[Critique série] HOUSE OF THE DRAGON – Saison 1
Titre original : House of the Dragon
Rating: 
Origine : États-Unis
Créateurs : George R.R. Martin, Ryan Condal
Réalisateurs : Miguel Sapochnik, Greg Yaitanes, Clare Kilner, Geeta Vasant Patel.
Distribution : Paddy Considine, Matt Smith, Milly Alcock, Emma D’Arcy, Emily Carey, Olivia Cooke, Rhys Ifans, Steve Toussaint, Eve Best, Fabien Frankel, Graham McTavish…
Genre : Heroic-Fantasy/Fantastique/Aventure/Adaptation/Saga
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 10
Le Pitch :
172 ans avant la naissance de Daenerys Targaryen, la maison du Dragon règne sur les Sept Couronnes. Fraîchement couronné, Viserys Targaryen gouverne avec sagesse et mesure. Un homme raisonnable néanmoins souvent opposé à Daemon, son frère, qui s’avère plus impétueux et prompt à des accès de violence. Rhaenyra, la princesse, unique enfant de Viserys, peine quant à elle à trouver sa place. Un événement inattendu va bientôt changer la donne et produire une étincelle amenée à donner naissance à un feu dévastateur…
La Critique de la saison 1 de House of the Dragon :
Le succès écrasant de Game of Thrones a bien sûr justifié la mise en route d’une série dérivée. Et c’est après le faux départ d’un premier show, finalement annulé, que HBO a tout misé sur le roman en deux tomes Feu et Sang, dans lequel se dévoile toute l’histoire de la dynastie Targaryen, soit la famille de Daenerys, l’une des héroïnes principales de Game of Thrones. House of the Dragon qui est également directement chapeautée par l’auteur George R. R. Martin…
Il était une fois les dragons
L’annonce de la mise en chantier de House of the Dragon a encouragé d’énormes attentes. Directement opposée à la série Les Anneaux de pouvoir, l’autre blockbuster de cette rentrée, disponible sur Prime Video, la production HBO a pourtant réussi, très rapidement, et en faisant montre d’une fluidité impressionnante, à imposer sa supériorité. Le tout en s’appuyant bien sûr sur le socle Game of Thrones mais parvenant aussi très vite à tracer sa propre route, dans une ambiance toujours très immersive.
C’est d’ailleurs l’un des gros points forts du show. Dès le générique, qui s’inscrit dans la mouvance de celui de Game of Thrones, et qui utilise d’ailleurs la même musique, impossible de ne pas se sentir dans le bain. Les décors sont aussi, pour certains, reconnaissables. Même si entre temps, y compris en ce qui concerne la salle du trône, les équipes ont délaissé les studios en Irlande du Nord pour rallier ceux de Leavesden près de Londres. Quoi qu’il en soit, tout est fait et bien fait pour que les fans se sentent chez eux. Pourtant, plus on avance, et plus on s’aperçoit, quelque peu rassurés, que la série ne va pas simplement exploiter Game of Thrones mais compte aussi imposer sa voie.
Des blonds et des dragons
Ce spin-off sait aussi avancer prudemment, en ramassant l’intrigue autour d’un nombre limité de personnages. Certaines maisons aux noms évocateurs (Stark, Baratheon et compagnie) sont à peine évoquées, d’autres tiennent un rôle plus important mais finalement, tout tourne autour des Targaryen. Mine de rien, cela permet à la série de tout de suite encourager l’immersion, de faciliter la compréhension et donc de laisser à l’intrigue toute l’amplitude nécessaire pour se développer.
Bien sûr, les dragons tiennent une place prépondérante mais là encore, les showrunners évitent la surenchère. Et tant pis pour celles et ceux qui s’en sont plaint. Car les dragons, comme les autres protagonistes, se dévoilent petit à petit, au fil d’épisodes sans cesse plus palpitants. House of the Dragon faisant partie de ces œuvres ô combien ambitieuses, qui ne pressent pas les choses tout en proposant à chaque épisode des séquences fortes, qui évitent le sur-place et maintiennent l’intérêt du spectateur à un niveau très élevé.
Politique et gerbes de feu
Il faut aussi saluer l’un des aspects les plus réussis du scénario, à savoir les ellipses, qui sont donc magnifiquement gérées. Au milieu de la saison, l’intrigue fait un saut de 10 ans. Certains acteurs changent de visage et pourtant, tout reste fluide. Les choix sont justifiés et force est de reconnaître le gros travail d’adaptation par rapport au texte plutôt touffu de George R.R. Martin, même si ainsi, certains détails ont aussi été déplacés, tandis que le récit prenait des directions parfois inédites par rapport aux livres. Mais c’est aussi ce qui fait d’une adaptation une bonne adaptation : respecter le matériau de base tout en faisant preuve d’audace.
Les acteurs jouent également beaucoup dans la réussite de l’ensemble. Sans singer qui que ce soit dans Game of Thrones, même si on peut deviner des similitudes concernant certains personnages, tous parviennent à créer un ensemble enthousiasmant. Dans le rôle de Viserys, Paddy Considine, solide acteur britannique souvent abonné aux comédies, explose littéralement. Parfait de bout en bout, il offre à cette saison quelques-uns de ses meilleures passages.
Bien sûr, Matt Smith, dont le personnage évolue de façon inattendue, est admirable lui aussi, envers et contre une partition pourtant complexe. Milly Alcock, puis Emma D’Arcy donnent vie de façon conjointe à la fascinante Rhaenyra, qui non, n’est pas la copie conforme de Daenerys mais bel et bien l’une des protagonistes les plus intéressantes et complexe de la série. Il en va de même d’Emily Carrey et Olivia Cooke et il serait bien sûr totalement injuste de ne pas mentionner le génial Rhys Ifans, ici totalement à contre-emploi dans les frusques d’un manipulateur qui nous gratifie lui aussi de scènes très intenses.
On pourra juste regretter qu’un acteur aussi charismatique que Graham McTavish n’ait finalement droit qu’à une scène vraiment marquante mais la série devrait lui réserver une place de choix dans les saisons à venir.
Montée en puissance
Calée sur une rythmique redoutable, traversée de plages de dialogues parfaitement écrites et de scènes où les hommes et les dragons s’illustrent dans le feu et le sang, guidés par des ambitions parfois démesurées ou un instinct difficile à dompter, cette première saison de House of the Dragon a donc rempli toutes ses promesses et s’est même payé le luxe de surprendre. Y compris sur un plan purement visuel bien sûr, avec des dragons sans cesse plus impressionnants, de superbes décors et ce soucis du détail apporté aux costumes et aux armes qui mine de rien, fait la différence avec pas mal de shows du même genre. Forcement, l’attente va être longue jusqu’à la saison 2.
En Bref…
Cette première saison étonne par sa parfaite maîtrise. Maîtrise des enjeux, maîtrise des ellipses, maîtrise visuelle. Un tour de force porté par un formidable casting et de spectaculaires dragons, qui raconte une histoire d’ores et déjà passionnante. On s’incline.
@ Gilles Rolland
