de Verhoeven. Idem pour les répliques qui ne claquent pas du tout ou pour les clins d’œil assumés (oui quelque fois ils sont aussi assumés), comme le fameux passage de la femme à trois seins (chaste et injustifié) ou celui de l’aéroport, où Quaid tente de passer le contrôle douanier. Alors ouais, dans ces cas là, le terme putassier convient plus que tout autre.

Dans le nouveau Total Recall, un seul truc retient l’attention : la production design. Le français Patrick Tatopoulos a fait un excellent boulot sur les décors et sur le design des machines qui, même si ils ne brillent pas par leur originalité, ont le mérite de sonner vrai. L’environnement de cette « relecture » est donc soigné. C’est déjà ça, mais malheureusement, ce n’est pas assez pour faire oublier le régiment de casseroles que se traine le métrage.

En voulant revenir aux origines de la nouvelle de K. Dick, Wiseman se vautre. Son film repose sur des enjeux en carton. Doug Quaid ne met jamais les pieds sur Mars, il n’y a pas de mutants (à part la femme à trois seins, qui est autant à sa place qu’un lamantin ne le serait au Pôle Nord) et le film de pomper atrocement et grossièrement à droite à gauche pour faire oublier le vide abyssal sur lequel il repose.
On pense alors à la trilogie Jason Bourne pour les combats au corps à corps, certes bien filmés (beau plan séquence en début de film), à I Robot donc, mais aussi à La Guerre des Clones pour ne citer qu’eux. Le résultat de ce mélange entre opportunisme et absence d’ambitions sincères, débouche sur un blockbuster dénué de personnalité, qui sous couvert d’intentions nobles, piétine un monument qui n’en demandait pas tant.

Quand à la fameuse interrogation : le héros de Total Recall vit-il dans un rêve ou dans la réalité ? Et bien, autant le premier film ne prenait jamais parti et laissait en suspens avec brio la question, autant celui-ci perd les pédales, tente de se raccrocher aux branches et se ramasse à l’occasion d’un plan final complètement aux fraises. La sanction est immédiate : à savoir si le héros rêve ou pas, c’est l’indifférence qui gagne.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Rekall Productions

Par Gilles Rolland le 15 août 2012

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Pamalach
Pamalach
11 années il y a

Aie…c’est ce que l’on craignait…