[Dossier série] Dexter tire sa révérence et c’est une bonne nouvelle !

DOSSIERS | 5 juillet 2013 | 1 commentaire
Dexter-saison-8

1er octobre 2006 : Dexter Morgan déboule sur les écrans de télévision américains. C’est le choc. Le héros n’est pas comme les autres. Inspirée des écrits de Jeff Lindsay, la série met en scène un expert en médecine légale spécialisé dans l’analyse des traces de sang. Dexter bosse au Miami Metro Police Department. Le jour du moins, car la nuit, il se met en chasse et livre sa propre version d’une justice expéditive. Dexter est un serial killer. Un homme traumatisé par le meurtre de sa mère alors qu’il était enfant, devenu un tueur de meurtriers. Assailli par un besoin insatiable de dessouder, Dexter suit le code que lui a enseigné son père adoptif et ne dézingue que les méchants, au terme d’un cérémonial qui oblige les victimes à contempler leurs propres forfaits, attachées fermement à une table.

30 juin 2013 : Dexter entame sa huitième saison. Ce sera la dernière, promis juré ! Les comédiens des débuts, Michael C. Hall (Dexter) en tête, sont toujours de la partie pour la plupart et s’apprêtent à faire leurs adieux à la poule aux œufs d’or qui leur a permis de s’imposer sur le petit écran pendant 8 ans et même parfois de se payer une incursion sur le grand (écran).

Disons-le tout net : Dexter est une grande série. Ou au moins, histoire de modérer un peu, une bonne série. Pourtant, ces dernières années, le show de James Manos Jr. a franchement tiré sur la corde au point de souvent partir dans des directions regrettables. Aujourd’hui, la série vit ses dernières heures et c’est une bonne nouvelle. Pourquoi ? Tentative d’explication en trois points.

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La justice selon Dexter

Dexter s’en sort toujours. C’est la première et la meilleure raison de l’épuisement de Dexter et celle qui justifie que l’on accueille avec joie l’arrêt de la série.
De part sa condition de flic, Dexter marche sur des charbons ardents. Il pourchasse les meurtriers légalement le jour et illégalement la nuit et finit bien souvent par avoir le dernier mot. Le dernier mot chez Dexter étant synonyme d’un bon coup de couteau dans la poitrine.
En bref, on peut dire que même si il ne tue que des méchants, Dexter bosse officiellement pour son pire ennemi, à savoir la loi.
Étrangement, à ses débuts, la série n’a pas fait autant de scandale que son pitch aurait pu le laisser penser. Quand on y réfléchit, c’est assez compréhensible. Dexter est une création américaine. Aux États-Unis, les justiciers de l’ombre ont toujours eu la côte. Que ce soit les super-héros Marvel et DC Comics ou encore les types plus badass issus des vigilante movies où la loi du talion est encore et toujours de mise. Le Justicier dans la ville et consort par exemple. Des anti-héros aux méthodes sanglantes qui sont à la fois juges, jurés et bourreaux comme ce bon vieux Judge Dredd. En soi, Dexter Morgan est un justicier 100% yankee et ses actes, si ils sont répréhensibles par la morale unilatérale, le sont moins par un public habitué à ce genre de choses. N’oublions pas que les USA pratiquent toujours, dans certains états, la peine capitale et Dexter, avec sa collection de couteaux et son absence de remords, est un peu comme une chaise électrique sur patte, qui le jour venu se transformerait en gentil rocking-chair inoffensif. Normal dans un pays (ça marche aussi ailleurs qu’aux States) qui semble avoir des doutes sur le bien fondé et l’impartialité de la justice, qu’un mec qui tue de vrais méchants, soit adoubé par la foule.
Dexter est un mec gentil au fond. Il devient même père et peut tomber amoureux. Il préserve la sécurité des habitants de sa ville et ne doit pas se faire arrêter. Moins subversive que prévue, la série accorde ses violons avec un certain courant de pensée américain (mais pas uniquement une fois encore) et met en œuvre un héros aux méthodes proches de la loi du talion, remise au goût du jour.

Dexter, cet électron libre

Dexter s’en sort donc toujours et la série tourne en rond. Dès la seconde saison, de sérieux soupçons pèsent sur celui qui balance les corps démembrés de ses victimes en pleine mer. Au fil des épisodes, Dexter se met dans des situations inextricables mais finit toujours par s’en sortir. Le manège est toujours le même et les nuances dépendent surtout de la qualité de l’opposant principal qui lui est alloué. Au début, on est en droit de douter de la tournure que prendront les événements, mais on s’aperçoit bien vite que si il va pourrir en taule, le rouquin adepte des longues lames ne pourra plus en sortir. Alors ça tranche et les rebondissements et autres retournements de situations se multiplient jusqu’à franchement tomber dans l’excès.
Lors de la saison 7, la pression s’exerce un peu plus sur Dexter, mais une fois encore, par la magie d’un twist dont nous ne parlerons pas ici, Dexter s’en sort. Et vu qu’il n’éprouve pas de remords, le bougre n’a aucun mal à retourner à sa vie.
Pendant ce temps, son entourage n’y voit que du feu. Inutile de porter un masque ou des lunettes pour Dexter qui est, aux yeux de ses collègues, le gentil geek de labo. Et si certains fleurent la supercherie (Doakes le premier), l’attitude super naïve des autres, est aussi pour beaucoup dans l’agacement croissant que la série peut susciter.

Le problème avec Dexter, qui aurait du s’arrêter il y a bien longtemps histoire de livrer un ensemble tendu et cohérent, est le même que celui de shows comme How I met your mother. Il repose sur une seule et grande idée. Quand Ted va-t-il enfin rencontrer sa femme ? Franchement, au bout d’un moment on s’en fout. Dexter va-t-il réussir à passer à travers les mailles du filet de la justice ? On s’en fout un peu aussi, quand on voit jusqu’où sont prêts à aller les scénaristes pour laisser à leur anti-héros les coudées franches.
Tirée par les cheveux, dès la saison 3, la série les arrache par touffes entières, quand on comprend que les scénaristes ne changeront jamais les rouages d’une mécanique bien huilée. Au moins jusqu’au dernier épisode, qui approche, et dont espère peut-être trop…

Pour comparer, Breaking Bad (et son héros lui aussi versé dans l’illégalité, vu qu’il fabrique de la drogue) a bien mieux su gérer les nombreux virages et donc assurer sur la longueur la pérennité d’une tension indispensable à une série qui s’achève elle aussi cette année, mais qui, contrairement à Dexter n’a jamais (ou très peu) joué la montre de manière un poil outrageuse.

Dexter

Les amis de Dexter

Des personnages secondaires trop fragiles sur la longueur. À titre de comparaison, How I Met Your Mother et son éternelle question, relative au bien fadasse Ted, a le mérite d’offrir d’autres personnages et donc d’autres dynamiques, au final plus intéressantes que le protagoniste principal. Ce n’est pas un hasard si Josh Radnor (Ted Mosby) n’a d’ailleurs quasiment rien fait d’autre depuis 2001 et le début de la sitcom. Que ce soit Robin (Cobie Smulders), Barney bien sûr (Neil Patrick Harris) ou encore Marshall (Jason Segel), tous ou presque sont plus intéressants que lui et le cinéma fait maintenant les yeux doux à ces comédiens qui on su tirer leur épingle du jeu (chanceux aussi de ne pas avoir écumé du rôle central et de ses éternelles interrogations sur la vie, l’amour et les vaches).
Dans Dexter, c’est l’inverse. Dexter Morgan est complexe et torturé et ses aventures, à défaut d’être tout le temps surprenantes, ont le mérite de retenir l’attention. Ce qui n’est pas le cas de ses compères. Qui a vibré devant la romance d’Angel Batista et de Maria LaGuerta ? Qui a trépigné de plaisir devant les escapades nocturnes de Joey le quetard ? La facilité avec laquelle la pauvre et innocente Rita avale les couleuvres de son serial killer de mari n’est-elle pas vraiment exagérée ? Les personnages animés des mêmes motivations que Dexter que ce dernier a côtoyé au fil des saisons, étaient-ils tous vraiment pertinents ? Seule Debra et son déluge de « fuck » est parvenue dans un premier temps à proposer quelque chose de frais. Avant de tomber dans l’excès et dans la redite malheureusement.
Oh bien sûr, il y a bien Mazuka et ses vannes scabreuses, mais cela suffit-il pour aérer un peu un show qui s’est lentement mais surement enfoncé dans une routine ennuyeuse ? Pas vraiment…

Finalement assez lisse et prévisible, mais néanmoins violente et addictive, Dexter est une série culte, pas de doute là-dessus. Une série culte qui aurait du s’en tenir à, disons… 5 saisons. Quatre peut-être, pour être sûre de conserver la puissance de son concept de base. Peut-être plus canalisé que d’autres show qui, en multipliant les pistes, tombent dans le ridicule (True Blood est un bon exemple), Dexter n’en reste pas moins aujourd’hui, beaucoup plus fadasse qu’à ses débuts. La saison 7 et son cliffhanger redoutable promettaient alors une ultime tournée bien corsée et accélérait le processus du chat et la souris sur lequel repose tout l’édifice. Après une cinquième saison en demi-teinte, une sixième un peu moisie, avec un pitch en forme de recyclage des thrillers post-Se7en, avec son méchant bigot rejouant l’acte final de la Bible, et une septième qui se décidait mollement à faire trembler le gentil serial killer sur ses fondations, l’ultime saison n’a pas droit à l’erreur.
Alors qu’elle vient de commencer aux États-Unis, la huitième saison verra-t-elle Dexter stopper dans le sang et les tripes son périple de justice meurtrière ? On reste sur le dossier et on croise les doigts car seul un excellent dénouement pourrait à la limite excuser le temps que la série a pris pour tourner en rond ces dernières années.

@ Gilles Rolland

Le point de vue d’Audrey :

Dexter a repris il y a quelques temps pour une nouvelle saison, et ce sera la dernière. Retour sur une série phare …

Pour ma part, je suis globalement d’accord avec ce dossier analyse de Gilles Rolland qui rend bien compte des qualités et des défauts qu’a connu la série depuis ses débuts. Je ne serai cependant pas aussi dure, Dexter reste selon moi une série remarquable. Pour résumé très globalement, saison par saison :

La première est un chef-d’oeuvre avec un final grandiose et puissant, la seconde l’est tout autant et en plus amène pas mal de piment avec le personnage incroyable de Lila, la troisième est – admettons le – pas à la hauteur et incroyablement décevante, la quatrième est juste du tonnerre ! avec le fantastique «Tueur de la Trinité ».

C’est à partir de la cinquième que l’essoufflement se fait sacrément sentir. Bien que Julia Stiles apporte brillamment sa pierre à l’édifice, le résultat est loin d’être parfait et la saison est seulement correcte. On aura eu de superbes moments, mais le personnage principal s’enlise et tourne en rond. Quant à la saison 6, elle est tout simplement très très moyenne voire mauvaise ? On s’ennuie, on tarde à la finir et au final, on a qu’une hâte c’est que les producteurs annoncent la fin de la série.

Jackpot ! C’est exactement ce qu’ils firent à la fin de la septième saison l’année dernière, et houra on est heureux ! Heureux de se dire qu’enfin on va savoir ce qu’il va advenir de ce serial killer pas comme les autres, terrifiant et attachant à la fois. Heureux aussi de ne plus avoir à subir les dégâts d’une série, qui ne sait pas s’arrêter quand il le faut… À savoir au bon moment, et comme précisé dans ce dossier, qui aurait pourtant pu être quasi parfaite comme l’est actuellement Breaking Bad qui tirera ses dernières cartouches aux États-Unis en Août.

La septième saison d’ailleurs est tout de même vraiment bien ficelée, d’une intelligence qui force le respect et qui sert sur un plateau d’argent un final époustouflant. En réalité, Dexter a été remis à sa place, lui le serial killer sympathique, qui deviendrait presque un héros dans le cœur des américains (qui pratiquent encore le peine de mort, et comme c’est également très bien dis dans le dossier d’ailleurs), a été remis à sa place grâce à des scénaristes intelligents, soucieux des messages qu’ils font passer et qui se refusent à la facilité. Elle est là la grande intelligence de cette fin d’histoire finalement, Dexter dans ses grands tourments, dans toute sa complexité et malgré toute la sympathie qu’on peut lui porter, est finalement mis en face de sa glaciale réalité. Et le rendu de la dernière saison est saisissant, éloquent. Bref, c’est tout simplement brillant.

La saison 8 a donc commencé aux États-Unis et pour l’instant c’est vraiment pas mal, espérons que la grande aventure Dexter se termine sur les chapeaux de roues, histoire de retrouver sa superbe le temps de quelques épisodes.

@ Audrey Cartier

Par Gilles Rolland le 5 juillet 2013

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yosh yoshy
yosh yoshy
10 années il y a

Excellent article!! j’ai adopté cette série dès le 1er épisode! la dernière saison me laisse sans voix ( jusqu’ici )! elle est GENIALE!