[Critique série] BETTER CALL SAUL – Saison 4
Titre original : Better Call Saul
Rating:
Origine : États-Unis
Créateurs : Vince Gilligan, Peter Gould
Réalisateurs : Bob Odenkirk, Rhea Seehorn, Jonathan Banks, Giancarlo Esposito, Patrick Fabian, Michael Mando, Michael McKean, Mark Margolis, Kerry Condon, Lavell Crawford, Tony Dalton…
Genre : Drame/Thriller/Comédie/Spin-Off
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
Chuck, le frère de Jimmy, est mort. Alors que la thèse du suicide est évoquée, Jimmy lui, montre un certain détachement. À un an de l’audition qui lui permettra peut-être de récupérer sa licence d’avocat, il se concentre sur sa recherche d’emploi. Kim de son côté, éprouve de plus en plus de mal à travailler pour Mesa Verde et commence à jouer les avocates commises d’office au tribunal d’Albuquerque. Mike pour sa part continue de travailler pour Gus Fring alors que le cartel doit faire face à l’attaque qui a terrassé Hector Salamanca…
La Critique de la saison 4 de Better Call Saul :
Au début, on a eu un peu chaud. Car à la fin de la saison 3, la nouvelle d’une saison 4 se fit attendre un peu trop longtemps. Mais heureusement, AMC décida de permettre à Vince Gilligan et Peter Gould de continuer à raconter l’histoire de Jimmy McGill, futur Saul Goodman, de Mike, Kim et tous les autres personnages de cet incroyable spin-off de Breaking Bad. Spin-off qui a par ailleurs réussi à au moins égaler Breaking Bad, sinon à faire preuve d’encore plus de bravoure dans son refus du sensationnalisme au profit de quelque chose de finalement plus impressionnant. Alors oui, heureusement, la saison 4 est là et manifestement, nous aurons aussi droit à une saison 5, voire à une saison 6. Ce qui devrait permettre aux deux showrunners de venir raccrocher les wagons avec l’intrigue de Breaking Bad. On le sent d’ailleurs de plus en plus. Jimmy McGill, l’ex-arnaqueur devenu avocat, galérien plein de ressources, est en passe de définitivement sombrer du côté obscur du barreau pour devenir Saul Goodman… Le plus beau finalement, est que le personnage, si il est le pivot du show, est loin d’être le seul protagoniste principal….
Il était une fois à Albuquerque
Quand d’autres séries tentent par tous les moyens de brosser un maximum de spectateurs dans le sens du poil, au point parfois de renier leurs bonnes résolutions initiales, Better Call Saul continue de creuser dans la même direction sans se soucier des remarques émanant de ceux qui préféreront toujours Breaking Bad. En même temps très cohérente dans l’univers créé par Gilligan et Gould auparavant, alors que Walter White et Jesse Pinkman racontaient leur propre histoire, Better Call Saul évolue malgré tout à son propre rythme. La saison 4 vient encore en apporter la preuve en misant plus que jamais sur les dialogues et non sur le genre de flamboyances graphiques et souvent violentes qui caractérisaient la progression de Breaking Bad. Peut-être plus adulte et plus subtile, Better Call Saul ne ressemble qu’à elle-même et c’est peut-être encore plus flagrant maintenant que les personnages et les intrigues qui leur sont inhérentes sont bien installés. Et le fait que la jonction entre les deux séries se rapproche ne change pas grand chose au final. Better Call Saul parvient à rester fidèle à ses promesses initiales et offre un spectacle d’une précision inouïe, que ce soit dans l’écriture ou la mise en scène, qui s’avère aussi jubilatoire et passionnant que possible.
Saul vs. Jimmy
La saison 4 de Better Call Saul marque la véritable entrée en jeu de Saul Goodman, l’alter ego roublard de Jimmy McGill. Chuck n’étant plus là pour pointer du doigt et condamner violemment les actes le mode opératoire de Jimmy, celui-ci se laisse aller et se découvre une étonnante et effrayante propension à ignorer la morale. La mort de Chuck étant semble-t-il le dernier déclencheur d’une transformation qui occupe presque toute la place dans l’arc narratif de Jimmy dans ce nouvel acte. Mais comme dit plus haut, Better Call Saul, c’est aussi Kim Wexler, l’autre avocate de l’histoire, elle aussi partagée par son désir de se bâtir une belle et grande carrière et son amour pour Jimmy et son envie parfois difficile de se laisser aller elle aussi à des actes plus ou moins discutables. Et si Bob Odenkirk arrive à toujours plus nous impressionner grâce à un jeu d’une justesse absolue, Rhea Seehorn, l’interprète de Kim, n’en finit plus de s’imposer comme la vraie révélation de la série. Mike de son côté, continue sa route et lui aussi impressionne. Campé par ce monstre de charisme qu’est Jonathan Banks, Mike, sans tirer la couverture à lui, continue de s’imposer comme l’autre grand personnage de Better Call Saul. Son histoire étant celle qui pour le moment, fait vraiment le lien avec Breaking Bad, puisque c’est au sein de cette dernière qu’évoluent Gus Fring et Hector Salamanca.
Deux intrigues parallèles dans lesquelles s’entrecroisent d’autres récits secondaires qui viennent au final nourrir une mécanique si bien huilée qu’elle en dévient spectaculaire par la seule force de sa capacité à mixer une somme folle d’émotions et de genres sans se départir d’une cohérence absolue.
L’étau se resserre
Toujours mise en scène avec cette acuité si remarquable, drôle et triste à la fois, Better Call Saul confirme ici qu’elle tient plus que jamais de la tragédie grecque. Tous les éléments sont là, avec également cette touche de second degré si savamment distillée. Actuellement, à la télévision américaine, dans le genre, il n’y a pas mieux et il n’est pas déraisonnable de penser que Better Call Saul a encore en poche suffisamment de cartouches pour nous asséner quelques spectaculaires uppercuts avant sa conclusion.
En Bref…
Admirable, complexe et limpide à la fois, profonde et évoluant sur plusieurs niveaux, visuellement aboutie, rythmée et magnifiquement interprétée, la saison 4 de Better Call Saul tient du chef-d’œuvre. Ni plus ni moins.
@ Gilles Rolland