[Critique série] AMERICAN HORROR STORY – Saison 5 : Hotel

SÉRIES | 17 juillet 2016 | Aucun commentaire
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Titre original : American Horror Story : Hotel

Rating: ★★☆☆☆
Créateurs : Ryan Murphy, Brad Falchuk
Réalisateurs : Ryan Murphy, Bradley Buecker, Michael Goi, Loni Peristere, Michael Uppendahl.
Distribution : Kathy Bates, Denis O’Hare, Sarah Paulson, Evan Peters, Wes Bentley, Lady Gaga, Matt Bomer, Chloë Sevigny, Cheyenne Jackson, Angela Bassett, Mare Winningham, Finn Wittrock, Alexandra Daddario, Richard T. Jones, Lily Rabe, Naomi Campbell, Gabourey Sidibe, Helena Mattson, Kamilia Alnes, Anthony Ruivivar, John Carroll Lynch, Seth Gabel…
Genre : Fantastique/Horreur/Drame
Diffusion en France : Cine+ Frisson
Nombre d’épisodes : 12

Le Pitch :
Hôtel Cortez. Situé en plein cœur de Los Angeles, notre hôtel est un lieu de passage idéal pour ceux qui souhaitent découvrir les charmes d’Hollywood. Pour garantir votre quiétude, tout réseau sans fil est brouillé. La réception ouverte 24h/24 assure le service d’étage et veille à satisfaire vos besoins. Construit dans style art déco d’époque, l’hôtel Cortez a un passé atypique et vous propose une expérience unique. Attention toutefois à ne pas décéder à l’intérieur de l’établissement, vous risqueriez de trouver l’éternité un peu longue…

La Critique :
Je dois l’avouer, je n’étais pas du tout emballée à l’idée de regarder une série avec Lady Gaga, chanteuse qui a fait cauchemarder bien des militants de la cause animale avec sa veste en barbaque et plus douée pour faire le buzz avec ses tenues improbables que pour faire une musique originale sans pomper Madonna version eurodance. Pourtant (et je jure que je n’écris pas cela sous la menace d’une arme), elle est probablement le meilleur élément de cette nouvelle saison de l’anthologie d’horreur de Ryan Murphy & Brad Falchuk. Après une saison 4 d’une telle qualité (la meilleure saison tout simplement), les probabilités que la série fasse encore mieux étaient faibles.
Et pourtant, le cadre offrait la possibilité d’intenses frissons. Certes, les hôtels ne sont pas les lieux de films d’horreur les plus connus, mais ces lieux ont donné des films comme Psychose et surtout Shining (auquel certaines scènes dans les couloirs font des clins d’œil). L’histoire d’un hôtel hanté par d’horribles meurtres, tenu d’une main de fer par une comtesse éternellement jeune, avait de quoi donner quelque chose de potentiellement flippant. Mais si les ambitions sont là, la série part dans trop de directions différentes pour être réellement efficace. Et c’est là le grand défaut, en général, d’American Horror Story et finalement, la saison 1 avec sa maison hantée et la 4 et son cirque de monstres ne semblent être que des coups d’éclat. Pire, alors qu’on avait une ambiance bien travaillée et anxiogène (notamment dans l’asile de la saison 2), ici le « horror » de American Horror Story serait presque de trop. On a quelques morceaux de bravoure, quelques séquences un peu sanglantes ou légèrement malsaines, mais pas de quoi rassasier l’adepte de film de genre. La faute à une histoire plus vaguement mystérieuse que réellement flippante.

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La qualité esthétique sauve néanmoins les meubles Alors que la saison 3 donnait l’impression d’un clip des années 90 qui a mal vieilli, dans cette nouvelle mouture, les décors sont à tomber (notamment l’hôtel dont l’esthétique art deco et les détails travaillés donnent un super rendu) et la photographie est hyper léchée. Ce dernier aspect offre une bonne retranscription des multiples éléments auquel la série fait référence. On l’a vu dans les précédentes saisons, les créateurs aiment poser des clins d’œil çà et là. Mais là, ils se sont carrément lâchés. On a droit à des clins d’œil à l’âge d’or d’Hollywood, Dracula, Nosferatu, les films de la Blaxploitation, ou encore l’acteur Rudolph Valentino (et la légende de la Dame en Noir, une inconnue qui venait fleurir sa tombe). Le personnage de vampires snob de la Comtesse et ses prétendants font référence au film Les Prédateurs de Tony Scott (d’ailleurs, on peut voir certains costumes du film portés par Lady Gaga, et la musique 80’s accentue cette impression). Le serial killer qui tue selon les Dix Commandements fait référence à Seven, et un twist fait penser à Angel Heart. Le problème c’est que toutes ses références sont mélangées, sans liant, et qu’on a plus l’impression d’assister à une séance de plaisir solitaire qu’à quelque chose de réellement construit et inspiré. Même chose pour les références à l’histoire criminelle américaine qui sont un élément particulier de la série (les auteurs aiment tellement ces histoires de faits divers qu’un dérivé de American Horror Story a été créé : American Crime Story). Comme dans toutes les saisons (sauf la 4), on trouve un clin d’œil à des faits divers sordides ou à un serial killer, et là, on a l’hôtel et son créateur qui sont inspirés par le Docteur Henry Howard Holmes, une séquence qui évoque l’affaire Gordon Northcott – le meurtrier du poulailler de Wineville (vu dans L’Echange) – et on a pêle-mêle Richard Ramirez, Aileen Wuornoz, John Wayne Gacy, Jeffrey Dahmer et le tueur du Zodiac dans un épisode qui les réunit tous ensemble. De quoi bien plomber la série, car finalement, on a davantage l’impression d’assister au pire du film d’horreur des 80’s, plutôt qu’au meilleur, comme désiré. Si Wuornoz est convaincante, Richard Ramirez fait plus penser à Philippe Manœuvre qu’à un serial killer et le Zodiac a une tenue ridicule. On n’est là qu’au quatrième épisode et la série toute entière voit sa crédibilité exploser en plein vol. Pour enfoncer le clou, certains personnages sont tellement caricaturaux qu’ils en sont risibles, et le casting se retrouve à composer avec ça.
Cela dit, Denis O’Hare trouve son meilleur rôle depuis le début de la série en campant le travesti surnommé Liz Taylor. Kathy Bates joue sobre mais juste et les séquences où elle laisse parler son côté sombre prêtent à penser à Misery. Lady Gaga, qui n’a pas une grande expérience en tant qu’actrice, est bluffante (faut qu’elle arrête de chanter et se lance comme actrice, elle est d’avantage crédible). Finn Wittrock, excellent dans la saison 4, confirme ses bons débuts. Sarah Paulson et Evan Peters sont toujours aussi bons. Chloë Sevigny se débrouille avec ce qu’elle a. Lily Rabe, elle aussi habituée de la série, est caricaturale dans le jeu mais son relooking en Aileen Wuornos est convainquant, bien qu’un peu trop bref. Alexandra Daddario, enfin, confirme tout le bien qu’on pense d’elle. En revanche, Angela Bassett alterne le moyen et le mauvais, et Wes Bentley le bon et le pas terrible.

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La série se raccroche déjà à son passé en multipliant les passerelles (inutiles) avec les saisons 1 et 3. Effort inutile car si elle offre une certaine qualité esthétique, elle cumule les défauts. La comparaison avec la saison 3 est facile car elle a les mêmes scories. Certes la 5 est plus belle au niveau de la forme mais elle réussit à être plus mauvaise au niveau du fond. L’histoire est improbable, voire ridicule par moments, et part dans trop de directions différentes. Les références sont par moments très bonnes mais on tourne carrément à l’overdose. Pire que tout, c’est moins flippant que Derrick. On pourrait dire que c’est une saison à oublier, mais c’est tellement récurrent que les créateurs font n’importe quoi, comme si les brainstormings étaient faits sous LSD, qu’on en vient à se demander si la qualité de certaines saisons ne serait pas dû à un heureux hasard. À l’heure d’Ash Vs Evil Dead et de séries comme Outcast, Stranger Things et Dead of Summer, American Horror Story trahit clairement ses limites, et malgré son succès populaire, risque fort de se faire distancer par ses concurrentes voire de passer aux oubliettes. Alors que le show risque de connaître ses dernières saisons, la cinquième ne serait-elle pas celle de trop ?

@ Nicolas Cambon

American-horror-story-hotel  Crédits photos : FX

Par Nicolas Cambon le 17 juillet 2016

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