[Critique série] BETTER CALL SAUL – Saison 5

SÉRIES | 28 avril 2020 | Aucun commentaire
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Titre original : Better Call Saul

Rating: ★★★★★
Origine : États-Unis
Créateurs : Vince Gilligan, Peter Gould

Réalisateurs : Bronwen Hughes, Noberto Barba, Michael Morris, Gordon Smith, Jim McKay, Melissa Bernstein, Vince Gilligan, Thomas Schnauz, Peter Gould.
Distribution : Bob Odenkirk, Rhea Seehorn, Jonathan Banks, Giancarlo Esposito, Patrick Fabian, Michael Mando, Dean Norris, Mark Margolis, Kerry Condon, Lavell Crawford, Tony Dalton…
Genre : Drame/Thriller/Comédie/Spin-Off
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 10

Le Pitch :

Ayant décidé de changer de nom afin de donner une nouvelle impulsion à sa carrière, Jimmy McGill se fait désormais appeler Saul Goodman. L’occasion pour lui de multiplier les combines, malgré les réticences de Kim qui de son côté, se sent de plus en plus à l’étroit dans le cabinet d’avocats dans lequel elle travaille. Davantage sollicité par Gus Fring, Mike se compromet toujours plus et participe, à l’instar de Nacho, aux débuts de la guerre entre Fring et les Salamanca. Ces derniers qui comptent sur le redoutable Lalo pour veiller sur leurs intérêts à Albuquerque….

La Critique de la saison 5 de Better Call Saul :

Plus Better Call Saul progresse et plus s’approche le moment de la jonction avec Breaking Bad. La fin du précédent acte ayant été marquée par la « naissance » de Saul Goodman, le double encore plus roublard de Jimmy McGill. Et c’est donc ce dernier, enfin dans la possibilité d’exercer à nouveau son métier d’avocat, qui ouvre le bal de la saison 5 . L’occasion pour lui de se rapprocher encore un peu plus du Saul Goodman qui un jour, va se charger de la gestion « légale » des affaires de Walter « Heisenberg » White. Un personnage plus que jamais au centre d’une série dont la force réside en réalité à accorder presque autant d’importance à d’autres arcs narratifs. Des histoires bien entendu reliées à la principale, celles de Saul Goodman, mais aussi suffisamment indépendantes pour offrir un show d’une épaisseur et d’une complexité sans cesse renouvelées. Better Call Saul semblant sans cesse traduire la volonté des showrunners Vince Gilligan et Peter Gould, de ne pas reproduire exactement le schéma de Breaking bad pour au final imposer leur série comme une entité indépendante. Et ce malgré l’apparition ici d’Hank Schrader, l’agent de la DEA campé avec toujours autant de délectation par Dean Norris. Cette saison 5 mettant toujours en avant l’extraordinaire capacité du show à repousser les limites établies par son aînée. Car sur bien des aspects, Better Call Saul, tout en étant moins évidente et peut-être de prime abord moins accessible que Breaking Bad, se montre aussi plus diversifiée et plus dense.

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Saul et cie

On ne louera jamais assez l’excellence de l’écriture de cette série. Que ce soit concernant les personnages, avec ici au moins 5 protagonistes de premier plan, magnifiquement croqués et interprétés, ou le déroulement de l’intrigue. Sans oublier le cahier des charges de la mise en scène, respecté par tous les réalisateurs se succédant derrière la caméra. Comme Breaking Bad avant elle, Better Call Saul ne néglige jamais la forme au profit du fond. Ici, le récit nourrit l’identité visuelle de la série et vice versa. Les gimmicks créés par Vince Gilligan et Peter Gould (les plans parfois génialement improbables) n’étant que la face visible de l’iceberg. Les subtilités formelles étant légion dans ce show en perpétuel mouvement, plus que jamais rythmé à la perfection et profondément respectueux de ses personnages, des thématiques qu’il aborde et donc, in fine, de son public. Désormais en phase finale de sa transformation, Jimmy McGill n’en finit plus de se dévoiler tel un expert du baratinage. Un génie capable du pire, aux motivations ici encore floues mais néanmoins de plus en plus assumées. Et c’est loin d’être le seul à capter la lumière et l’attention. Car si McGill reste l’un des anti-héros les plus attachants, les plus complexes et donc les plus intéressants de la télévision américaine, Kim Wexler, l’avocate campée par la superbe Rhea Seehorn (l’une des plus grandes révélations de ces dernières années), Mike, l’homme de main joué par le génial Jonathan Banks ou encore Nacho, le dealer apparaissant à l’écran sous les traits de l’intense Michael Mando, parviennent également à s’imposer, tout naturellement, portés par la prose inspirée de Gilligan et Gould. On aurait pu craindre que l’absence de Michael McKean, qui jouait Chuck, le frère de Jimmy, marque une baisse de régime mais pas du tout. Parce que les showrunners avaient tout prévu et parce qu’ils savent en permanence introduire de nouveaux enjeux via de nouveaux personnages ou en organisant la montée en puissance de ceux jusqu’alors moins exploités. C’est ici le cas de Lalo Salamanca, qui est un peu l’homme à abattre de ce cinquième chapitre. Un antagoniste jubilatoire mais aussi glaçant, campé avec délectation par Tony Dalton, un autre comédien parfaitement exploité, qui livre son meilleur.

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Somptueuse et inexorable montée en puissance

Baignant toujours dans la moiteur de la ville d’Albuquerque, avec ce désert environnant propice aux tragédies impitoyables irradiées de lumière, la saison 5 de Better Call Saul est un sans faute intégral. Chaque épisode traduisant une urgence des plus prégnantes. Une saison particulièrement riche en morceaux d’anthologie, à l’image de cet échange incroyablement tendu, lors de l’épisode 9, au sujet duquel nous ne dévoilerons bien sûr rien. L’introduction de la saison donnant d’ailleurs le ton de ce qui va suivre. Chaque intro de saison étant pour la série l’occasion de nous relater, dans un élégant noir et blanc, le présent de Saul Goodman, après les événements survenus dans Breaking Bad. Le tout avant de remonter le temps pour nous raconter comment ce garçon attachant s’est imposé comme un redoutable arnaqueur, capable, par la seule force de son intelligence, de s’imposer face aux pires figures du crime, sans perdre de sa gouaille ni cette précieuse mais dangereuse capacité à sans cesse renouveler d’astuce pour s’adapter et s’imposer. Un personnage en or, dont la dynamique se nourrit de celles des autres protagonistes et inversement. Plus qu’une saison et ce sera la fin. On le sait déjà depuis longtemps, mais il est toujours bon de l’affirmer, quitte à se mettre à dos celles et ceux qui ne sont pas d’accord : avec cette saison 5, Better Call Saul surpasse définitivement Breaking Bad.

En Bref…

Chef-d’oeuvre total, la saison 5 est un modèle d’écriture, de mise en scène et d’interprétation. Une enfilade de 10 épisodes passionnants et impitoyables, à la pertinence et à l’intelligence sans cesse renouvelées.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Netflix/AMC
Par Gilles Rolland le 28 avril 2020

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