[Critique série] ORANGE IS THE NEW BLACK – Saison 7

SÉRIES | 2 août 2019 | Aucun commentaire
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Titre original : Orange is The New Black

Rating: ★★★★☆

Origine : États-Unis

Créateur : Jenji Kohan

Réalisateurs : Michael Trim, Andrew McCarthy, Constantine Makris, Laura Prepon, Nick Sandow, Ludovic Littee, Natasha Lyonne, Erin Freeley, Diego Velasco, Phil Abraham, Mark A. Burley.

Distribution : Taylor Schilling, Laura Prepon, Danielle Brooks, Dascha Polanco, Kate Mulgrew, Uzo Aduba, Laura Gómez, Selenis Leyva, Jessica Pimentel, Susan Heyward, Elizabeth Rodriguez, Taryn Manning, Yael Stone, Adrienne C. Moore, Jackie Cruz, Matt Peters, Alysia Reiner, Emily Tarver, Nick Sandow, Marie-Lou Nahhas, Greg Vrotsos, Sipiwe Moyo, Karina Arroyave, Jason Biggs, Miguel Izaguirre…

Genre : Drame/Adaptation

Diffusion en France : Netflix

Nombre d’épisodes : 13

Le Pitch :

La vie continue tant bien que mal à Litchfield. Alors que Taystee a été condamnée à la perpétuité pour un meurtre qu’elle n’a pas commis, Cindy et Gloria sont sur le point de connaître les joies de la liberté. Piper, qui a bénéficié d’une libération anticipée, fait l’expérience de la vie après la prison et doit composer avec une relation à distance avec Alex, tandis que Blanca, elle, est entre les mains de l’I.C.E., l’agence gouvernementale en charge de la question de l’immigration…

LA CRITIQUE DE LA SAISON 7 D’ORANGE IS THE NEW BLACK :

Après 7 ans de bons et loyaux services, Orange is the New Black, show emblématique de Netflix, (de ceux qui ont permis à la plate-forme de devenir incontournable à l’international), tire sa révérence. Créée par Jenji Kohan (Weeds), la série a su séduire son public et le faire adhérer aux aventures des détenues de Litchfield. Démarrée sur des chapeaux de roue, elle est montée crescendo lors des 4 premières saisons avant une nette baisse due au départ de scénaristes pour d’autres projets dont GLOW. Après une saison 6 en demie-teinte qui ne doit son salut qu’au final, la crainte d’une sortie par la petite porte était grande.

Orange was the New Black

Les saisons finales sont des exercices périlleux. On a récemment eu des exemples de spectateurs en colère car tout ne s’est pas passé comme ils l’avaient souhaité. Soit la série va dans le sens de certains soit le showrunner suit la ligne directrice qu’il s’est fixé quitte à chagriner une partie du public (on a tous en tête la stupide pétition lancée après la dernière saison de Game of Thrones). Dans le cas d’Orange is the New Black, la question était surtout de savoir si on allait revenir au niveau des débuts et l’équipe a semble-t-il pris conscience des enjeux. Fini donc la fausse légèreté de la saison 5 (totalement en décalage avec les événements), les références métas trop fréquentes et les intrigues tirées par les cheveux. On retrouve ici une certaine gravité, davantage de sobriété et le ton doux-amer des origines. Résultat, difficile de considérer cette conclusion autrement que comme une franche réussite.

Les personnages historiques se taillent à nouveau la part du lion. Cette fois, l’action n’est plus concentrée quasi-exclusivement entre les murs de Litchfield, puisqu’on s’intéresse aussi au quotidien du couple Caputo/Figueroa (cette dernière monte au rang des personnages récurrents et on la voit enfin sous un jour plus humain), ainsi qu’à la vie post-prison. Notamment en ce qui concerne Piper. Ceci permet de s’intéresser à d’autres thématiques comme la phase délicate de réhabilitation, entre petits boulots, précarité et contrôles judiciaires stricts. L’occasion aussi d’assister à un retour de ceux qu’on avait perdu de vue après la saison 2. Une belle manière de boucler la boucle.

Des personnages bien écrits, plus fouillés et servis par des acteurs qui ont de manière générale tous retrouvé une certaine qualité de jeu. Du duo Tyler Schilling/Laura Prepon à Danielle Brooks en passant par Adrienne C. Moore, tout le monde livre une prestation solide. Dascha Polanco, une des révélations d’Orange is the New Black, voit son personnage basculer du côté obscur. Ce qui lui offre de nouvelles palettes d’émotions à exploiter. Mais c’est Laura Gómez (qui incarne Blanca Flores) qui tire le plus son épingle du jeu et incarne des thématiques fortes.

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Cold as I.C.E.

Orange is the New Black est une série très engagée (et l’a toujours été) et ce n’est pas le fait de s’arrêter qui édulcore cet aspect. Au contraire, les créateurs semblent en profiter pour balancer encore plus de droites à l’Amérique actuelle et sans retenir leurs coups. En premier lieu, la politique à l’encontre des immigrés, incarnée par le sulfureux service des douanes I.C.E. (qui porte bien son acronyme tant les agents ont l’air froids comme de la glace). Cette agence s’est fait remarquer par le biais du traitement particulièrement inhumain infligé à l’égard de ceux qui ont tout sacrifié pour rejoindre l’Oncle Sam. Lorsque Blanca Flores est expédiée dans le centre de rétention I.C.E. de Litchfield, on fait la connaissance de détenues coupables d’immigration clandestine et victimes d’abus de pouvoir répétés, de négations de droits élémentaires, de nombreux obstacles dressés sur leur route, et d’une justice expéditive servant uniquement à des expulsions quasi-industrielles. La charge n’est peut-être pas très subtile mais elle a au moins le mérite d’être claire. Grâce à un montage des plus fins, on peut voir également le paradoxe de notre société occidentale qui va faire des dîners caritatifs entre personnes d’un milieu social très aisé pour lever des fonds pour des enfants victimes de la guerre et qui expédie manu militari des réfugiés dans leur pays d’origine sans se poser la question de leur sécurité. Un paradoxe que Vicky Nichols (Natasha Lyonne) résume avec une tirade que le locataire de la Maison-Blanche devrait apprécier.

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Féministe, Orange is the New Black fait également écho au mouvement #MeToo, et balance des piques au sujet du manque de place faite aux femmes à des postes importants, mais aussi de l’égalité salariale, ou encore de la discrimination positive.

Ce mordant retrouvé fait énormément de bien au moment où prend fin la première série carcérale à avoir à ce point mis en avant la vie de femmes détenues, loin de la représentation fantasmatique vue dans les films de genre, plus humaine et moins bourrine. Les adieux ne sont pas toujours des moments agréables, mais quand ils sont soignés, ça se passe mieux. Et c’est le cas ici.

En Bref…

L’ultime saison d’Orange is the New Black suscitait plus de craintes que d’espoirs. Pourtant, déjouant les pronostics, cette conclusion s’impose comme la meilleure saison depuis la 4ème. Écriture plus nuancée, personnages approfondis… Sans oublier un mordant retrouvé assorti à une nostalgie appréciable . Tous les ingrédients sont réunis pour qu’on quitte Litchfield, certes le cœur serré, mais avec une certaine gratitude pour le travail fourni.

@ Nicolas Cambon

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Crédits photos : Netflix
Par Nicolas Cambon le 2 août 2019

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