[CRITIQUE] EAUX PROFONDES
Titre original : Deep Water
Rating:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Adrian Lyne
Distribution : Ana de Armas, Ben Affleck, Jacob Elordi, Grace Jenkins, Tracy Letts, Rachel Blanchard, Finn Wittrock…
Genre : Thriller/Adaptation
Durée : 1h55
Date de sortie : 18 mars 2022 (Prime Video)
Le Pitch :
Vic et Melinda sont mariés mais ne semblent pas partager les mêmes valeurs au sujet de l’institution sacrée. Si lui est un homme fidèle et bienveillant, qui profite de la vie avec sa petite-fille et son épouse dans sa grande maison, elle n’aime rien tant que batifoler à droite à gauche, ne cessant d’humilier Vic. Un jour néanmoins, le mari trompé en a assez…
La Critique d’Eaux Profondes :
Adaptation d’un roman de Patricia Highsmith, notamment co-écrite par Sam Levinson, l’homme de la série Euphoria, Eaux Profondes a tablé toute sa promo sur sa prétendue nature de thriller érotique à la Basic Instinct. Le fait que le film ait été tourné par un maître du genre, à savoir Adrian Lyne, monsieur 9 Semaines et demi et que Ben Affleck et Ana de Armas étaient ensemble pendant la production ayant ajouté un peu de piment à l’affaire. Pourtant, à l’arrivée, Eaux profondes s’est pris un méchant bouillon, s’attirant la haine d’un bon paquet d’internautes. Un accueil loin d’être torride pour un film certes pas vraiment mémorable mais loin d’être aussi mauvais que redouté.
À contre-courant
Et si on oubliait un instant qu’Eaux profondes marque le retour aux affaires d’Adrian Lyne ? Parce que bon, l’homme n’est clairement plus aussi en forme qu’à la grande époque. Rappelons qu’outre la référence du genre 9 Semaines et Demi, Lyne a quand même aussi signé Liaison fatale, le très bon remake du Lolita de Stanley Kubrick et surtout L’Échelle de Jacob. Un film qui n’a rien d’érotique mais qui fait par contre méchamment flipper. Une autre référence, dans un style différent.
Ici, Adrian Lyne, après une pause de 20 ans tout de même (son dernier film, Infidèle, remonte à 2002), a le privilège de filmer le couple Ben Afflek/Ana de Armas, qu’il projette au cœur d’une histoire tordue imaginée par Patricia Highsmith. Les deux acteurs trouvant immédiatement leurs marques au sein d’un récit certes un peu bancal mais néanmoins traversé de quelques jolis fulgurances.
Proposition incandescente
Le mieux est aussi de se dire qu’Eaux profondes n’est pas vraiment un thriller érotique. Oui il y a bien quelques plans un peu olé-olé mais c’est tout. Il faut néanmoins signaler qu’Ana de Armas enflamme l’écran à chacune de ses apparitions. Ce que le réalisateur a parfaitement compris, lui qui filme son actrice avec une fascination certaine, parvenant à exploiter son charisme hors-norme et son jeu plus qu’inspiré. En face, Ben Affleck, dans un registre qui n’est pas sans évoquer l’autrement plus glorieux Gone Girl, assure lui aussi. À vrai dire, ici, c’est le couple qui tient la baraque, envers et contre un récit balisé et un peu mou, dont le principal défaut est de s’étirer sur presque deux heures.
Liaison fatale 2
Parcouru de détails un peu invraisemblables mais néanmoins séduisant sur la longueur, Eaux profondes parvient à instaurer une atmosphère assez pesante, avec sa patin très 90’s. Là encore les acteurs, dont le jeu ambivalent fait des merveilles, nourri par leur évidente complicité, sauvent l’ensemble de la noyade. Adrian Lyne semble alors leur donner les rennes sans trop forcer, illustrant sans trop de virtuosité une histoire il est vraie un peu trop indigente pour pleinement convaincre. Cela dit, quand on prend la peine de se laisser emporter, le spectacle n’a rien de désagréable. Le film trouve ainsi sa voie lors de ces échanges vénéneux entre Vic et Melinda, d’où les mots sont parfois absents, alors que se dessine une réflexion sur l’amour et le couple. On a vu plus déshonorant.
En Bref…
Porté par les performances inspirées et troublantes d’Ana de Armas, dont la beauté ne cesse de couper le souffle, et du solide Ben Affleck, Eaux profondes n’est bien sûr pas au niveau des références du genre. Pas vraiment sulfureux, il s’avère néanmoins convainquant quand il disserte sur le mariage et la notion d’engagement.
@ Gilles Rolland