[Critique] GAME OF THRONES – Saison 7
Titre original : Game of Thrones
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : David Benioff, Dan B. Weiss
Réalisateurs : Jeremy Podeswa, Mark Mylod, Matt Shakman, Alan Taylor.
Distribution : Peter Dinklage, Lena Headey, Nikolaj Coster-Waldau, Emilia Clarke, Kit Harington, Aidan Gillen, Liam Cunningham, Carice Van Houten, Sophie Turner, Nathalie Emmanuel, Maisie Williams, Conleth Hill, Isaac Hempstead-Wright, Alfie Allen, Gwendoline Christie, Hannah Murray, Iain Glen, Rory McCann, Jerome Flynn, Pilou Asbaek, Paul Kaye, Richard Dormer, Kristofer Hivju, Diana Rigg, Daniel Portman…
Genre : Aventure/Heroïc-Fantasy/Drame/Fantastique/Adaptation
Diffusion en France : OCS City
Nombre d’épisodes : 7
Le Pitch :
L’hiver est là. À Winterfell, Jon Snow et Sansa Stark tentent de fédérer tous les seigneurs du Nord, afin de se préparer pour la grande guerre qui s’annonce contre le Roi de la nuit et ses hordes de marcheurs blancs. Daenerys Targaryen quant à elle, débarque à Peyredragon, l’ancien fief de sa famille, accompagnée des Dothrakis, des Immaculés, de Tyrion Lannister, de sa conseillère Missandei, bien décidée à reprendre le trône aux Lannister. À Port-Real justement, Cersei aussi fomente un plan et recherche des alliés. Divisé, en proie à une menace terrifiante dont beaucoup ne saisissent pas l’ampleur, le royaume des sept couronnes entre dans l’hiver au rythme d’alliances et de trahisons…
La Critique de la saison 7 de Game Of Thrones :
Nous étions prévenus : les deux dernières saisons de Game Of Thrones ne compteront pas 10 épisodes comme les 5 premières. C’est donc de 7 épisodes seulement qu’est constitué ce septième acte bien évidemment attendu au tournant. Une saison impressionnante, dans tous les sens du terme, qui a aussi bien galvanisé que divisé, imposant plus que jamais la série comme l’une des plus ambitieuses de son temps, mais aussi comme l’une des plus clivantes…
Guerre des mondes
Le dénouement se dessine désormais à l’horizon avec toujours plus de clarté. La fin est proche. L’urgence se fait sentir. Du côté de l’intrigue, qui voit des alliances se former, des révélations tout bousculer et des enjeux exploser dans le sang, le feu et les larmes. Dû à son format plus réduit, la saison 7 adopte très rapidement une toute nouvelle rythmique, après une introduction posée mais néanmoins très tendue car annonçant des événements amenés à se produire dans un futur proche. L’épisode 2 voit le conflit entre les différences maisons engagées dans le combat prendre forme. Sur la mer ou sur terre, les plans sont mis à exécution avec tout ce que cela sous-entend.
On a souvent reproché à Game Of Thrones de prendre son temps. Surtout ceux qui voulaient des bastons et qui ont souvent souligné des plages de dialogues jugées trop longues. Aujourd’hui, c’est sa rapidité que l’on reproche à la série, ignorant la signification et le rôle même des ellipses, ces figures de style qui permettent de faire avancer le récit en « sautant » dans le cas présent, des scènes de transition. Ellipses justifiables par les mises en place qui ont eu lieu dans les saisons précédentes. Certes, les personnages se déplacent vite sur la carte de Westeros, passant de Peyredragon à Port-Real en un clin d’œil, alors qu’auparavant, un trajet similaire s’étalait parfois sur une saison entière. Ce qui est parfaitement pertinent car jadis, le trajet faisait partie de l’histoire en cela qu’il permettait de continuer la narration. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les pions de ce gigantesque jeu d’échecs sont là où ils sont censés être. La phase d’exposition est terminée depuis longtemps et les objectifs de tous sont verrouillés. Alors oui, parfois, les variations de rythme au sein d’un même épisode peuvent s’avérer un poil déstabilisantes. Mais encore une fois, tout est justifié. Les showrunners privilégient l’action en prenant quelques raccourcis, pour la simple et bonne raison que tout le travail accompli en amont leur permet de le faire. Une preuve parmi d’autres que Game Of Thrones est une série qui, à la fin, s’appréciera véritablement dans sa globalité, chaque saison préparant la suivante. C’est alors que les personnages multiplient les allusions au passé. Un passé qui revient notamment par l’entremise de Bran, et qui charrie avec lui des fantômes qui définissent les contours des décisions que certains sont amenés à prendre pour les bien de tous ou seulement pour le leur.
En quelque sorte libre de leurs décisions, par rapport aux bouquins de George R.R. Martin, même si ils continuent d’en respecter bien sûr beaucoup les bases narratives, David Benioff et Dan B. Weiss prennent dans cette saison 7 un maximum de décisions et donc de risques, mais parviennent à l’arrivée à combler les plus folles attentes. L’accélération du récit a commencé par prendre tout le monde à revers. Puis est venu l’épisode 4, qui restera comme l’un des plus spectaculaires de toute la série, avec ses sublimes effets-spéciaux, son écriture sur le fil du rasoir et son incroyable souffle épique. Pas de repos pour les braves, l’épisode 5 a déplacé une partie des personnages afin d’orchestrer un épisode 6 à proprement parler hallucinant. Une sorte de film dans la série, quasi-exclusivement centralisé sur un groupe. Un survival furieux, là aussi parfaitement maîtrisé d’un point de vue visuel, en forme de flamboyante enfilade de morceaux de bravoure, jusqu’au final à couper le souffle. Un épisode qui a par ailleurs marqué le retour d’Alan Taylor, lui qui est allé se fourvoyer au cinéma après avoir éclairé de son savoir-faire les premières saisons de la série (on lui doit Thor 2 et Terminator : Genisys). En pleine forme, plus à l’aise avec les marcheurs blancs qu’avec le T-800 ou les super-héros Marvel, Taylor fait preuve d’une virtuosité certaine, épaulé par une technologie parfaitement exploitée, qui jamais ne déborde sur le récit ou n’entrave sa progression. Un modèle du genre qui intervient avant le bouquet final de cette avant-dernière saison et qui, à lui seul, se pose sans mal comme la chose la plus maîtrisée, la plus spectaculaire, la plus galvanisante que l’on a vu cet été, voire cette année, à la télévision ou au cinéma. Oui, c’est à ce point ! Déjà souvent incroyable, de part son intensité et sa propension à avoir su bâtir un univers ambitieux boosté par un savoir-faire indéniable et un soucis du détail parfait, Game Of Thrones a franchi cette année un nouveau palier. Ne serait-ce que pour tout ce qui est relatif aux dragons. Des créatures qui, dès qu’elles sont sorties de leurs œufs, à la fin de l’acte 1, incarnaient des promesses que la série ne pouvait pas se permettre d’ignorer, de prendre à la légère ou simplement de foirer. Des promesses que David Benioff et Dan B. Weiss tiennent aujourd’hui, tout en nous en faisant d’autres. Parce qu’autant le dire : le final de la saison 7 est incroyable. Un épisode qui devrait contenter les amateurs de joutes verbales -elles y sont jubilatoires et parfaitement écrites- mais aussi les autres. Un épisode de 80 minutes, en forme de parfaite conclusion à une saison mémorable, qui nous aura fait passer par toutes les émotions.
Réunions de familles
Et puis il y a le plaisir évident de voir les frontières se briser. Des personnages jusque-là éloignés se retrouvent à échanger, des amitiés naissent, de nouveaux complots émergent et chacun doit s’adapter à une dynamique chamboulée, qui tient l’ennui à distance, et booste considérablement la portée des enjeux, eux aussi en perpétuel mouvement. Globalement, peut-être étant donné qu’il y a moins de personnages, Game Of Thrones étant une série, on le sait, qui n’hésite pas à sacrifier des protagonistes de manière régulière, pour le bien de l’histoire, chacun a clairement plusieurs occasions de briller. Sandor Clegane par exemple, ou encore Tormund, n’en finissent plus de s’imposer parmi les meilleurs personnages du show, tandis que Sansa continu sa montée en puissance, tout comme Arya, Jon Snow, Daenerys et les autres. Même Podrick, le gentil écuyer, a davantage les coudées libres. Du côté des Lannister, même son de cloche. Cersei est toujours plus « evil » et sa relation avec son frère Jaime aussi ambiguë que fascinante, comme pouvait nous le laisser présager le dernier épisode de la saison précédente. D’Emilia Clarke à Kit Harington, en passant par l’impérial Peter Dinklage, qui a droit à une scène particulièrement déchirante, sans oublier Lena Headey, Nikolaj-Coster Waldau, Sophie Turner, Aidan Gillen et Rory McCann, tous contribuent, à la force de leur charisme, de leur talent et parfois de leurs bras, à faire de cette saison un immense et remarquable tour de force visuel et narratif. Un festival heroïc-fantasy d’une intensité jamais atteinte sur le petit écran, dont le souffle, la générosité et la virtuosité en font l’équivalent des meilleurs représentant cinématographiques du genre.
En Bref…
La saison 7 de Game Of Thrones, bien que plus courte de 3 épisodes, propose un spectacle d’une intensité rare, entre séquences homériques aux effets-spéciaux sensationnels et retournements de situations inattendus. La conclusion approche et cela se sent clairement. En prenant le risque de bousculer sa rythmique, la série va certes un peu vite mais prouve surtout son courage et son désir de nous en donner pour notre argent. Elle enchaîne ainsi les morceaux de bravoure, nous offre des images amenées à rester gravées, sublime son langage, et prend certes des raccourcis mais sait aussi les justifier. De quoi largement coller la chair de poule et faire couler une larme ou deux, avant d’encourager des applaudissement de rigueur.
@ Gilles Rolland
“nous en donne pour notre argent” – sachant que 80% des spectateurs visionnent la série en téléchargement illégal, c’est assez ironique (-:
Oui mais je faisais référence à ceux qui comme moi, ont OCS ou aux 12 millions qui l’ont regardé sur HBO aux USA 😉
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