[Critique série] 24 HEURES CHRONO : LIVE ANOTHER DAY – Saison 9
Titre original : 24 : Live Another Day
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : Joel Surnow, Robert Cochran
Réalisateurs : Jon Cassar, Adam Kane, Omar Madha, Milan Cheylov
Distribution : Keifer Sutherland, Mary Lynn Rajskub, Yvonne Strahovski, Tate Donovan, William Devane, Gbenga Akinnagbe, Michael Wincott, Benjamin Bratt, Kim Raver, Ross McCall, Michelle Fairley, Stephen Fry, Tzi Ma, Branko Tomovic…
Genre : Action/Thriller
Diffusion en France : Canal Plus
Nombre d’épisodes : 12
Le Pitch :
Recherché depuis quatre ans, Jack Bauer refait surface à Londres pour empêcher un attentat visant le Président des États-Unis, en visite en Angleterre. Bauer qui cherche dans un premier temps à se rapprocher de Chloe O’Brian, l’ex-analyste et experte en informatique, retenue prisonnière dans la division londonienne de la Cellule Anti-terroriste américaine. Pourchassé par Kate Morgan, un agent particulièrement pugnace, Jack commence une nouvelle fois un contre la montre aux enjeux primordiaux…
La Critique :
Le fameux clic-clic de l’horloge numérique de couleur jaune qui caractérise en partie la série culte post-11 septembre, est synonyme de beaucoup de sensations que les fans de 24 croyaient avoir perdu à jamais, à l’issu d’une huitième saison tendue mais néanmoins frustrante, qui voyait Jack Bauer disparaître dans la nature après une ultime mission. On nous avait un temps promis un film. Finalement, la Fox préfère opter pour une nouvelle saison. Une saison de 12 épisodes et non de 24 comme jadis, histoire de mieux cadrer avec les formats séries les plus plus répandus aujourd’hui. Un changement qui ne signifie pas pour autant l’abandon du temps réel. Non, 24 : Live Another Day (un titre à la James Bond pour une saison qui se déroule à Londres) se déroule bien sur 24 heures. Une grosse ellipse vient simplement remettre les pendules à l’heure… La magie de la télévision.
Le fait que cette neuvième saison ne compte que 12 épisodes impacte directement le rythme de la série. Déjà frénétique, celui-ci monte dans les tours et ne laisse quoi qu’il en soit pas de place à l’ennui. Dès que l’action débute, alors que Jack Bauer sort de sa planque pour voler au secours du Président des États-Unis, les minutes sont comptées. Ici, pas de remplissage. Chaque épisode va droit au but et les petites longueurs qui pouvaient émailler les saisons les plus poussives de la série, de n’avoir plus lieu d’être.
À fond les ballons, Live Another Day choisit de ressembler à une sorte de best-of des éléments qui ont conféré à 24 son statut de série culte. Les répliques (« Damn it », « Drop the gun », « Copy that », etc…), la torture, les coups de sang de Jack et autres lieux communs créés par le show, sont tous de la partie et Jack apparaît plus que jamais comme un action man plus ou moins infaillible et insensible au poids des années, quand il s’agit de botter le cul aux méchants qui menacent le fragile équilibre de la paix. La saison 9 de 24 tend la croupe à ses détracteurs en soulignant des gimmicks maintes fois critiqués et détournés. Du coup, la série accepte plus que jamais son statut et son identité. De quoi faire jubiler les fans qui attendaient le retour de Bauer depuis 4 longues années. Le come-back ultime d’un action man qui a su, au fil des saisons, devenir l’égal de ses illustres homologues cinématographiques.
Parodiée, 24 a également vivement été montrée du doigt, pour ses fameuses scènes de tortures. Loin de plier l’échine devant les accusations, le show appuie à nouveau là où ça fait mal et exploite parfaitement le côté « rien à perdre » de Jack Bauer. Il frappe, il tire à l’arme lourde, pilote un hélico, slalome en voiture dans la circulation londonienne, et défenestre les bad guys avec une énergie du désespoir qui lui offre paradoxalement une tension dramatique bienvenue.
Car c’est dans ces actes sauvages et néanmoins calculés que Jack trouve son identité. Bauer est un tricard. Un martyr qui rend les coups. Une brute virtuose. Un personnage unique dans le paysage télévisuel. Une légende enfin de retour.
Jack is back, mais pas seulement. Pour ce nouvel acte, les producteurs ont aussi rameuté d’autres personnages emblématiques, à commencer par Chloe, la reine des hackeuses et fidèle alliée de Bauer, elle aussi recherchée pour ses actions condamnables. Transformée en une sorte de version 2.0 de la Lisbeth de Millenium, Chloé est au bout du rouleau, mais aide toujours son ami grâce à des compétences informatiques quasi-surnaturelles. Elle est les yeux de Jack, et du même coup, dans un certain sens, sa caution morale. Son seul soutien.
William Devane, alias le Président James Heller est aussi de retour, tout comme sa fille, Audrey, l’ex-de Bauer, incarnée par Kim Raver. Un personnage primordial qui renvoi aux heures les plus sombres de la série. De quoi finir en soi de compléter un tableau à la fois cohérent et jubilatoire pour les fans en manque, frustrés par le côté policé de la plupart des autres séries policières.
Des acteurs attachés au show, visiblement heureux de reprendre du service, pour une intrigue taillée pour ses personnages, et entièrement dédiée à ses fans les plus hardcore.
Keifer Sutherland, ce formidable acteur, monstre de charisme, fait ainsi plaisir à voir, lui qui trouva en 2001 le salut avec Jack Bauer, après une carrière au cinéma certes classe, mais néanmoins en dents de scie. L’acteur retrouve avec un naturel confondant des automatismes parfaits. Il court, hurle et se donne à fond, portant à bout de bras le concept. Ce qui n’empêche pas aux autres d’exister. Les anciens bien sûr, mais aussi les petits nouveaux, comme Michelle Fairley (Catelyn Stark dans Game of Thrones), Stephen Fry, Tate Donovan, et surtout Yvonne Strahovski, l’ex de Dexter Morgan ici bombardée side-kick du héros. Parfaite, physiquement crédible, dramatiquement intense, la jolie comédienne fait le job avec fougue d’un bout à l’autre de l’histoire sans défaillir. Idem pour Benjamin Bratt, alias le nouveau chef de la Cellule Anti-Terroriste.
Beaucoup critiquée pour sa propension à enfiler les clichés et à ne pas proposer grand chose de nouveau, 24 : Live Another Day reste une saison de haute volée. Il ne faut oublier, que les clichés en question, sont désormais propres à la série. Que ces mêmes clichés ont été depuis détournés et déguisés, notamment par Homeland qui, peu à peu, se tourne de plus en plus vers une action jusqu’au-boutiste proche de celle de 24. Mais la chose à ne surtout pas oublier est celle-ci : cette saison est pour les initiés. Bien sûr, tous les gros amateurs d’action y trouveront leur compte, mais ce sont les fans qui jubileront le plus. Pour les retours de personnages clés, pour les clins d’œil et pour tout simplement le plaisir évident inhérent aux retrouvailles.
Jack nous avait manqué. Et on le réalise d’autant plus après un tel déferlement d’action superbement borderline.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox