[Dossier] Le Festival de Cannes sans accréditation – Jour 2 : Assister au Grand Journal
(Précédemment : lire la première partie)
Sous le soleil de Canal
Lundi 16 mai. Belle journée. S’habiller dans sa chambre d’hôtel en regardant le film Dommage Collatéral est un plaisir dont peu de personnes mesurent l’importance.
Le soir venu, nous voici dans la file d’attente pour assister à l’émission de Canal Plus, Le Grand Journal.
À Cannes, il y a beaucoup de queues. Encore aujourd’hui, alors que les Hot d’Or ne font plus partie de l’équation cannoise. C’est donc après demi-heure d’attente que vient enfin le moment d’entrer dans le saint des saint : la plage du Martinez.
On nous remet un bracelet et on nous offre un rafraichissement. C’est la grande classe et ce n’est que le début. L’émission va bientôt commencer et le temps de signer un papier qui cède notre image à Canal Plus le temps d’un soir, nous voilà assis derrière les tabourets qui ne vont pas tarder à accueillir les postérieurs d’Ariane Massenet, d’Ali Badou et compagnie. Le soleil est encore écrasant, rendant le port des lunettes adaptées obligatoire. Mon crâne, déjà éprouvé par le soleil cannois est de la même couleur que la cravate de Jean-Luc Melenchon.
Pénétrer l’envers du décors d’une grande émission est plutôt sympa. Le chauffeur de salle, un bellâtre aux faux-airs de Brad Pitt, qui nous explique comment devenir un public docile qui doit exprimer sa joie à chaque fois que les circonstances l’exigeront, est très cool. Les photos sont bien sûr interdites et les téléphones portables sont priés de la mettre en veilleuse. Il est 19h. Michel Denisot arrive. C’est la star et il le sait. Ce premier contact « en direct » nous rappelle les propos d’un chauffeur avec qui nous avons eu l’occasion de discuter devant l’hôtel Le Martinez plus tôt dans la journée (ou la veille je ne sais plus). Un chauffeur un peu blasé par le comportement hautain de certaines personnalités de la télé et du cinéma, qui n’a pas manqué de souligner le melon de Denisot qui n’a eu de cesse d’enfler au fil des années. Sympa sans plus et relativement froid, Michel Denisot semble concentré et très professionnel. Pas trop le genre de type qui donne envie de sortir du cadre lors d’un happening improvisé en pleine émission. Arianne Massenet, Ali Badou et Tania Bruna-Rosso, qui regagnent le plateau peu de temps après, sont plus chaleureux. À quelques poignées de secondes du direct, l’équipe s’agite. Les maquilleuses font les retouches et le générique se fait entendre. L’impression d’être dans la télé est très forte, tout comme celle de cuire sur place. C’est très con comme impression mais c’est comme ça.
Vient le moment de découvrir les invités. Carole Bouquet arrive, suivie de Cécile De France, venue présenter Le Gamin au vélo des Frères Dardenne. La déception est là. Forcément quand on s’attend à voir débouler Brad Pitt ou Robert De Niro…
Fidèle à son image de grande reine du cinéma français pour locataires du triangle d’or parisien, Carole Bouquet est assez froide. Pas suffisamment néanmoins pour empêcher la peau de mon front de cramer littéralement sous les assauts d’un soleil qui ne semble pas pressé de se coucher. À la pause pub, c’est Laurent Weil le grand « spécialiste » maison du cinéma qui fait son entrée.
Grand par la taille surtout…
La première partie du Grand Journal touche à sa fin. Yann Barthès termine son Petit Journal et se tire sans autre forme de procès laissant l’antenne aux Guignols. Des Guignols qui soulignent grassement l’affaire Strauss-Khan, alors au centre des préoccupations. C’est d’ailleurs très cool de pouvoir assister en vrai aux Guignols. Et cela même si je n’ai jamais été un grand fan de la chose. Tout prend une autre dimension quand on est à l’intérieur. L’angle est différent, on s’en doute.
La Deuxième partie voit arriver sur le plateau Jamel Debbouze, l’excellent Michel Gondry et le sportif Samuel Eto’o. Eto’o qui passera pour une bille en ratant le défi proposé qui consistait à shooter dans des ballons depuis le plateau pour les envoyer sur une cible flottante. Jamel lui, réussira son coup.
Gondry est fidèle à son image : cordial et discret. Jamel lui aussi est très cohérent avec sa réputation. Abordable, l’acteur se prête au jeu de la promo, pose avec le public, fait le show.
Une très bonne ambiance règne sur le plateau. Mais bon… Pour De Niro et Brad Pitt il faudra repasser. À la place c’est la valse des habitués qui se déroule sous nos yeux. Charlotte LeBon est de la partie, Mouloud Achour aussi, tout comme le rappeur La Fouine.
Et c’est là que les choses prennent une tournure pas franchement terrible. Assister à un live de La Fouine n’est déjà pas une chose facile, mais ça en est une autre que d’être forcé de rester après la fin de l’émission pour supporter deux morceaux de plus d’un espèce de rappeur en quête de crédibilité musicale, qui enchaine les deux mêmes accords sur une guitare en déblatérant des paroles d’une platitude extrême.
Au final, l’image que je retiens de La Fouine est celle d’un gus qui a paradé l’après-midi précédent l’émission, en décapotable dans les rues de la ville, en saluant les bombasses, cramant un peu de la gomme de ses pneus et diffusant sur son passage les beats d’un rap à fort volume.
Il fait presque totalement nuit. Je sens la peau de mon crane se craqueler. Si on me mettait à côté d’une tomate bien mûre, cette dernière aurait probablement l’air jaune.
Festival de Thon (mi-cuit)
On nous invite à rejoindre le ponton de la plage du Martinez. Là nous attendent une escouade de serveurs armés de plateaux pleins à craquer de mets divers et variés. Risotto, poulet mariné, champagne, Canal Plus sait recevoir, c’est un fait indéniable. Un cameraman fait l’aller-retour entre les convives afin de glaner leurs impressions. Nous sommes d’ailleurs interrogés. Je ne manque pas de souligner la qualité de l’incroyable thon mi-cuit, servi. Ce truc est phénoménal ! Encore aujourd’hui, lorsque je l’évoque, mes papilles s’emballent. On pourrait écrire un livre sur ce thon ! Un livre qui serait peut-être un peu chiant je vous l’accorde, mais qui serait tout à fait justifié.
La soirée touche à sa fin. Ali Badou passe en coup de vent, je m’empiffre littéralement et des hôtesses nous remettent une poche pleine de cadeaux à l’effigie de Canal Plus. Il est 22h30.
En dehors de toutes les critiques qui peuvent être formulées à l’encontre du Grand Journal, il faut avouer que cette expérience fut assez marquante. Une bien belle façon de vivre le Festival de Cannes. Nourri et blanchi par Canal Plus, sous le regard bienveillant de l’Hôtel Martinez. De quoi toucher du doigt l’autre Festival de Cannes. Celui des stars et des privilégiés.
Au moment de regagner nos pénates, un bilan s’impose. Le Festival de Cannes sans accréditation reste un événement particulier. Ok, on ne voit pas de films et on s’aperçoit vite qu’il est plus facile de suivre l’actu du festival en restant chez soi (grâce notamment à la chaine du festival). L’expérience doit vite tourner à la frustration absolue quand elle se prolonge, mais sur deux jours c’est vraiment chouette. On peut, à peu de frais, se payer un petit séjour parmi les stars. Un peu comme au zoo. Ils sont dedans, nous dehors. À la différence près qu’ici, ceux qui sont dedans veulent y rester tandis que ceux qui sont dehors veulent rentrer. On peut déguster un sandwich jambon-fromage les pieds dans l’eau ou se bâfrer de thon mi-cuit en regardant passer les journalistes, les nanas en bikini, les groupies et les touristes. Le cirque cannois est sans égal.
Avec ou sans accréditation…
@ Gilles Rolland
[…] À suivre… ICI ! […]
tellement realiste, merci 😉
bravo gilles j avais vraiment le sentiment d être a canne je voie que c est toujour les même qui profite bravo a ta compagne qui a eu les places super commentaire ta pas eu des cloques sur la tête